Des rumeurs persistantes font état de l’arrivée en Côte d’Ivoire de la Cour pénale internationale (CPI) en vue d’ouvrir des enquêtes contre des pro-Ouattara. Mais avant la confirmation des faits allégués, un pro-Soro pointe d’emblée la responsabilité du camp Alassane Ouattara, et partant, du leader de ce camp, dans ce qui a bien pu se passer durant cette période tragique qu’a connue le pays d’Houphouët Boigny.
La CPI annoncée à Abidjan, tiraillement entre pro-Ouattara et pro-Soro
À la suite de la crise postélectorale de 2010-2011 en Côte d’Ivoire, le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a été appelé à ouvrir une enquête pour des crimes commis pendant cette période précédant l’élection présidentielle de 2010, bien que ce pays de l’Afrique de l’Ouest ne soit pas signataire encore moins ratifié le Statut de Rome. Aussi, l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo, et le ministre de la Jeunesse de son dernier gouvernement, Charles Blé Goudé, accusés de crimes de guerre, crimes contre l’humanité, ont été transférés à La Haye. Crimes perpétrés, selon la Procureure Fatou Bensouda, à la suite d’un « plan commun » savamment concocté par l’ancien pouvoir ivoirien.
Après l’audience de confirmation, le procès conjoint des deux acteurs politiques ivoiriens s’est ouvert devant la Chambre préliminaire I dirigée par le Juge Président Cuno Tarfusser. La compétence de la Cour avait été discutée par les avocats de la défense, mais les autorités ivoiriennes ont décidé de coopérer avec la justice pénale internationale, qui a par conséquent conduit un procès marathon. Procès qui se soldera, le 15 janvier 2019, par l’acquittement de Gbagbo et Blé Goudé. Acquittement prononcé par la Chambre de première instance. Les deux Ivoiriens seront finalement libérés sous conditions, le 1er février de la même année, après un appel du Bureau du Procureur. La chambre d’Appel statuera d’ailleurs sur l’appel interjeté par la Procureure Fatou Bensou, le 31 mars 2021.
Alors que les yeux des Ivoiriens et autres africains sont rivés sur le juge président Chile Eboe-Osuji et ses assesseurs de la chambre d’Appel, qui rendront un arrêt, le mercredi prochain sur l’appel du Procureur contre la décision d’acquittement dans l’affaire le Procureur c. Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, qu’un autre pavé vient d’être jeté dans la mare en Côte d’Ivoire.
À en croire nos sources, un rapport pour l’instant confidentiel de la Fédération ivoirienne des droits de l’homme (FIDH) fait état d’une probable enquête contre des pro-Ouattara, accusés d’avoir commis des atrocités et autres crimes graves contre des populations civiles dans l’Ouest ivoirien.
« Durant une décennie, les enquêteurs ont pu boucler l’enregistrement des témoins et victimes de crimes et exactions à l’ouest du pays, notamment à Duékoué, Nahibly (…). Plusieurs femmes violées, mutilées à Duékoué, au quartier carrefour seront parmi les témoins clés, sélectionnés par les enquêteurs de la CPI », révèle notre source.
Lors du communiqué final du Conseil des ministres tenu, le mercredi 24 mars, le ministre Sidi Tiémoko Touré, porte-parole du Gouvernement de Côte d’Ivoire, avait cependant indiqué, à l’interrogation d’un confrère, qu’il ne commente non seulement pas des décisions de justice, mais qu’il n’était surtout pas informé d’une telle procédure.
C’est dans cette atmosphère de El Hadj Mamadou Traoré, proche de l’ancien leader des Forces nouvelles (FN, ex-rébellion), a tenu à faire la part des choses, en révélant sur les réseaux sociaux : « Quand RFI et France 24 décrivaient l’offensive des FRCI sur Duekoué et Abidjan, ces médias parlaient de forces pro-Ouattara et non de Forces pro-Soro. Et leur qualification de ces forces n’était pas faite au hasard. »
Poursuivant, l’ancien Directeur de l’INFS ajoute : « Ces forces ont fait leur offensive, non pas pour installer Guillaume Soro au pouvoir, mais pour installer quelqu’un d’autre. Le bénéficiaire de cette offensive de ces forces, ce n’est pas Guillaume Soro. Comme le bénéficiaire de l’offensive des FDS est bien Laurent Gbagbo. C’est pourquoi il a été convoqué à la CPI. »
Notons toutefois que c’est dans le même temps que s’ouvre, devant le tribunal d’Abidjan Plateau, le procès d’Amadé Ouérémi, accusé de crimes de guerre. La justice ivoirienne, s’étant déclarée compétente pour connaître des crimes allégués, en vertu du principe de complémentarité entre les juridictions nationales et la juridiction internationale qu’est la CPI, ce chef de guerre et les auteurs présumés de crimes de Duekoué et de Nahibly, pourraient bien annihiler les actions de cette justice internationale contre le ou les mis en cause, proches du camp Ouattara.