Les pays de la CEDEAO et de la BCEAO ont sanctionné le Mali. Celui-ci rejette énergiquement toutes les sanctions prises à son encontre avant d’appliquer le principe de la réciprocité avec les États membres de l’institution.
Les sanctions de la CEDEAO et l’UEMOA contre le Mali
Suite au chronogramme publié par les autorités de la transition du Mali sur la tenue des prochaines élections présidentielles, la CEDEAO s’est réunie dimanche. Les autorités de la transition ont décidé, après consultation des forces vives du pays, de n’organiser les prochaines élections présidentielles que dans un délai allant de 1 à 5 ans. Les chefs des États de pays membres de cette institution, à l’occasion d’un sommet extraordinaire sur le Mali, ont décidé, avec effet immédiat, d’un certain nombre de sanctions :
– La fermeture des frontières terrestres et aériennes entre les pays de la CEDEAO et le Mali,
– La suspension des transactions commerciales entre les pays de la CEDEAO et le Mali,
– Le gel des avoirs de la République du Mali dans les banques centrales de la CEDEAO,
– Le gel des avoirs de l’État malien et des entreprises publiques et parapubliques dans les banques commerciales des pays de la CEDEAO.
Le gouvernement du Mali avait visiblement anticipé ces différentes décisions comme le laisse croire son communiqué lu à la télévision par son porte-parole le Colonel Abdoulaye MAÏGA, quelques heures après la publication de la liste des sanctions.
Communiqué 007 du gouvernement de la transition.
Le gouvernement de la République du Mali a appris avec stupéfaction les sanctions économiques et financières prises à l’encontre du Mali à l’issue du sommet extraordinaire de la CEDEAO et l’UEMOA tenu le 9 janvier 2022 à Accra, en République du Ghana. Ces mesures contrastent avec les efforts fournis par le Gouvernement et sa disponibilité au dialogue en vue de trouver un compromis avec la CEDEAO sur le chronogramme des élections.
Le gouvernement du Mali condamne énergiquement ces sanctions illégales et illégitimes prises à la fois par l’UEMOA et la CEDEAO, organisations pourtant fondées sur la solidarité et l’idéal panafricain.
Curieusement, ces sanctions tombent au moment où les forces armées maliennes engrangent des résultats spectaculaires dans la lutte contre le terrorisme, ce qui n’était pas arrivé depuis plus d’une décennie. Concernant l’UEMOA, l’embargo décidé par les chefs d’États et de gouvernement applicables à un État souverain constitue une violation manifeste du traité de l’UEMOA et des statuts de la BCEAO.
En outre, le gel des avoirs d’un État et des entreprises publiques et parapubliques ne saurait être appliqué par la banque centrale qui reste un organe indépendant auquel chaque État membre a concédé son droit souverain d’émission.
Concernant la CEDEAO, le gouvernement dénonce et rejette les décisions qui ne sont fondées sur aucun texte communautaire.
La République du Mali regrette que des organisations sous-régionales ouest-africaines se fassent instrumentaliser par des puissances extras régionales aux dessins inavoués. Dans les heures à venir, le gouvernement prendra toutes les mesures nécessaires en vue de riposter à ces sanctions malencontreuses.
Le Mali étudie son retrait de la CEDEAO et de l’UEMOA
Le Gouvernement du Mali déplore le caractère inhumain de ces mesures qui viennent affecter les populations durement déjà éprouvées par la crise sécuritaire et la crise sanitaire, notamment celle de la Covid-19.
Le Gouvernement du Mali invite les populations au calme et à la retenue. Face à toutes les éventualités de déploiement de forces étrangères contre notre pays, le gouvernement appelle les forces de défense et de sécurité ainsi que la population à redoubler de vigilance et à rester mobilisées. Le Gouvernement appel à la solidarité des pays et institutions amies.
D’ores et déjà, sur la base de la réciprocité, le Mali décide de rappeler ses ambassadeurs accrédités dans les États membres de la CEDEAO et la fermeture de ses frontières terrestres et aériennes des États concernés. Le Mali tient à rassurer l’opinion nationale que des dispositions ont été prises pour assurer l’approvisionnement normal du pays par tous les moyens approprié.
Au regard des violations répétées des textes, principes et objectifs, des organisations, le gouvernement du Mali tirera toutes les conséquences et se réserve le droit de réexaminer sa participation à ces entités.
Bamako, le 9 janvier 2022.
Le Président Assimi Goïta ne se laisse donc pas impressionner par les sanctions prises par les chefs des États des pays membres de la CEDEAO. Mieux, par ce communiqué, il démontre avoir anticipé la prise de ces sanctions instiguées par des puissances extérieures à l’Afrique, probablement la France qui exerce sur le régime malien une forte pression pour obtenir un chronogramme des élections qui marquerait l’arrivée d’un civil au pouvoir. Soutenu par son allié russe, la république malienne pourrait battre sa propre monnaie pour poursuivre ses échanges avec les pays amis. Ces sanctions poussent, au contraire de ce qu’espéraient les dirigeants des pays de la CEDEAO, le Mali vers une marche solitaire qui lui permettra d’affirmer un peu plus son indépendance.