Député-maire de la commune de Tiassalé (sud de la Côte d’Ivoire), Antoine Assalé Tiémoko est connu pour son franc parler. Patron du journal satirique L’Eléphant déchaîné, Assalé Tiémoko se veut un éveilleur des consciences, un homme à équidistance de toutes les chapelles politiques, qui dénonce quand il le faut mais sait aussi féliciter quand c’est bien. Dans sa chronique ci-dessous, le jeune député-maire élu sous la bannière indépendante, demande le retrait de la scène politique, des leaders traditionnels ivoiriens que sont Henri Konan Bédié, Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo. Lisons ensemble les arguments qu’il avance pour soutenir sa thèse.
« Il faut mettre fin à 30 ans de prise d’otage » (Par Assalé Tiémoko, Député de la Nation)
Le gouvernement a transmis au parlement, 13 projets de loi pour étude et adoption éventuelle dans la période qui s’étend jusqu’au 27 juillet 2021. La liste de ces 13 projets de loi est sur ma page. Aucun ne concerne une prétendue légalisation de l’homosexualité en Côte d’Ivoire. Moi, en tant que député, j’attends le projet de loi portant révision de la constitution pour réinscrire la limitation de l’âge pour être candidat à la présidentielle, à 75 ans au plus. Voilà le débat qu’on devrait faire maintenant et non interroger les gens sur une affaire de légalisation de l’homosexualité qui est une fiction. Et sur la limitation de l’âge, qu’on ne vienne pas me parler de Joe Biden qui est président à 78 ans ni d’Etat de droit. Joe Biden n’a pas empoisonné pendant 30 ans la vie des Américains avant d’être président à 78 ans…
L’Etat de droit ne peut pas être continuellement la satisfaction des droits d’une vielle classe politique égoïste qui depuis 30 ans, a connu tous les privilèges, a accédé au sommet de l’Etat, a profité de la sueur et du sang des Ivoiriens. Les histoires de combat pour la souveraineté, c’est pas cette vieille classe politique qui va le mener. On ne peut pas parler de souveraineté quand la corruption est un système que personne ne veut combattre et ce ne sont pas des gens qui sont au soir de leur vie qui mèneront ce combat. Ils ne peuvent pas le faire, entourés qu’ils sont par une source volière de mangé-mil qui sont prêts à tuer le leader pour ne pas qu’il renonce au pouvoir ou à la conquête du pouvoir. On ne peut pas parler de souveraineté quand, faute de 500 mille francs pour réparer une pompe hydraulique, des milliers de personnes sont privées d’eau potable depuis des mois voire des années.
Assalé Tiémoko: « On ne peut pas parler de souveraineté quand des femmes enceintes sont transportées sur des vélos »
On ne peut pas parler de souveraineté, quand des milliers d’enfants prennent les cours assis à même le sol, 61 ans après l’indépendance. On ne peut pas parler de souveraineté quand des femmes enceintes sont transportées sur des vélos pour aller donner la vie. Pour être souverain, il faut d’abord construire une armée républicaine et forte capable de faire échec à toutes les agressions d’où qu’elles viennent. Il faut ensuite éduquer le peuple, le former pour être capable, majoritairement, de comprendre les enjeux et les rapports qui gouvernent les relations internationales. Former les masses pour qu’elles comprennent le sens profond du patriotisme, car aujourd’hui, on est patriote dans ce pays ou pas, selon celui qui est au pouvoir. Il faut ensuite encore consacrer les petites ressources du pays à satisfaire les besoins élémentaires des populations.
Une pompe hydraulique équipée coûte au maximum 7 millions. Depuis 60 ans, il y a des villages en Côte d’Ivoire qui n’ont pas encore bénéficié de ce miminum d’accès à l’eau potable. Je ne suis pas sûr que c’est la France qui s’oppose à la réalisation d’un forage dans ces villages, cela est dû uniquement à nos palabres politiciennes et à la corruption qui plombe toutes projections dans l’avenir. A chaque génération correspond un combat. Cette génération des années 30 à 50 a fini sa mission. Les leaders de cette génération sont tous en vie mais leurs palabres, leurs pirouettes, leurs compromissions, leurs petites arrangements avec la vérité, ont conduit des dizaines de milliers d’Ivoiriens au cimetière. Alors, merci et au revoir !!!
Levons nous et battons nous pour nous libérer, non pas du Colon qui a le dos large mais de note vieille classe politique. C’est elle qui menace nos vies, qui nous a volé notre avenir et qui veut encore voler l’avenir de nos enfants. J’appelle tous les jeunes Ivoiriens, tous les Ivoiriens, à prendre deux minutes pour réfléchir à cette petite question: Voulons nous avoir encore en 2025, une guerre des uns contre les autres ? Si la réponse est « Oui », alors continuons. Si la réponse est « non », alors prenons nos responsabilités.
Assalé Tiémoko: « On ne veut plus voir quelqu’un mourir de vieillesse au pouvoir. Ça suffit »
Moi j’ai pris la mienne et quelles que soient les insultes, les menace et les attaques, en qualité de Député de la nation, j’appelle au retrait volontaire ou forcé du « Ouattara ou rien », du « Bédié ou rien », du « Gbagbo ou rien ». Tous ces vocables sont des insultes contre l’intelligence des nouvelles générations suivantes et contre l’avenir de nos enfants. Le président Ouattara a exprimé sa volonté de passer la main. C’est bien. Mais qu’il nous rende service en ramenant dans la constitution, la volonté du peuple de Côte d’Ivoire, exprimée à plus de 80%, de ne plus voir quelqu’un mourir de vieillesse au pouvoir. Ça suffit.
« En politique, il faut prévoir le pire, non le meilleur, le pire. Pour que ce pire n’arrive pas et pour se donner les moyens de le combattre ». STINGLER. Donnons nous les moyens de combattre le pire qui nous attend en 2025 si nous continuons à concevoir la réconciliation comme le maintien du RHDP au pouvoir jusqu’en 2050, comme le retour du PDCI au pouvoir en 2025 ou avant avec Bédié, comme le retour du FPI au pouvoir en 2025 ou avant, avec Gbagbo.
C’est vraiment manquer d’ambitions pour son pays que de s’inscrire dans un processus aussi morbide. Le retrait des trois « grands » n’est pas la solution miracle qui réglera tous les problèmes de la Côte d’Ivoire. Mais cela reglerait au moins un seul problème sur mille. Et c’est à partir de ce seul problème réglé qu’on aura la tranquillité pour régler les 999 autres problèmes. Et j’ai parlé (…).
ASSALE TIEMOKO ANTOINE.
DÉPUTÉ DE LA NATION.