Ancien responsable de l’espace de libre pensée, Sénat 47, situé dans la Commune de Yopougon, Guihounou Bouazo qui a rejoint le camp de Pascal Affi N’guessan, est une figure bien connue du milieu politique ivoirien, notamment du Front populaire ivoirien (FPI), formation politique dans laquelle il milite depuis les années 90. Le 26 octobre 2016, son image a fait la Une des journaux ivoiriens et le tour des réseaux sociaux, en raison de son opposition à l’arrestation par les forces de l’ordre, de feu Aboudrahamane Sangaré. Dans l’entervue ci-dessous, le Secrétaire national chargé de l’animation du FPI, explique pourquoi il n’a pas suivi Laurent Gbagbo au PPA-CI et parle de la probable alliance entre le FPI et le RHDP du président Alassane Ouattara.
Guihounou Bouazo se lâche: « Gbagbo pouvait appeler Mamadou Koulibaly, Simone Ehivet, Affi N’guessan et d’autres pour… »
Pourquoi avez-vous choisi le FPI de Pascal Affi N’guessan et non le PPA-CI de Laurent Gbagbo, votre ex-mentor ?
Depuis que j’ai accepté le Front Populaire Ivoirien (FPI) dans les années 1990, c’était en raison des valeurs qu’incarnait le parti et non pour l’individu de Laurent Gbagbo. Gbagbo et moi sommes de la même région, du même groupe ethnique. Mais ce n’est pas cela qui m’a envoyé au FPI. Ce sont les valeurs que le parti incarne. Quand il assumait les rênes du parti, Laurent Gbagbo a dit : « Si je tombe, enjambez mon corps et continuez le combat. » Gbagbo est tombé en 2011.
Sorti de prison, Affi N’guessan, président du parti, a mené le combat sur le terrain et Gbagbo lui a fait de crocs en jambes. Non, ce n’est pas normal. Gbagbo a dit que s’il y a une situation pendant notre marche, ‘‘Asseyons-nous et discutons’’. Il revient de La Haye. Nous l’avons tous attendu. C’est vrai qu’il y avait une crise. Mais nous nous reconnaissions en lui. Il aurait dû appeler ses frères et amis. Gbagbo pouvait appeler Mamadou Koulibaly, Simone Ehivet, Affi N’guessan et d’autres pour se retrouver chez lui à Mama au village pendant une semaine, voire un mois s’il le fallait pour faire le point du combat.
« Gbagbo a trahi ses valeurs et engagements, l’essentiel du FPI et de la Gauche »
Nous étions dans la clandestinité, nous avons créé le parti, nous avons eu le pouvoir d’Etat, nous l’avons perdu. Qui est sorti vivant ou pas de cette guerre ?…Ensuite, on réoriente le combat. Ce qui n’a pas été fait. Gbagbo vient et il créé un parti politique parce que pour lui, il est l’homme à applaudir toujours. C’est lui Gbagbo, lui seul. En son temps, Gbagbo était un porte-parole du FPI. À ses côtés, il y avait des intelligences qui réfléchissaient et lui donnaient la parole parce qu’il savait la rendre. Il est éloquent. Oui, on lui reconnaît cela. Mais il a trahi ses valeurs. C’est encore Laurent Gbagbo qui a dit qu’il prendra sa retraite politique à 75 ans.
C’est la raison pour laquelle les jeunes comme nous, Mamadou Koulibaly, Affi N’guessan l’ont suivi parce que nous assumerons la relève. Mais l’âge de 75 ans est arrivé et il n’est plus prêt pour partir. Mais asseyons-nous et discutons pour réorienter le combat. Il dit éviter le caillou. Cette attitude est malhonnête et ce n’est pas trop fort. En 1990, il a traité Félix Houphouet Boigny de v…et il a dit que ce n’est pas trop fort. Il a dit hier que Alassane Ouattara est un m…, moi je dis que son attitude est malhonnête. Il a utilisé des choses que je ne peux dire ici pour faire croire qu’il combattait pour les Africains. Son attitude est malhonnête parce qu’il a trahi ses valeurs et engagements, l’essentiel du FPI et de la Gauche. C’est la raison pour laquelle, j’ai choisi le FPI et non le PPA-CI.
Probable alliance RHDP-FPI, une alliance contre nature ?
« Si une alliance avec le RHDP nous permettra d’aller de l’avant, nous le ferons »
S’il devait avoir une alliance, comme le dit Laurent Gbagbo lui-même, il n’y a pas d’alliance contre nature. Quand il y a divorce, il y a forcément mariage quelque part, à moins que vous ne vouliez plus vous marier. Le FPI était hier en alliance avec d’autres partis politiques, demain il peut être en alliance avec le RHDP. On l’a fait hier avec le RDR dans le Front Républicain, on peut le faire aujourd’hui. Nous voulons aller à la paix. La Côte d’Ivoire regorge de beaucoup de potentialités et nous avons des intellectuels pour travailler au bien-être des populations. Si ces derniers se trouvent dans des partis politiques, nous sommes prêts à travailler avec eux.
Nous voulons une Côte d’Ivoire réconciliée, unie où il y a les débats d’idées. Nous voulons refonder la Côte d’Ivoire. C’est cela le Front Populaire Ivoirien (FPI). Nous n’avons pas des ennemis, nous avons des adversaires. Si une alliance avec le RHDP nous permettra d’aller de l’avant, nous le ferons. Gbagbo qui est revenu hier de La Haye, il est allié au PDCI, nous pouvons nous allier au RHDP. On est libre. On est divorcé. On peut se remarier à qui on veut. Mais ce qui est bon au FPI, tout se décide dans un secrétariat général. Chacun donne son point de vue. Ce n’est pas le Président Affi N’guessan qui se met seul dans sa chambre et décide. Non. On débat dans le secrétariat général et on décide ensemble. Il a le quitus. Il est le porte-parole du parti