La dégradation de l’état de santé de la Reine Elizabeth II fait peur dans un Royaume-Uni taraudé à l’idée de perdre sa souveraine. La couronne britannique prépare sa relève, révèle Paris Match.
Comment les Britanniques vivent-ils la dégradation de l’état de santé d’ Élizabeth II ?
L’état de santé de la reine Elizabeth II inquiète le Royaume-Uni. Après un bref séjour à l’hôpital la semaine dernière, la reine Elizabeth II écope de 15 jours au moins de repos. La monarque d’Angleterre n’assurera pas de visites officielles, a communiqué la couronne royale. Mais aucune précision n’a été donnée sur son état de santé.
Affaiblie, la Reine n’a pu être présente mais livre un vibrant message d’espoir. « Notre action n’est pas pour nous-mêmes mais pour nos enfants, les enfants de nos enfants et ceux qui suivront leurs pas.» Elizabeth II a salué l’engagement précurseur de son «cher et regretté mari», le prince Philip. Son rôle se perpétue, dit-elle, «grâce au travail de Charles et de William. Je ne pourrais pas être plus fière d’eux». Une déclaration d’amour, un passage de flambeau.
Depuis quelques jours, les 95 ans – dont 69 années de règne – d’Elisabeth II semblent la rattraper et les signes de vulnérabilité se multiplient : le 12 octobre, la souveraine a été aperçue pour la première fois avec une canne, la nuit du 20 octobre, elle a été hospitalisée, et ce mardi, elle a renoncé à participer à la COP26 sur avis médical. Ajoutez à cela que la monarque a été privée de son traditionnel verre de martini le soir, là aussi pour raison médicale, et c’est tout le Royaume-Uni qui sombre dans la gueule de bois devant une évidence longtemps repoussée : non, Elisabeth II n’est pas éternelle.
Stabilité et sentiment d’immortalité
Une fatalité longtemps imperceptible pour les Britanniques. « La reine est au pouvoir depuis soixante-dix ans, il faut bien comprendre que la grande majorité d’entre nous n’ont toujours connu qu’elle depuis leur naissance », note Peter, médecin de 53 ans résidant à Manchester. Huit Britanniques sur dix sont nés après le couronnement d’Elisabeth II, paraissant aussi immuable que Big Ben, les cabines rouges londoniennes ou la pluie en hiver. La stupeur actuelle qui gagne le royaume serait donc parfaitement logique : « Quand quelque chose est là depuis votre naissance, on a du mal à l’imaginer disparaître, poursuit Peter. Pour beaucoup d’Anglais, dont moi, la reine a même survécu à nos parents, c’est dire le statut d’immortelle qu’elle a. » Peter refuse de parler de l’éventuelle disparition de la souveraine et évoque un sujet tabou dans l’hôpital où il travaille.
Ce scénario d’une mort prochaine inquiète d’autant plus que l’époque est troublée pour le Royaume-Uni, entre la crise économique et sanitaire liée au coronavirus et la crise politique liée au Brexit.
Popularité au beau fixe
Dans cette époque de crise et de division, la reine, elle, garde même de la popularité. Selon un sondage Ipsos réalisé en avril 2016, 70 % des Britanniques espéraient que la souveraine « règne le plus longtemps possible » et 76 % restaient favorables à la monarchie. Tandis qu’ une enquête YouGov menée en mars dernier révélait que 80 % des Britanniques avaient d’elle une opinion positive. Un sentiment que confirme Julia, londonienne de 27 ans et étudiante en commerce : « Boris Johnson est impopulaire et a fait n’importe quoi avec le coronavirus, les partis d’opposition sont pathétiques, la reine est la seule digne représentante de la politique britannique. »
C’est donc tout le Royaume-Uni qui se met au chevet de la dirigeante du Commonwealth.