Le groupe parlementaire Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS), s’oppose à la promulgation de la loi portant ratification de l’accord de coopération entre les gouvernements des États membres de l’Union monétaire ouest africaine (UMOA) et le gouvernement de la République française, dans le cadre de la mise en œuvre de la monnaie unique (ECO) dans l’espace UMOA, la nouvelle monnaie ouest-africaine. Ci-dessous, l’intégralité de la déclaration.
EDS a voté contre l’adoption de la loi dans le cadre de la mise en œuvre de l’ECO
L’Assemblée nationale a voté, le 27 juillet 2021, la loi autorisant le Président de la République à ratifier l’accord de coopération entre les gouvernements des États membres de l’Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA) et le Gouvernement de la République Française, dans le cadre de la mise en œuvre de l‘ECO, monnaie unique, dans la région ouest africaine ; accord signé le 21 décembre 2019 à Abidjan.
Cet accord, qui vise à réformer le franc FCA désormais appelé ECO, aura cours dans l’espace UMOA dont la Côte d’Ivoire est la locomotive économique. Le présent point de presse a pour objet d’informer l’ensemble des Ivoiriens que le Groupe Parlementaire Ensemble pour la Démocratie et la Souveraineté (EDS) a voté contre l’adoption de cette loi de ratification à toutes les étapes de la procédure parlementaire, c’est-à-dire aussi bien en commission qu’en plénière.
En effet, le Groupe Parlementaire EDS a soulevé un certain nombre de préoccupations concernant cette nouvelle monnaie, à savoir : Qui est le véritable propriétaire de la monnaie créée aux termes de cet accord ; est-ce la CEDEAO ou l’UMOA ? Si l’ECO appartient à la CEDEAO qui appartient aux 15 États membres, comme prévu à l’origine ; pourquoi ce ne sont que les huit Etats membres de l’UMOA qui en sont signataires alors que nous savons que les sept autres Etats de la CEDEAO y sont opposés ?
Les réponses des représentants du gouvernement n’ayant pas pu dissiper nos inquiétudes sur ces différents points, le Groupe Parlementaire EDS estime donc que rien ne justifie l’empressement du gouvernement ivoirien à obtenir la ratification de cet accord surtout que la mise en œuvre de l’ECO (monnaie CEDEAO), prévue initialement pour 2020, est différée à 2027.
Le Groupe Parlementaire EDS rappelle que les promoteurs de la monnaie unique CEDEAO ont fait le choix d’une monnaie indépendante, africaine et propriété des États membres de la CEDEAO. Les règles de gouvernance de cette nouvelle monnaie commune sont aux antipodes de celles de la monnaie CFA qui, même en s’appelant désormais ECO, reste arrimée à l’euro, une monnaie forte, dans une parité fixe dont la France est le garant.
Ce qui, selon l’accord, donnera à l’ancienne puissance colonisatrice le droit d’intervenir à tout moment dans la gouvernance de cette monnaie ECO UMOA, soit pour prévenir une crise, soit pour la gérer si elle est déjà survenue, et cela, plus de 60 ans après les indépendances.
Nous voyons donc clairement que la réforme monétaire proposée par la France, malgré le changement dénomination du CFA en ECO, continuera de maintenir les États membres de l’UMOA dans une dépendance monétaire infantilisante, qui n’a pas favorisé le développement économique des États membres de la zone UMOA tout en constituant une atteinte grave à leur souveraineté nationale.
C’est pourquoi, le Groupe Parlementaire EDS, soucieux de la souveraineté de la Côte d’Ivoire, condition indispensable de son développement économique et social, propose que la loi qui vient d’être votée en séance plénière ne soit pas promulguée par le Président de la République, en attendant que des études d’experts en monnaie éclairent davantage la représentation nationale.