Historique. 34 ans après, s’ouvre ce lundi 11 octobre à Ouagadougou, le procès de l’assassinat de Thomas Sankara en absence de Blaise Compaoré, principal suspect dans l’affaire.
Affaire Thomas Sankara: Blaise Compaoré et 13 co-accusés comparaissent au Tribunal militaire
Le procès des auteurs présumés de l’assassinat du « père de la révolution » burkinabè, Thomas Sankara, s’est ouvert ce lundi devant le tribunal militaire de Ouagadougou. Bras droit de Sankara, Blaise Compaoré a toujours nié avoir commandité l’assassinat de son frère d’armes et ami intime, bien que le putsch de 1987 l’ait porté au pouvoir. Ce procès tant attendu par les familles des victimes du putsch de 1987 qui a porté au pouvoir Blaise Compaoré, se tiendra sous haute surveillance des forces de défense et de sécurité dans un pays en proie à la violence jihadiste depuis 2015.
Thomas Sankara, surnommé le « Che Guevara africain », et douze de ses compagnons ont été exécutés le 15 octobre 1987, par un commando lors d’une réunion au siège du Conseil national de la révolution (CNR) à Ouagadougou. Il était âgé alors de 37 ans. Principal accusé, Blaise Compaoré s’est maintenu au pouvoir pendant 27 ans, avant d’être renversé à la suite d’une insurrection populaire en 2014. Depuis il est parti en exil en Côte d’Ivoire. Aujourd’hui âgé de 70 ans, il ne se rendra pas à Ouagadougou pour le procès, ont annoncé, jeudi 7 octobre, ses avocats.
Selon Stanislas Benewendé Sankara (aucun lien familial avec Thomas Sankara, ndlr), avocat de la famille du leader « révolutionnaire » depuis 1997, « l’absence de Compaoré est un mépris pour la justice de son pays d’origine » et « dénote quelque part aussi sa culpabilité éventuelle ».
Qui sont les co-accusés
Mais, juge-t-il, même si ce procès « n’est pas encore le bout du tunnel, nous amorçons un virage au plan judiciaire qui est très important ». Arrivé au pouvoir par un coup d’État en 1983, parmi les quatorze accusés de la mort du président Sankara, figure aussi le général Gilbert Diendéré, 61 ans, un des principaux chefs de l’armée lors du putsch de 1987. Devenu ensuite chef d’état-major particulier du président Compaoré, le général Diendéré purge déjà au Burkina une peine de 20 ans de prison pour une tentative de coup d’Etat en 2015.
Par ailleurs, des soldats de l’ancienne garde présidentielle de Compaoré, notamment l’ancien adjudant-chef Hyacinthe Kafando, soupçonné d’avoir été le chef du commando et qui est actuellement en fuite, figurent également parmi les accusés. L’annonce du tribunal militaire de Ouagadougou, le 17 août, a fait l’effet d’une bombe dans un pays où l’évocation même de l’assassinat de Thomas Sankara fut longtemps proscrite. Le régime de Blaise Compaoré a tout fait pour bloquer les procédures judiciaires et il a fallu attendre sa chute en 2014 pour faire avancer le dossier.
C’est en effet le régime de transition démocratique qui relance l’affaire en mars 2015. En décembre de la même année, un mandat d’arrêt international est émis contre Blaise Compaoré par la justice burkinabè. Puis, en février 2020, une première reconstitution de l’assassinat de Thomas Sankara se déroule sur les lieux du crime, au siège du Conseil national de la révolution (CNR) à Ouagadougou. Le dossier a ensuite été renvoyé par le juge d’instruction devant un tribunal militaire en octobre 2020, ouvrant la voie à un procès, qui vient de débuter ce lundi 11 octobre.