Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié ne sont plus en odeur de sainteté ces dernières années. Alors qu’une seconde rencontre était annoncée entre eux après celle de novembre 2020 au Golf Hôtel, les deux leaders politiques ne sont visiblement pas pressés de se voir à nouveau.
Politique ivoirienne : Le « Je t’aime, moi non plus » de Ouattara et Bédié
Alliés politiques au sein de la coalition politique du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié sont désormais de farouches adversaires politiques.
Mais comment est-on arrivé là, alors que le président du Rassemblement des républicains (RDR) d’alors et son homologue du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) s’étaient alliés pour faire tomber Laurent Gbagbo, le président ivoirien sortant?
Le Sphinx de Daoukro avait en effet soutenu l’élection (2010) et la réélection (2015) d’ADO pour ses deux premiers mandats. En retour, le leader du parti septuagénaire attendait un retour d’ascenseur en faveur d’un militant actif de son parti.
Mais cette alternance entre alliés n’a pu s’opérer, d’autant plus que le chef de l’État indiquait que tout le monde pouvait être candidat lors des primaires, et seulement, c’était le meilleur qui allait être retenu.
Sonna ainsi le divorce entre les deux hommes. Et depuis, le Président Bédié est devenu le chef de file d’une opposition radicale contre le pouvoir du Président Ouattara.
Aussi, lors de l’élection présidentielle d’octobre 2020, Henri Konan Bédié et ses compagnons de l’opposition avaient-ils lancé, contre le 3e mandat de Ouattara, un mot d’ordre de désobéissance civile et de boycott actif qui s’est soldé par près d’une centaine de morts, dont un décapité, de nombreux blessés et d’importants dégâts matériels.
Les préalables qui empêchent la prochaine rencontre Bédié – Ouattara
Les présidents Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié s’étaient alors rencontrés au Golf Hôtel, le 11 novembre 2020, en vue de briser le « mur de glace » afin de travailler à la décrispation de la situation sociopolitique.
Mais cette rencontre du Golf n’était que le premier round d’un dialogue ouvert entre pouvoir et opposition. La seconde rencontre entre les deux dirigeants politiques tarde cependant à se tenir, d’autant plus que chaque camp pose quelques préalables.
« J’ai donc suspendu ce dialogue, jusqu’à ce que nos frères soient libérés. J’ai suspendu également ce dialogue jusqu’à ce que ceux qui ont été forcés de fuir à l’étranger opèrent un retour sécurisé chez nous. Ce sont là des préalables non négociables », avait lancé le Président du PDCI-RDA.
Sidi Touré Tiémoko, porte-parole du gouvernement, avait alors répliqué : « Je pense que très vite, la raison va prédominer relativement aux différents préalables parce qu’en réalité, en matière de paix et de sécurité des Ivoiriens, aucune condition ne devrait être posée. »
Puis, ajoute le ministre de la Communication et des Médias : « La main du président de la République reste tendue parce que c’est un engagement fort qu’il a pris après son élection. Et il a toujours été constant dans sa démarche. Et je peux vous assurer que les deux personnalités (Ouattara et Bédié) se parlent en permanence… Ils iront à l’essentiel dans les jours qui viennent ».
Bédié – Ouattara: Après la rencontre du Golf, la 2nde rencontre pas à l’ordre du jour
À en croire Jeune Afrique, dans sa parution en ligne de mardi, Alassan Ouattara et Henri Konan Bédié s’évitent. Aussi, précise le confrère, la seconde rencontre qui aurait dû se tenir fin janvier bute à nouveau sur l’intransigeance de chaque partie.
« Les émissaires des deux hommes ont beau continuer d’oeuvrer en faveur d’une décrispation de leurs relations, il subsiste toujours des divergences entre eux, révèle le Magazine panafricain.
Bédié continue de réclamer le retour en Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo et la libération des détenus politiques, dont Narcisse N’Dri, son directeur de cabinet. Mais Ouattara lui rétorque qu’il n’interférera pas dans les affaires judiciaires.
En dépit de cette incompréhension mutuelle, les deux parties ont décidé de s’affronter aux élections législatives du 6 mars prochain.
Les Ivoiriens espèrent toutefois que ces divergences entre le Chef de l’État et le chef de file de l’opposition n’entrainent pas à nouveau la Côte d’Ivoire dans un nouveau cycle de violences.