Le droit de s’exprimer au nom de l’Afghanistan, c’est ce que demandent les talibans à l’Organisation des Nations-Unies (ONU) qui tient sa 76e session de l’Assemblée générale (AGNU 76) depuis le 14 septembre 2021 à New York.
Vers une reconnaissance du régime des talibans à l’Assemblée générale de l’ONU
Une semaine après le début de ses travaux, la 76e session de l’Assemblée générale de l’ONU a débuté ses débats mardi 21 septembre à New York. Les 193 pays membres vont s’exprimer à la tribune pendant une semaine, sur fond de crise des sous-marins et de débâcle en Afghanistan. L’Afghanistan qui réclame le droit de s’exprimer à cette Assemblée générale alors que l’ONU n ‘a pas encore tranché sur la personnalité qui représenterait le pays. L’ambassadeur de l’ancien gouvernement chassé du pouvoir à Kaboul le 15 août dernier, a lui aussi demandé à prendre la parole.
Dans une lettre à en-tête de l’Émirat islamique d’Afghanistan, adressée au secrétaire général de l’ONU, le nouveau ministre des Affaires étrangères Amir Khan Muttaqi souligne que le président Ashraf Ghani a été « renversé » et que les pays à travers le monde « ne le reconnaissent plus ». Ce que cette la lettre ne dit pas : aucun pays n’a jusqu’ici reconnu les nouveaux maîtres de Kaboul, et la plupart exigent que les talibans garantissent d’abord le respect des droits civiques, et notamment les droits des femmes.
Contrairement à l’année dernière, où l’événement était entièrement virtuel, New York accueille à nouveau cette année des délégations venues du monde entier. Une Assemblée générale qualifiée d’« hybride » : de l’Américain Joe Biden au Britannique Boris Johnson, en passant par le Brésilien Jair Bolsonaro qui s’exprimera en premier comme le veut la tradition, plus de la moitié des dirigeants seront physiquement présents. La mairie de New York exigeait une preuve de vaccination, au grand dam de certains dirigeants. Après moultes tergiversations, l’ONU ne demandera finalement qu’une déclaration sur l’honneur.
A la tribune des Nations unies le mardi 21 septembre, Joe Biden a confirmé qu’il ne voulait pas d’une « nouvelle Guerre froide » avec la Chine, et a défendu son attachement à la diplomatie et au multilatéralisme face à des alliés européens qui l’accusent de faire trop souvent cavalier seul. « Nous ne voulons pas d’une nouvelle guerre froide ou d’un monde divisé en blocs rigides », a lancé le président des États-Unis pour le premier discours de son mandat à l’Assemblée générale des Nations unies.
Mais le retrait d’Afghanistan, qui s’est achevé dans le chaos fin août au grand dam de nombreux pays européens, puis la crise ouverte avec la France dans l’affaire des sous-marins, qui a éclaté la semaine dernière, ont totalement brouillé son message.
Le président Macron ne va pas se rendre à l’Assemblée générale à New York
Paris ne décolère pas contre l’annonce par les États-Unis, le 15 septembre, d’un pacte de sécurité conclu avec l’Australie et le Royaume-Uni pour contrer Pékin, surnommé Aukus. Ce nouveau partenariat a mis le feu aux poudres transatlantiques, car il s’est fait dans le dos des Français, qui ont perdu un énorme contrat de sous-marins commandés par Canberra. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a encore dénoncé lundi à New York une décision « brutale » et une « rupture de confiance entre alliés ». Et l’Union européenne a offert à la France le « soutien » et la « solidarité » qu’elle espérait, selon le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell.
Signe que Paris n’est pas prête à tourner la page, un conseiller du président français Emmanuel Macron a prévenu que son entretien téléphonique attendu « avant la fin de la semaine » avec Joe Biden ne serait « pas un échange de réconciliation » mais de « clarification ». Surprenant plusieurs membres des Nations unies, le président Macron a choisi de ne pas se rendre à New York cette année – son ministre des Affaires étrangères s’exprimera au nom de la France, par vidéo, dans plusieurs jours.
Parmi les autres intervenants mardi, outre les dirigeants brésilien et turc, figure le nouveau président iranien Ebrahim Raïssi qui fera son entrée sur la scène internationale. Son discours, par vidéo, est très attendu pour savoir si cet ultraconservateur est disposé à relancer les négociations de Vienne visant à sauver l’accord sur le nucléaire iranien que les États-Unis ont quitté avec fracas en 2018.