Près de deux décennies après l’éclatement de la rébellion de septembre 2002, Guillaume Soro n’a ses yeux que pour pleurer. L’ancien chef rebelle, en exil en Europe, regrette amèrement d’avoir porté Alassane Ouattara au pouvoir. C’est du moins ce qu’affirme l’un de ses proches.
Guillaume Soro : « Si l’arbre savait ce qui lui réserve la hache… »
19 septembre 2002, Guillaume Soro arrive en Côte d’Ivoire à la tête d’une rébellion, qui a occupé la moitié nord du pays pendant près d’une décennie. L’ancien leader syndical estudiantin indiquait alors qu’il avait pris les armes pour combattre la xénophobie, l’injustice et l’exclusion dont étaient victimes des ressortissants du nord.
D’abord en accord avec le régime de Laurent Gbagbo, Soro Kigbafori Guillaume sera finalement bombardé Premier ministre, avec pour mission d’organiser l’élection présidentielle de 2010. Scrutin qui s’est achevé par une crise postélectorale opposant le camp Laurent Gbagbo à celui d’Alassane Ouattara. Soro s’est alors rangé du côté du candidat du Rassemblement des républicains (ex-RDR) et a mené le combat avec ses troupes, les Forces nouvelles (FN, branche armée de la rébellion) pour installer à la Présidence, Alassane Ouattara, qui a été proclamé vainqueur à plus de 54% par la Commission électorale indépendante (CEI).
En exil quelque part sur le vieux continent, depuis son retour manqué en Côte d’Ivoire, le 23 décembre 2019, l’ancien Président de l’Assemblée nationale, contraint à la démission, est sous le coup d’une double condamnation de 20 ans d’emprisonnement pour « recel de détournement de denier public », et « la prison à vie pour « tentative d’atteinte à la sûreté de l’État ». Bon nombre de ses compagnons de Générations et peuples solidaires (GPS) ont également été condamnés à de lourdes peines de prison.
Avec du recul, Guillaume Soro éprouve des regrets. En témoigne le message posté, samedi sur son compte Twitter. « Si l’arbre savait ce que lui réserve la hache, il ne lui fournirait pas le bois de son manche », a tweeté l’ancien homme fort de Bouaké.
Pour Mamadou Traoré, très proche collaborateur de l’ex-PAN, Soro « regrette d’avoir mené le combat pour quelqu’un qui ne le méritait pas ». Avant d’ajouter dans un message posté sur sa page Facebook : « Il regrette que ce soit lui aujourd’hui qui soit la victime de celui qui était hier la victime d’injustices et de traques liées à ses ambitions présidentielles. Aujourd’hui, c’est lui Guillaume Soro qui est traqué par celui pour qui il a gâté son nom dans cette affaire de rébellion. »
Puis, il ajoute que son leader « ne cesse de demander pardon aux Ivoiriens qui ont souffert de son action. Il croyait mener le bon combat. Le combat pour la mise en place d’une Côte d’Ivoire réellement démocratique avec, en prime, un État de droit. Le combat pour l’ouverture, sans exclusion, de l’accès à la magistrature suprême pour tous ».
Avant de conseiller : « Il ne faut jamais prendre le pouvoir et le donner à quelqu’un d’autre. Tôt ou tard, ce dernier se retournera contre toi. C’est ce qui est arrivé aujourd’hui à Guillaume Soro. C’est également ce qui est arrivé aux jeunes gens qui ont donné le pouvoir au Général Guei en décembre 99. Belle leçon de vie pour nous autres. »
Que pensez-vous de ce mea-culpa de Guillaume Soro, ancien chef rebelle ?