Les djihadistes projettent d’annexer le Nord ivoirien. C’est du moins ce qui ressort de l’analyse du chercheur Lassina Diarra qui, se confiant à RFI, déclare que ces groupes terroristes ont lancé un vaste recrutement de combattants au Mali et au Burkina Faso, mais également au sein de la population locale.
Présence signalée des djihadistes dans le Bounkani depuis 2017
Kafolo, Téhini, et maintenant Tougbo. Ces localités du Nord ivoirien près de la frontière du Burkina Faso ont en commun d’avoir été le théâtre d’une attaque terroriste. Des groupes terroristes liés à Al Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) tentent en effet, ces derniers mois, d’installer une base dans le septentrion ivoirien. Aussi, retranchés dans le Sud burkinabè, ces djihadistes font de régulières incursions dans le nord de la Côte d’Ivoire.
En coalition avec leurs frères d’armes burkinabè, les forces armées ivoiriennes livrent un combat acharné à ces groupes terroristes qui ne démordent pour autant pas. Une vingtaine de militaires ivoiriens sont d’ailleurs tombés au champ d’honneur. Le ministre ivoirien de la Défense, Téné Birahima Ouattara, est également allé sur le théâtre des opérations pour remonter le moral à ses hommes et leur apporter le réconfort nécessaire dans cette lutte contre le terrorisme.
Nous apprenons cependant que ces marchands de la mort sont dans une dynamique de recrutement dans le Nord ivoirien. Dans son étude sur la région du Bounkani, le Chercheur Lassina Diarra indique : «Beaucoup de personnes nous ont confirmé qu’il y a une présence d’hommes armés dans le parc depuis 2017 ». Il s’agit de djihadistes « très armés et nombreux », venant pour l’essentiel des pays limitrophes, notamment le Mali et le Burkina Faso.
Poursuivant dans son analyse, le chercheur précise que l’affrontement intercommunautaire qui a eu cours à Bouna, en 2016, a également entrainé le départ d’une certaine population « dans les filets djihadistes à Mopti au Mali ». « Je crois savoir qu’il y a eu du renfort. Il y a eu des gens qui sont venus du Burkina et du Mali. Moi je viens du Bounkani, il n’y a pas longtemps, et ce que j’ai pu documenter, c’est que les djihadistes continuent de venir. Il y a un processus de recrutement sur place dans certains villages, avec la stratégie d’intimidation et des moyens financiers qui sont déployés, contre la promesse de 550 000 F et une moto. Donc il y a une dynamique de recrutement qui est en cours », a révélé Lassina Diarra.
Poursuivant, l’analyste ajoute : « Sidibé Ramzani, c’est cet individu qui chercherait à créer à l’identique une zone des trois frontières comme le Mali, le Burkina et le Niger, c’est-à-dire à la frontière ivoirienne avec le Burkina et le Mali. » Son projet serait toujours en cours, quoique retardé par l’opération conjointe de l’armée ivoirienne et burkinabè. La facilité des groupes terroristes à se dissimuler au sein de la population constitue également un autre facteur qui fait craindre les populations locales qui ont déjà reçu des menaces de ces djihadistes.