La Côte d’Ivoire est dans le viseur des groupes djihadistes, ces dernières années. Après les attaques de Grand-Bassam, de Kafolo et de Tehini, les terroristes ne cessent de multiplier les initiatives afin d’implanter une base dans le Nord ivoirien. Même si toutes les tentatives sont jusque-là restées infructueuses.
Le Nord ivoirien, la cible privilégiée des djihadistes
13 mars 2016, la Côte d’Ivoire connaît sa toute première attaque terroriste dans sa première capitale, la station balnéaire de Grand-Bassam, ville historique inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. Le bilan fait état de 22 morts, dont 16 civils, 3 militaires et 3 terroristes, ainsi que 33 blessés. L’attaque a été revendiquée par la katiba Al-Mourabitoune. Les autorités sécuritaires ivoiriennes avaient alors lancé leurs filets, qui se sont étendus jusqu’au Mali et au Burkina Faso, pour appréhender de nombreux individus liés à cet attentat.
Alors que la Côte d’Ivoire pensait avoir suffisamment barricadé ses frontières contre toutes incursions dans djihadistes sur son territoire, qu’en juin 2020, Kafolo, localité située à la frontière ivoiro-burkinabè, est frappée par une horde de terroristes venus du Burkina Faso, tuant 14 éléments des forces armées ivoiriennes. Moins d’une année, notamment dans la nuit du 28 au 29 mars 2021, les djihadistes remettent à nouveau les couverts en frappant à Kafolo et à Téhini. Faisant trois morts, dont deux dans les rangs de l’armée ivoirienne (un militaire des forces spéciales, un du bataillon de chasseurs parachutistes et un civil).
Téné Birahima Ouattara, ministre ivoirien de la Défense, est monté au front pour remonter le moral à ses troupes engagées contre le terrorisme, et leur apporter le réconfort nécessaire. Photocopie (son surnom à cause de sa très grande ressemblance à son frère aîné Alassane Ouattara) s’est par ailleurs rendu à Ouagadougou, puis à Bamako dans l’optique de créer un front commun avec les forces armées des trois pays pour combattre de concert l’ennemi commun.
La stratégie des djihadistes pour s’implanter dans le septentrion
C’est pourtant cette période que choisissent les djihadistes pour se signaler à nouveau dans le septentrion ivoirien. À en croire Jeune Afrique, une vingtaine de terroristes lourdement armés ont fait irruption, le 7 mai dernier, dans la localité de Bolé, à quelques encablures de Kafolo, pour une mise en garde des populations locales. « Le groupe insiste sur le fait qu’il n’est pas là pour s’en prendre aux populations, mais pour les défendre », cependant, « toute collaboration avec les forces de défense sera sanctionnée ».
Ce discours, dont le dualisme, aussi bien rassurant que menaçant, s’apparente bien au mode opératoire de ces groupes armés, qui ont mis un vaste territoire de la zone sahélienne sous leur coupe. L’explosion d’Engins explosifs improvisés (EEI) atteste par ailleurs de leur volonté de semer une véritable psychose au sein des forces armées et la population locale. « Ce regain d’activité et l’utilisation de nouvelles méthodes éprouvées au Sahel montrent que les djihadistes entendent s’implanter dans le nord de la Côte d’Ivoire, et visent particulièrement la région du Boukani dans le Nord-Est », précise JA.
C’est donc à croire que ces groupes terroristes cherchent, vaille que vaille, à implanter leur base en Côte d’Ivoire par l’entrée Nord. La DGSE française avait d’ailleurs indiqué que les groupes terroristes proches de AQMI (Al Qaida au Maghreb islamique) projètent d’étendre leur zone d’influence vers le Golfe de Guinée, notamment au Bénin et en Côte d’Ivoire.
« On a franchi un seuil. C’est une nouvelle étape dans la montée du jihadisme en Côte d’Ivoire », s’était alarmé une source sécuritaire ivoirienne. Mais le président Alassane Ouattara, qui ne veut céder aucun centimètre du territoire ivoirien a ces djihadistes, a décidé de consacrer 1% du PNI a la lutte contre le terrorisme. L’académie internationale de lutte contre le terrorisme (AILCT) sera d’ailleurs inaugurée, le 10 juin prochain, en présence de Jean-Yves Le Drian, ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères.