« Pour moi, la politique est un jeu », a déclaré Charles Blé Goudé lors d’une audience devant la Chambre préliminaire I de la Cour pénale internationale (CPI), où il était accusé de crimes contre l’humanité. Et pour l’illustrer, le président du COJEP a publié sur sa page Facebook, une photo dans laquelle il était balle au pied. Le ministre Kobenan Kouassi Adjoumani n’a pas manqué de faire un commentaire qui a suscité de multiples réactions des internautes.
Charles Blé Goudé s’offre un passement de jambe avec Adjoumani
De nombreuses rumeurs courent à Abidjan à propos des négociations souterraines que Charles Blé Goudé aurait engagées avec les autorités ivoiriennes en vue de rentrer en Côte d’Ivoire. Le Président du Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (COJEP) a toutefois tenu à faire une mise au point à propos de ces supposées tractations.
« Il me revient de façon récurrente que des rencontres avec des personnalités au pouvoir et des leaders politiques se tiendraient en mon nom avec une délégation conduite par mon directeur de cabinet que j’aurais envoyée en mission en Côte d’Ivoire », a déclaré l’ancien leader des jeunes.
Puis, il ajoute : « J’ai mis en place un groupe de contact aux fins de faciliter mon retour en Côte d’Ivoire. Dr. Patrice Saraka, Secrétaire général du COJEP, a été désigné par mes soins en qualité de coordonnateur des actions et autres démarches au sein dudit groupe. Depuis sa mise en place, ce comité est à pied d’œuvre, il travaille dans la discrétion et avec efficacité. Il me rend régulièrement compte de l’avancée de ses initiatives qui restent strictement centrées sur les objectifs et la feuille de route à lui confiés, tout en tenant compte de l’évolution de la situation sociopolitique… Toutes autres démarches solitaires en dehors de ce cadre, ne me concernent pas, et n’engagent que leurs auteurs. »
Après avoir tiré les choses au clair, le jeune leader ivoirien n’a pas manqué de se féliciter de ce tact politique qui a permis de mettre les pendules à l’heure à son sujet. Aussi, sur sa page Facebook, Gbapê, comme l’appellent ses intimes, a-t-il publié une photo de lui, en maillot et balle au pied, avec comme message d’appui : « Ôôôh, trop dangereux balle au pied. Ou bien ? On est prêt opi (et puis) on est là. »
Mais contre toute attente, une réplique s’est fait entendre dans les centaines de commentaires publiées à la suite de ce message. Il s’agit de cette de celui de Tonton Adjou Djou, qui est vraisemblablement le nom de profil de Kobenan Kouassi Adjoumani, ministre de l’Agriculture et du Développement rural, par ailleurs porte-parole du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) du Président ivoirien, le chef d’Etat Alassane Ouattara. « Et moi trop dangereux dans poto », a-t-il réagi, avec une photo de lui en maillot de gardien de but devant des poteaux. La réplique du ministre Adjoumani a également engendré des centaines des réactions.
À noter que sous ce message du filleul de l’ancien chef d’Etat Laurent Gbagbo, de nombreux internautes ont réagi en postant les photos en maillot de Soro Guillaume, ancien Président de l’Assemblée nationale et Président de Générations et peuples solidaires (GPS), Hamed Bakayoko, Premier ministre, chef du Gouvernement, ministre de la Défense, ainsi que bien d’autres acteurs politiques ivoiriens vêtus de maillots, sans oublier celle de l’ancien international ivoirien, ex-capitaine des Éléphants, Didier Drogba.
Une publication qui dénote que la politique est effectivement un jeu. Et les Ivoiriens aspirent à ce que ce jeu soit véritablement empreint de fair-play pour éviter que la Côte d’Ivoire retombe dans les violences sociopolitiques du passé.
L’ex-Président Gbagbo Laurent, fondateur du Front populaire ivoirien (FPI), et son ancien ministre de la Jeunesse, Charles Blé Goudé, tête forte de la Galaxie patriotique, après leur acquittement de crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis pendant la crise postélectorale, à La Haye, aspirent rentrer en Côte d’Ivoire en vue de prendre une part active à la réconciliation nationale, bien que leur procès soit toujours pendant devant la Chambre d’appel de la CPI à la suite de lappel interjeté par la Procureure Fatou Bensouda. Le verdict de ce procès en appel de l’affaire Gbagbo et Blé Goudé est toujours attendu depuis leur acquittement, le 15 janvier 2019, et leur mise en liberté sous condition, deux semaines plus tard.
Ces deux acteurs politiques ivoiriens sont tout de même sous le coup d’une condamnation à 20 ans d’emprisonnement prononcée par le tribunal d’Abidjan. Justice ivoirienne qualifiée de justice des vainqueurs par une certaine opinion. Le camp Gbagbo et le camp Ouattara continuent d’être divisés sur le retour de ces deux compatriotes. Même si le peuple ivoirien aspire à ce que la classe politique ivoirienne travaille à faire table rase du passé pour aller à une vraie réconciliartion et éviter une autre crise ivoirienne et permettre à la Côte d’Ivoire de renouer avec une paix durable.