Le Tchad a annoncé le 21 août 20021, le retrait de la moitié de ses effectifs combattant au sein du G5 Sahel dans la zone dite « des trois frontières », soit plus de 600 soldats tchadiens.
Guerre fratricide des héritiers Déby à N’djamena, la zone des trois frontières en péril
Un contingent de 1 200 soldats tchadiens, avait été déployé en février dans cette région située entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso pour lutter contre les groupes djihadistes.
Contre toute attente, le Tchad a fait savoir, samedi dernier, avoir divisé par deux ses effectifs au sein de la force antidjihadiste du G5 Sahel dans la zone dite « des trois frontières », aux confins du Mali, du Niger et du Burkina Faso.
« On a redéployé au Tchad 600 hommes en accord avec les forces du G5 Sahel. Il s’agit d’un redéploiement stratégique pour s’adapter au mieux à l’organisation des terroristes », a affirmé à l’Agence France-Presse Abderaman Koulamallah, porte-parole du gouvernement.
Pourquoi ce retrait ?
Ces dernières semaines, les attaques contre les civils se sont pourtant multipliées dans cette zone. Dans un entretien accordé à TV5 Monde, Roland Marchal, chercheur à Sciences Po Paris et spécialiste des conflits armés dans cette région, évoque un climat politique à N’Djamena devenu délétère à cause des divisions internes au sein de la famille d’Idriss Déby.
Pour lui, ce retrait de soldats tchadiens ne constitue pas un message pour la crédibilité du G5 Sahel. Ce retrait est contraire aux engagements d’Idriss Déby (NDLR : président du Tchad de 1990 à sa mort au combat le 20 avril 2021 contre des groupes armés.
Le fils d’Idriss Déby, Mahamat Idriss Déby, président du conseil de transition, qui entend donc consolider son pouvoir, est à couteaux tirés avec deux autres de ses frères: Oumar et Zakaria Déby qui ont de très grandes ambitions.
“La situation politique au Tchad reste fragile. Les négociations sont complexes et difficiles au sein du Conseil militaire de transition. Et souvent au Tchad, quand on ne sait pas faire de la politique, on essaie de jouer sur les effectifs militaires”, confie le chercheur.
« Il nous reste environ 600 soldats sur le terrain. C’est une décision concertée de longue date avec le commandement du G5. On a voulu alléger le dispositif, qui n’était pas adapté », a assuré M. Koulamallah. Les troupes tchadiennes sont basées à Téra, ville du sud-ouest du Niger.
La zone « des trois frontières » est, avec le centre du Mali, la plus touchée par les attaques djihadistes commises par des groupes, notamment affiliés à Al-Qaida ou à l’organisation Etat islamique au grand Sahara.
Les morts, civils comme militaires, s’y comptent par milliers. La dernière attaque, samedi, contre un village de cette zone au Niger a fait une dizaine de morts parmi des civils. Lundi, une autre attaque avait fait 37 morts.