Le président du mouvement citoyen »Agir pour la Côte d’Ivoire’’, Hamed Koffi Zarour s’étonne du mutisme des élus parlementaires, face à la flambée vertigineuse des prix des denrées alimentaires, qui a cours en Côte d’Ivoire depuis quelques jours. Dans la tribune ci-dessous, le candidat qui a désisté aux élections législatives du 06 mars 2021 dans la commune du Plateau, demande au gouvernement de trouver une solution à la vie chère avant que la situation ne s’exacerbe.
La cherté de la vie: Le silence de nos élus, un silence coupable? (Par Hamed Koffi Zarour)
Les élections législatives 2021 ont suscité un fort engouement et une mobilisation exceptionnelle de la part des populations, avec une participation de toutes les forces politiques. Sur toute l’étendue du territoire national, des citoyens sont allés vers d’autres citoyens, en leur demandant de leur accorder le pouvoir de les représenter et de défendre leurs intérêts à l’Assemblée nationale, haut lieu de notre démocratie. Les citoyens ivoiriens ont porté ces personnes à l’Assemblée nationale, dans l’espoir, qu’elles seront debout pour eux, à chaque fois que l’occasion se présentera. Aujourd’hui, nous constatons et subissons, avec beaucoup de regret et d’impuissance, l’augmentation des biens de consommation courante, particulièrement les denrées alimentaires, conduisant à une aggravation de la cherté de la vie et réduisant ainsi le pouvoir d’achat de la majorité des Ivoiriens.
Si une minorité ne ressent pas les effets de l’inflation, pour la grande majorité des Ivoiriens, c’est une situation difficilement supportable. Pour toutes ces familles qui peinent à s’assurer le repas quotidien, c’est un fardeau supplémentaire qu’on leur demande de porter. La Côte d’Ivoire solidaire doit être une réalité. Face à cette situation sociale difficile que vivent la majorité des familles ivoiriennes, où sont nos députés ? Nous sommes peinés par le silence de nos députés. On pourrait croire que ce silence est un silence complice. Ils ont été élus pour défendre les intérêts de l’ensemble des Ivoiriens, et non uniquement ceux de leurs colorations politiques. En 2018, nos députés ont négocié avec le pouvoir exécutif et obtenu une rallonge de cinq cent mille (500 000) francs sur leurs émoluments. La nouvelle loi organique portant statut des parlementaires leur permet de percevoir la somme de 2,650 millions par mois. Nous croyons que lorsque le peuple ploie sous le poids de la cherté de la vie, ne serait-ce que par obligation morale, nos députés doivent se prononcer et agir en conséquence.
Qu’est-ce que nos députés proposent comme solution pour atténuer le lourd fardeau des populations. Sont-ils si déconnectés des réalités des populations, au point de ne pas voir la réalité ? Il ne doit pas avoir une telle déconnexion entre le peuple et ses élus. Nous appelons nos députés à reprendre la place qui leur revient, en menant des actions d’investigations sur le terrain, en allant à la rencontre des populations pour saisir toute la réalité de leur vécu, et en faisant des propositions de lois susceptibles d’améliorer les conditions de vie des ivoiriens, notamment sur la fiscalité. Cette cherté de la vie est aussi, dans une large mesure, le résultat de la faiblesse dans l’action de nos gouvernants qui ne prennent pas les décisions qui s’imposent pour nous assurer notre autosuffisance alimentaire. Nous sommes dépendants, pour une grande partie de nos produits de consommation, de l’extérieur. Pour des produits comme l’huile et le sucre dont nous sommes producteurs, nous ne comprenons pas ce qui justifie la hausse de leurs prix. Nous attendons que les acteurs du secteur nous donnent des explications, sur ce point.
Au niveau international, on peut établir un lien entre la forte progression des prix du riz, de la viande et des produits laitiers et l’inflation dans nos pays en voie de développement. Cela est l’une des conséquences de notre dépendance vis-à-vis des marchés extérieures. De plus, les grands pays producteurs de riz comme la Chine, la Thaïlande, le Pakistan ou encore l’Inde ont des besoins de consommation qui s’accroissent. S’il arrive que leurs productions sont équivalentes à leurs demandes nationales, les pays africains auront des problèmes à satisfaire la forte demande des populations. La FAO a même établi que la forte demande des pays producteurs et consommateurs asiatiques et la demande des acheteurs africains a également soutenu les prix élevés du riz. Et cela pourrait s’intensifier si la maladie à Coronavirus perdure. Tout ça nous conforte dans la position que nous devons produire ce que nous consommons, comme nous l’avons toujours défendu.
« Que le gouvernement, les élus, toutes les associations de défense des consommateurs et les opérateurs économiques des secteurs concernés agissent maintenant et vite… »
Il s’impose à nous de limiter nos importations des denrées alimentaires de grande consommation, et mettre en œuvre une politique agricole capable de produire suffisamment pour satisfaire la demande nationale et assurer notre sécurité alimentaire et réduire les prix à la consommation. La Côte d’Ivoire dispose de tous les atouts naturels et humains pour relever ce défi. Nous avons les conditions climatiques favorables et suffisamment de terres arables pour faire pousser diverses variétés de riz et autres céréales. Nous avons les compétences et l’environnement favorable pour réussir la production de viande et de produits laitiers à grande échelle, par un élevage moderne, tout en respectant l’environnement. La demande nationale, l’incertitude sanitaire et ses conséquences socio-économiques sur les pays en voie de développement et le poids des importations sur le pouvoir d’achat des populations imposent à l’État une nouvelle orientation, en vue de garantir notre autosuffisance alimentaire et créer les conditions de notre indépendance économique vis à vis de l’extérieur.
Outre cet aspect, l’État de Côte d’Ivoire doit lutter avec la plus grande fermeté contre la corruption et les détournements de deniers publics. Il doit aussi réduire considérablement son train de vie. En effet, les dépenses de consommation des institutions de la République, des ministères, des agences gouvernementales, des structures décentralisées sont fort élevées. De notre point de vue, la réduction des ministères et la suppression de certaines institutions s’imposent comme une priorité dans le sens d’une meilleure maîtrise des dépenses publiques. Le gouvernement est composé de quarante-un (41) ministres auxquels viennent s’ajouter 14 ministres-gouverneurs. Des ministres gouverneurs dont l’indispensabilité reste encore à prouver. À toutes ces fonctions, sont rattachées des dépenses importantes de fonctionnement, qui sont supportées par l’argent du contribuable.
Pourtant, celui-ci peine à satisfaire ses besoins primaires (se nourrir, se loger, se soigner). De nombreux ministres, députés, sénateurs, maires, administrateurs publics et hauts fonctionnaires reçoivent l’argent du contribuable, sans contribuer réellement à faire avancer qualitativement le pays. Ils ne remplissent pas la fonction pour laquelle ils sont payés. Mais nous continuons d’entretenir cette triste réalité. La donne doit changer. La gouvernance nationale doit prendre une meilleure direction. Les Ivoiriens subissent de plein fouet la hausse du prix des produits alimentaires et d’autres produits de consommation, nous savons que nous n’avons pas le pouvoir de décision, mais nous ne pouvons pas rester insensibles à la souffrance de nos concitoyens, face à la situation difficile actuelle . Que le gouvernement, les élus, toutes les associations de défense des consommateurs et les opérateurs économiques des secteurs concernés agissent maintenant et vite pour sortir la grande majorité des populations de cette situation, avant qu’elle ne s’exacerbe.