Garder la mère et l’enfant ensemble (« cohabitation »), ou les séparer après la naissance des bébés, sont toutes les deux des pratiques traditionnelles observées dans de nombreuses cultures. De plus en plus d’associations se lèvent pour porter la première approche.
Une nouvelle charte en faveur des liens entre les parents et leurs bébés dès la naissance
Au début du 20e siècle, lorsque les hôpitaux sont devenus le lieu d’accouchement principal dans les pays industrialisés, la séparation de la mère et de l’enfant s’est généralisée. Les nouveau-nés étaient séparés de leur mère, placés dans une pouponnière et ramenés à leur mère seulement pour l’allaitement maternel. La pratique de la cohabitation de la mère et de l’enfant est devenue moins courante. La proximité mère-enfant pendant la période du post-partum peut influencer directement la relation mère-enfant, ce qui pourrait avoir un impact sur la durée de l’allaitement, rapporte Madmoizelle.
L’association SOS Prema et la Société Française de Néonatalogie (SFN) ont proposé mercredi 17 novembre, la première approche, diffusée auprès de 490 services.
Pourquoi est-ce important ?
Séparer le nourrisson de sa mère après la naissance pourrait réduire la fréquence des tétées et, par conséquent, la quantité de lait produit par la mère. Alors que le nourrisson restant avec sa mère durant tout le séjour à l’hôpital téterait plus fréquemment, favorisant ainsi la proximité et le lien.
Cependant, la séparation de la mère et de l’enfant permettrait à la mère de se reposer et réduire le stress, ce qui pourrait également améliorer la production de lait. De nombreux hôpitaux ont commencé à garder la mère et le bébé dans la même chambre, en particulier depuis l’avènement de l’initiative Hôpital Ami des Bébés de l’OMS / UNICEF en 1991.
Cette revue systématique visait à établir, à partir d’essais contrôlés randomisés, si la cohabitation ou la séparation de la mère et de l’enfant après la naissance résultaient en une plus longue durée d’allaitement exclusif après le retour à la maison.
C’est pourquoi Adrien Taquet, le secrétaire d’État à l’Enfance, l’association SOS Prema et la Société Française de Néonatalogie (SFN) ont dévoilé mercredi 17 novembre une nouvelle charte, diffusée auprès de 490 services de néonatalogie en France.
Cette charte recommande une «présence continue, 24 heures sur 24, d’au moins l’un des parents » près de l’enfant. Elle prévoit aussi « la participation des parents aux soins » du bébé.
La Société française de médecine périnatale (SFMP), le Collège national des sages-femmes, l’Association nationale des puéricultrices et puériculteurs et l’Association nationale des auxiliaires de puériculture (ANAP) soutiennent ce beau projet et y ont déjà apporté leur soutien.
Pour Pierre Kuhn, chef du service de néonatologie au CHRU de Strasbourg, dont les propos sont relayés dans Le Parisien, les bébés ont besoin du contact avec leurs parents :
« Les nouveau-nés perçoivent beaucoup de choses de leur environnement, et ont besoin en particulier des stimulations qui proviennent de leurs parents pour bien se développer. »
Les parents aussi, bien évidemment, peuvent souffrir de cet éloignement précoce.
À l’heure actuelle, certaines maternités prennent en compte la théorie de l’attachement, selon laquelle un nouveau-né doit établir une relation continue avec ses parents. Mais grâce à cette charte, toutes devraient maintenant appliquer cette volonté de ne pas séparer parents et bébé.
Ils proposent dès les premières heures de vie, lorsque cela est possible bien entendu, de faire du peau à peau, de prodiguer les soins aux bébés (change, nettoyage, etc.). Les parents ont la possibilité de venir jour et nuit pour être aux côtés de leur bébé. Les professionnels de santé, notamment dans les services de néonatologie, y font preuve d’un investissement remarquable et ont à cœur de créer et de maintenir ce lien si important entre les parents et le nouveau-né.
Les parents pourront ainsi être intégrés au parcours de soin, passer du temps avec leur nouveau-né et entrer pleinement dans une parentalité qui commence parfois de façon un peu compliquée.