La menace terroriste est à son comble dans le septentrion ivoirien. Les ex-combattants démobilisés, exposés à toutes sortes d’aventures, interpellent les autorités ivoiriennes aux fins de se pencher sur leur situation, on ne peut plus très précaire, pour bon nombre d’entre eux.
Terrorisme : Les ex-combattants en conclave à Ferkessédougou
La menace terroriste devient de plus en plus persistante dans le Nord ivoirien. Les localités de Kafolo, Téhini, Tougbo et bien d’autres, toutes frontalières au Burkina Faso, ont en effet été le théâtre d’attaques perpétrées par des groupes terroristes. L’objectif de ces marchands de la mort étant d’installer une katiba à la triple frontière Mali – Burkina Faso – Côte d’Ivoire.
Aussi, dans leur approche, ces djihadistes ont-ils lancé un vaste recrutement dans le Nord ivoirien. À en croire le chercheur Lassina Diarra, « il y a un processus de recrutement sur place dans certains villages, avec la stratégie d’intimidation et des moyens financiers qui sont déployés, contre la promesse de 550 000 F et une moto. Donc il y a une dynamique de recrutement qui est en cours ».
Cet avertissement est d’autant plus sérieux que les ex-combattants démobilisés apparaissent indéniablement comme un terreau fertile à ce recrutement annoncé. Sidiki Diakité, le défunt ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, avait d’ailleurs tiré la sonnette d’alarme lors d’une réunion extraordinaire du Conseil national de sécurité (CNS), en septembre 2017, en indiquant que les ex-combattants démobilisés étaient une probable main-d’oeuvre pour certains aventuriers. « Ces personnes (djihadistes) instrumentalisent et arment certains démobilisés et militaires déloyaux », avait-il déclaré.
Pour donc éviter tout amalgame à leur sujet, ces ex-combattants ont tenu, dimanche 20 juin 2021, une Assemblée Générale Ordinaire (AGO) à Ferkessedougou, dans la région du Tchologo (au nord). « Nous nous mettons à la disposition de l’État de Côte d’Ivoire, certains d’entre nous peuvent encore servir surtout en cette période difficile de l’avancée du Djihadisme », a plaidé, au cours de cette rencontre, Ouattara Ladji, président de la Fédération des Associations des ex-combattants de Côte d’Ivoire. Avant d’ajouter : « À défaut, que l’État nous insère quelque part dans le tissu social afin que nous quittions cette trop grande précarité dans laquelle nous sommes… »
Ce plaidoyer est d’autant plus opportun que ces personnes qui se sont déjà accoutumées à la manipulation d’armes à feu lors de la crise militaro-politique qu’a connue la Côte d’Ivoire, pourraient être de sérieux candidats au djihad. À moins que « la grande précarité » et « l’oisiveté » dans laquelle ils vivent, soient regardées de près par les autorités ivoiriennes que leur leader interpelle pour l’amélioration de leurs conditions sociales.