Le ton est monté d’un cran entre les autorités de la transition malienne et le président en exercice de la CEDEAO. En visite à Bamako, Nana Akufo Addo a appelé au respect de la date de l’élection présidentielle en février 2022. Choguel Maiga, Premier ministre de transition a rétorqué en indiquant que son gouvernement ne saurait se précipiter pour organiser des élections qui pourrait être calamiteuses.
Choguel Maiga plaide pour « un délai raisonnable, pragmatique, pour tenir les élections »
Le gouvernement de transition au Mali est sous pression. C’est le moins que l’on puisse dire au regard de l’actualité de ces derniers mois. L’affaire de négociation entre Bamako et le groupe de paramilitaires russes Wagner a en effet suscité une véritable escalade entre les autorités françaises et les autorités de transition maliennes.
La Communuté internationale ne cesse pour sa part de presser le colonel Assimi Goita et ses collaborateurs pour le respect de la date initialement prévue pour l’organisation des élections de sortie de crise, notamment en février 2022.
C’est bien ce que Nana Akufo Addo, président du Ghana et président en exercice de la CEDEAO, est venu réitérer en se rendant à Bamako dimanche pour rencontrer le président de la transition. « Notre message est sans ambiguïté et nous l’avons clairement dit : il faut que les élections se tiennent aux dates prévues », a déclaré un membre de la délégation qui s’est rendue au Mali. Puis, il martèle : « L’objectif était de faire passer un message ferme. Et nous l’avons fait. »
La réponse à cette pression diplomatique ne s’est pas fait attendre. Si en marge de cette rencontre, des manifestants maliens, banderoles en mains, ont proclamé que « seul le choix du peuple souverain du Mali compte », l’autre réaction, quelque peu avant-gardiste, est venue de Choguel Maiga, qui a accordé un entretien à Le Monde, à la veille de cette rencontre de Bamako.
« Nous devons faire en sorte de ne plus avoir des élections contestées qui pourraient aboutir à un nouveau soulèvement ou coup d’État », a déclaré d’entrée le Premier ministre de la transition, avant d’ajouter : « Nous devons aussi faire en sorte de ne plus avoir des élections contestées qui pourraient aboutir à un nouveau soulèvement ou coup d’État. »
Aussi, avoue-t-il : « Notre souhait est de transférer le pouvoir à un gouvernement élu, mais il faut négocier avec la communauté internationale un délai raisonnable, pragmatique, pour tenir les élections. » Et ce ne sont visiblement pas les menaces de sanctions qui vont fait plier l’échine à Choguel Maiga et à son gouvernement, qui disent attendre les Assises nationales de la refondation qui se tiendront en novembre, au plus tard en décembre, pour décider du véritable délai des élections.