Pour Laurent Bigot, ancien diplomate français, le transfèrement de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, devant la Cour pénale internationale (CPI), était « une manœuvre politique ».
Procès de Gbagbo à La Haye: « Bensouda savait très bien que son dossier ne tenait pas la route »
Dix ans après l’arrestation de Laurent Gbagbo, quelles leçons tirer de son procès ? La question était au centre d’un débat dans le cadre de l’émission « Le Débat africain », animée par Alain Foka, dimanche dernier sur RFI. Au terme d’un procès qui a connu plusieurs rebondissements, l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo et son ancien codétenu Charles Blé Goudé, ont été définitivement acquittés le 31 mars 2021, des lourdes charges de crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Pour Laurent Bigot, ancien diplomate français, transférer Laurent Gbagbo devant la Cour pénale internationale, fut une « grave erreur ». » Dès le début, c’était une erreur. Malheureusement, l’erreur a duré une dizaine d’années, et Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé ont payé le pot cassé », s’est-il offusqué. À l’en croire, ce procès aurait dû ne pas se tenir puisse qu’il était difficile voire impossible de prouver que l’ex-président ivoirien était coupable des faits qui lui étaient reprochés. » Ce fut une grave erreur de transférer Laurent Gbagbo à la CPI pour plusieurs raisons. La première, c’est que je savais dès le début, déclaré qu’il était impossible d’établir quelques preuves que ce soit, des accusations portées contre lui. Deuxièmement, c’était une manœuvre politique, ce n’était pas une manœuvre judiciaire liée au droit », a dénoncé l’ancien diplomate.
Laurent Bigot confie que le transfèrement de M. Gbagbo devant la Cour pénale internationale n’avait pour seul objectif que de l’écarter physiquement du territoire ivoirien » parce qu’il représentait, même incarcéré, une menace politique pour le nouveau pouvoir ». Pour lui, les Nations Unies et le bureau du procureur se sont couverts de ridicule dans cette affaire. « La CPI et les Nations unies se sont couvertes de ridicule dans cette affaire. Le déroulement du procès était une mascarade. L’accusation avait prévu 138 témoins, ils se sont arrêtés au bout de 82, tellement c’était ridicule. Pas un seul témoin n’a pu confirmer les accusations portées contre Laurent Gbagbo », a-t-il relevé.
« Le bureau du procureur s’est couvert de ridicule. Bensouda n’est apparue qu’une seule fois au procès Laurent Gbagbo. C’était à l’ouverture. Elle était en mission commandée; elle avait obligation d’apparaître. Elle n’est pas bête; elle savait très bien que son dossier ne tenait pas la route. Elle n’a pas voulu être associée à cette déroute politico-judiciaire », croit savoir Laurent Bigot.