Que pense Laurent Gbagbo de la monnaie ECO ? L’ancien président ivoirien, favorable à la création d’une nouvelle monnaie africaine, est pour la rupture totale avec le franc CFA.
Ce que Laurent Gbagbo pense de la monnaie ECO
À l’occasion du 55e sommet de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), qui s’est tenu le samedi 29 juin 2019 à Abuja, au Nigeria, les chefs d’Etat et de gouvernement ont adopté ECO comme le nom de la monnaie unique de l’organisation sous-régionale. Dans le communiqué final, la CEDEAO a réaffirmé « l’approche graduée (pour l’adoption) de la monnaie unique en commençant par les pays qui atteignent les critères de convergence ».
Depuis cette annonce, le débat est houleux autour de la création de la future monnaie. Interrogé par le journal L’Humanité, Laurent Gbagbo s’est prononcé sur l’ ECO. « J’étais en prison lorsque ce problème a été abordé. Je souhaite qu’on ait l’Eco en Afrique de l’Ouest », a dit l’ancien président ivoirien. Cependant, le fondateur du PPA-CI (Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire) a émis des réserves. Il a souhaité « qu’il s’agisse vraiment d’une monnaie africaine et non pas d’une copie du franc CFA ».
« Dans les anciennes colonies africaines, nous sommes les seuls à la France, en partant, a laissé derrière elle une monnaie. Les Britanniques n’ont pas créé une copie de la livre sterling, les Portugais non plus ! », a rappelé l’opposant historique de feu Félix Houphouët-Boigny.
Pour Laurent Gbagbo, la création de l’ ECO, « c’est le combat contre la colonisation qui continue à travers ce projet de nouvelle monnaie qui doit concerner tous les pays de la CEDEAO, qu’ils soient anglophones, lusophones, francophones ».
Il faut toutefois rappeler que des économistes ont vite fait de prédire la mort prématurée de l’ ECO. Parmi ceux-ci figure Mamadou Koulibaly, ancien président de l’Assemblée nationale ivoirienne sous Laurent Gbagbo. « Les pays CFA vont rester CFA et les autres pays vont rester tels qu’ils sont. Parce que je ne vois pas comment les pays qui sont hors CFA aujourd’hui, en 2020, vont accepter de sortir de la liberté monétaire pour venir s’enfoncer dans la servitude monétaire. Je ne vois pas comment le Nigeria, le Ghana, la Guinée et les autres pourraient accepter cela », avait-il prévenu en juillet 2019.