Une affaire d’évasion fiscale, ébruitée à la suite d’une enquête de l’ICIJ, un consortium de 600 journalistes, épingle plusieurs personnalités du monde au nombre desquelles le Premier ministre ivoirien Patrick Achi, qui «contrôlait une société aux Bahamas depuis au moins 2006 ». « Pandora Papers », tel est le nom de baptême de l’enquête d’envergure réalisée par 600 journalistes qui ont passé au scanner environ 11,9 millions de documents provenant de 14 sociétés de services financiers, mettant au jour plus de 29 000 sociétés offshores. Cette enquête réalisée par l’International Consortium of Investigative Journalists (l’ICIJ), révèle les noms de plusieurs dizaines de dirigeants à travers le monde, qui ont placé d’importants investissements dans des paradis fiscaux. Ingénieur en commerce international et économiste d’entreprise, Hamed Koffi Zarour qualifie la fuite des capitaux de « crimes contre l’humanité ». Pour lui, « ce dont l’Afrique a le plus besoin, c’est de justice, et non pas de charité ». Il s’explique ci-dessous.
Hamed Koffi Zarour catégorique: « La fuite des capitaux est un crime contre l’humanité »
La fuite des capitaux constitue un problème primordial en Afrique, car elle a un impact négatif sur nos économies à capitaux faibles, voir rares. Des milliards de dollars ont été détournés de l’Afrique au cours des quatre dernières décennies. Depuis les années 1980, selon un rapport de la CNUCED, les pays africains ont perdu à eux seuls près de 2500 milliards $ en fuite de capitaux soit environ 125 000 Milliards de FCFA. Quel drame ! Quel scandale! Quel crime ! Ces sorties de capitaux recouvrent aussi bien des fuites illicites de capitaux vers l’étranger que des pratiques fiscales et commerciales illégales comme la fausse facturation des échanges commerciaux.
Dans ce domaine, la fausse facturation est l’élément essentiel de la fraude (elle consiste à minimiser les volumes ou les prix des produits afin de réduire les taxes dues aux pays où la production a eu lieu). S’y ajoutent les revenus provenant des marchés illégaux, de la corruption ou du vol. Des milliards sont envoyés vers les paradis fiscaux ou sont utilisés à des placements et achats dans les pays développés Les évidences montrent que la fuite des capitaux a considérablement sapé la croissance et le développement de l’Afrique en vidant le capital d’investissement potentiel hors du continent.
La fuite des capitaux est certes un problème d’ordre mondial qui nécessite une solution globale, mais nous africains nous devons parler d’une même et seule voix sur cette question, car nous sommes les premières victimes des détournements de nos ressources destinées au développement de l’Afrique. Nous devons mener des actions concertées afin de lutter contre la fuite de capitaux, y compris la recherche et la récupération de ces avoirs « volés », appartenant à nos pays. Cela passe inéluctablement par les décideurs africains patriotes et l’ensemble de la population qui doivent pleinement saisir l’ampleur du problème de la fuite des capitaux et de ses diverses manifestations, ainsi que ses conséquences sur le retard du développement de l’Afrique.
La triste réalité nous montre que ce sont certains enfants d’Afrique, souvent au plus haut niveau de l’appareil de nos États qui sont malheureusement, les malheurs de l’Afrique en complicité avec des prédateurs locaux et extérieurs, notamment certaines multinationales et entreprises étrangères qui siphonnent les resources indispensables pour le financement de notre développement. Ces actes doivent être assimilés à des crimes contre l’humanité et punis comme tels. Ce dont l’Afrique a le plus besoin, c’est de justice, et non pas de charité.