En Côte d’Ivoire, des dossiers judiciaires, incriminant des leaders de l’opposition, dévoilés par le procureur d’ Abidjan ravivent les tensions entre le parti du président Alassane Ouattara et ses adversaires politiques.
Côte d’Ivoire : Dialogue de sourd entre pouvoir et opposition autour du dialogue politique
En Côte d’Ivoire, la tension est de nouveau montée d’un cran entre le pouvoir et les partis politiques d’opposition. Le pays a pourtant connu, depuis ces derniers mois, un climat sociopolitique relativement calme en raison des nombreux gestes d’apaisement posés de part et d’autre. Mais la publication d’un rapport d’enquête sur les crimes commis lors de la présidentielle de 2020 qui met en cause les principaux leaders de l’opposition a ravivé les tensions.
Publié le 27 décembre par le procureur près le tribunal de grande instance d’Abidjan, Richard Adou, le dossier d’une soixantaine de pages estime que l’appel au boycott et à la désobéissance civile lancé par Henri Konan Bédié a été « l’un des déclencheurs » de la crise qui a fait officiellement 85 morts et plus de 500 blessés.
Plusieurs autres personnalités, comme Pascal Affi N’Guessan, à la tête du Front populaire ivoirien (FPI), Guillaume Soro, l’ex-président de l’Assemblée nationale, ou encore Simone Gbagbo, l’ex-première dame et autres Hubert Oulaye du PPA-CI de Laurent Gbagbo, sont citées. Si pour l’opposition, la priorité est de donner une chance à l’aboutissement du dialogue politique en vue de parvenir à une Côte d’Ivoire réconciliée et en paix, l’on estime du côté du parti du président Alassane Ouattara, « que la recherche de la vérité sur les faits qui se sont produits en Côte d’Ivoire au cours de la période ciblée par les enquêtes n’est pas inconciliable avec la réconciliation, encore moins le dialogue politique ».
Adjoumani (RHDP) : » Que justice soit rendue aux victimes »
Kobenan Kouassi Adjoumani, qui dans une déclaration, s’est exprimé au nom du parti présidentiel, s’est dit outré par les récentes sorties de l’opposition. Le porte-parole du RHDP a en effet jugé inacceptable la position de l’opposition, qu’il accuse de vouloir se servir de ce dialogue politique pour « s’assurer une immunité juridictionnelle et une impunité ». Il exige par conséquent que justice soit rendue aux victimes des violences occasionnées par le mot d’ordre de désobéissance civile conformément aux textes en vigueur et que les décisions qui seront prises à l’issue de ces procédures en cours s’imposent à tous.
L’opposition dénonce en effet le timing avec lequel a été publié ce rapport. Dans la déclaration conjointe PDCI-PPA-CI, l’opposition suspecte le régime de manœuvrer en faveur d’un sabotage du dialogue politique inter-ivoirien qui, faut-il le notifier, peine d’ailleurs à connaître son démarrage effectif. Pourtant, estiment les partis de Laurent Gbagbo et d’ Henri Konan Bédié, il ne saurait y avoir de priorité plus élevée que la recherche de la réconciliation nationale et de la paix, « but ultime attendu du dialogue politique qu’appellent à l’unisson nos compatriotes ».