L’Algérie a dissous son parlement pour convoquer des élections anticipées, a annoncé, jeudi, le président Abdelmadjid Tebboune, dans un discours à la Nation sur fond d’apaisement.
Le président Abdelmadjid Tebboune annonce un nouveau gouvernement
Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a, par ailleurs, décrété une grâce pour plusieurs dizaines de détenus du Hirak, dans un geste d’apaisement à l’adresse de ce mouvement de contestation populaire.
La grâce présidentielle accordée à une cinquantaine de militants du Hirak concerne notamment une trentaine de personnes condamnées en début de semaine à des peines allant jusqu’à 2 ans de prison ferme. Le président algérien ne cite pas de noms, mais il promet qu’« entre 55 et 60 personnes rejoindront leurs familles à partir de demain ». Cette mesure survient à quelques jours du second anniversaire de la naissance du Hirak.
Il a annoncé également un remaniement ministériel dans les prochaines 48 heures lors d’une allocution télévisée. « J’ai décidé de dissoudre l’assemblée et d’appeler à de nouvelles élections afin de construire de nouvelles institutions », a-t-il déclaré sans toutefois donner de date pour la tenue des élections.
Les membres de la chambre basse du Parlement, avaient été élus en 2017, lorsque les alliés d’Abdelaziz Bouteflika, prédécesseur de Abdelmadjid Tebboune, bénéficiaient de la majorité. Dès le lendemain de son retour d’Allemagne, après une longue hospitalisation, le président algérien a entamé une série de consultations avec les partis.
Après une opération au pied consécutive à sa contamination au Covid-19, il avait débarqué à l’aéroport militaire de Boufarik, à l’ouest d’Alger où il a été reçu par le chef de l’état-major Saïd Chengriha et le Premier ministre Abdelalziz Djerad.
Le président algérien a rencontré notamment les présidents du mouvement islamiste El-Bina, Abdelkader Bengrina, du Front el Moustakbal, Abdelaziz Belaïd, et du Jil, Jadid Sofiane Djilali. Les trois partis politiques s’inscrivent dans le processus de réforme institutionnelle, porté par la présidence.
Le discours national qu’il a prononcé à la télévision coïncidait avec la journée nationale d’hommage aux « martyrs » de la guerre d’Indépendance (1954-1962).
Qui est Abdelmadjid Tebboune
Ex-Premier ministre de Bouteflika, Abdelmadjid Tebboune a été élu au premier tour à la présidentielle algérienne de décembre 2019. M. Tebboune a « recueilli 58,15 % des suffrages », a indiqué le président de l’Anie Mohamed Charfi lors d’une cérémonie officielle, au lendemain d’un scrutin marqué par une abstention record et qui s’est déroulé dans un contexte de contestation massive et inédite du régime au pouvoir depuis l’indépendance en 1962. « Je voudrais féliciter le candidat vainqueur », a déclaré M. Charfi. Mais dès hier soir, la direction de campagne du candidat avait revendiqué une nette victoire.
L’islamiste Abdelkader Bengrina, 57 ans, dont le parti a soutenu la présidence de M. Bouteflika, était arrivé en 2e position avec 17,38 % des voix, selon Mohamed Charfi. Tout juste élu président, Abdelaziz Bouteflika le rappelle au gouvernement en 1999 où il reste jusqu’en 2002. Il redevient ministre en 2012, jusqu’en 2017 lorsqu’il prend la tête du gouvernement. Il est limogé au bout de trois mois seulement après s’être attaqué aux oligarques gravitant dans l’entourage du chef de l’État, dont la plupart sont aujourd’hui emprisonnés dans des dossiers de corruption présumée.
Il met en avant ce fait d’armes pour faire oublier son passé au service de l’ex-président Bouteflika. Il était vu comme un favori du scrutin, jusqu’à une récente campagne contre lui par des médias proches du pouvoir.