Le rubicon a été franchi entre Laurent Gbagbo et son ancien Premier ministre, Pascal Affi N’guessan, dans la guéguerre qui opposait les deux hommes pour le contrôle du Front populaire ivoirien (FPI).
Affi N’guessan: « Je ne faisais plus partie de son schéma politique »
L’ancien président ivoirien a décidé de mettre fin au bras de fer juridique qui l’opposait à Pascal Affi N’guessan au sujet du FPI. Face à ses partisans, lundi 9 août dernier, Laurent Gbagbo a annoncé son intention de créer un nouveau parti politique, abandonnant ainsi « l’enveloppe » du FPI aux mains de son ex-directeur de cabinet et désormais rival politique. « Aujourd’hui, je suis revenu de prison, il nous faut avancer. Je propose : laissons Affi avec l’enveloppe qu’il détient. Nous allons baptiser le FPI autrement. Nous allons continuer à lutter. Le FPI, c’est nous. Nous allons changer de nom. C’est tout », a-t-il déclaré, accusant Affi N’Guessan de confisquer « notre seul instrument de lutte politique ».
Mais pour Pascal Affi N’guessan, les raisons de cette « rupture », se trouvent ailleurs. « Je veux penser que je ne faisais plus partie de son schéma politique, mais parce que j’avais atteint un niveau qu’il considérait comme un niveau concurrent; qu’il considérait comme une menace à son leadership. Il veut être le seul qui brille au sein de notre grande famille politique et que toutes les autres têtes doivent être coupées et tout le monde doit se soumettre pour qu’il émerge tout seul et c’est cela la dérive autocratique, le culte de la personnalité », a craché M. Affi, interrogé par 7info.
« Gbagbo a déçu beaucoup d’Ivoiriens »
Le président légal du FPI a par ailleurs exprimé sa déception au même titre que celle de « beaucoup d’Ivoiriens » quant à la posture adoptée par Laurent Gbagbo depuis son retour au bercail, le jeudi 17 juin dernier. « Gbagbo a déçu beaucoup d’Ivoiriens. Ce que les Ivoiriens attendaient de lui, c’était véritablement des gestes forts de réconciliation. (…) Mais lorsqu’on voit les actes qui ont été posés depuis l’aéroport jusqu’à cette décision de divorce, la rupture avec les évangélistes et la rupture avec le Front Populaire Ivoirien, on a le sentiment que le président Laurent Gbagbo est venu avec beaucoup de rancœur et qu’il est dans une logique de règlement de comptes », a-t-il regretté.
Puis d’ajouter : « Lorsqu’on perd le pouvoir, c’est parce qu’on n’a pas été à la hauteur du défi qui était posé, ce n’est pas une fatalité ». Chassé du pouvoir après une grave crise postélectorale qui a fait 3000 morts, Laurent Gbagbo a été arrêté en avril 2011 puis transféré devant la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l’humanité. Définitivement acquitté, il est rentré en Côte d’Ivoire le 17 juin 2021.