La ville de Kidal au Mali a accueilli jeudi, la première réunion du Comité de suivi de l’accord d’Alger depuis 2015, à l’invitation du chef de file de la médiation, l’algérien Sabri Boukadou. Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, y a participé, par visioconférence.
Kidal accueille la première réunion du Comité de suivi de l’ accord d’Alger
Le CSA, le Comité de suivi de l’ accord d’Alger s’est réuni à Kidal jeudi 11 février 2021, une première depuis 2015. La dernière tentative de tenir un CSA dans cette ville remonte à septembre 2019 et s’était soldée par un échec.
Cette réunion de haut niveau, organisée à l’invitation du ministre des Affaires étrangères algérien et chef de file de la médiation, Sabri Boukadoum, a permis des échanges constructifs sur la base de la nouvelle feuille de route, adoptée par les Parties à l’accord en décembre 2020. Le ministre a salué le fait que, pour la première fois depuis la signature de l’accord d’Alger en 2015, le comité ait pu se réunir à Kidal, au nord du Mali, rapporte le ministère français des Affaires étrangères.
“Le ministre a souligné également l’attachement de la France et des partenaires internationaux du Mali à la mise en œuvre de l’accord de paix d’Alger, condition indispensable d’une sortie de crise au Mali et au Sahel. Plus de cinq ans après la signature de l’accord, il a insisté sur les résultats attendus par les partenaires internationaux et, surtout, par les populations, en termes de sécurité, de déploiement des services publics et de développement. Cette réunion est l’illustration du sursaut diplomatique, politique et de développement que le Ministre a appelé de ses vœux dans la perspective du prochain sommet de N’Djamena, lors de son intervention au Sénat le 9 février”, précise la diplomatie française.
Accord d’Alger – Nouveau processus de DDR au Mali
Pour sa part, le ministre malien de la Réconciliation a indiqué que le fait que cette première réunion se tienne à Kidal, est un signe d’espoir. Aussi, selon le colonel major Ismaël Wagué, les autorités de la transition s’engageraient à mettre en application l’accord de paix d’Alger.
Dans la foulée, il a annoncé un nouveau processus de DDR – désarmement, démobilisation, réinsertion. Un processus qui sera suivi par l’intégration de plusieurs centaines d’ex-combattants rebelles.
S’il se réjouit de la tenue de cette première réunion symbolique, Ahmedou Ould Abdallah, ancien ministre mauritanien des Affaires étrangères, recommande un changement d’approche dans le processus de mise en œuvre de cet accord, six ans après sa signature.
Même son de cloche pour Nicolas Normand, ancien ambassadeur de France au Mali, qui estime que la situation est d’autant plus problématique que l’ accord d’Alger ne traite pas, pour l’avenir, les causes véritables de la rébellion du nord.
A l’origine de la révolte de 2012, il y avait l’opposition entre des Touareg nobles Ifoghas et les Touareg tributaires, les Imghads. C’est pourquoi l’ accord d’Alger doit être revisité, affirme Aly Tounkara, directeur du Centre des études sécuritaires et stratégiques au Sahel.
Pour Fahad Ag Almahmoud, ce CSA s’inscrit dans la perspective du sommet du G5 Sahel à Ndjamena, la semaine prochaine. « Bamako veut seulement faire croire à la communauté internationale que la paix progresse au Mali », confié à la presse étrangère, le président de la Plateforme, peu avant la rencontre.