Au Mali, des populations sont sorties dans la rue pour protester contre les sanctions de la CEDEAO. La manifestation a regroupé plusieurs organisations de la société civile, des partis politiques et des syndicats d’enseignants hostiles à l’organisation sousrégionale.
Au Mali, aucune voix significative n’approuve les sanctions de la CEDEAO
Après la grogne sourde dans les grins, ces lieux informels où se retrouvent les hommes pour boire le thé, les Maliens sont descendus dans les rues ce vendredi matin, rangés derrière le colonel Assimi Goïta, président de laTransition et son Premier ministre Choguel Maïga.
Pour prouver son assise populaire, le gouvernement de transition a décidé, lors d’un Conseil des ministres extraordinaire lundi 10 janvier, d’appeler l’ensemble de la population et de la diaspora à une mobilisation générale sur toute l’étendue du territoire ce vendredi. 3Cela va être un raz-de-marée humain » , prédit une source proche du pouvoir.
Des partenaires importants comme la France, l’Algérie, les Etats-unis et le Royaume-Uni ont ajouté à la pression de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest à des degrés divers en réclamant le retour des civils dans de meilleurs délais. La junte a trouvé plus d’indulgence auprès de la Russie, la Chine ou la Guinée.
Au Mali, au contraire, les expressions de soutien à la junte se sont multipliées, faisant écho à son appel à « défendre (la) patrie ». Elles vont de pair avec les déclarations d’animosité à l’encontre de la CEDEAO et ceux qui la soutiennent.
Le ralliement derrière la junte relève autant de l’espoir de changement que de l’anxiété quant à l’impact économique des sanctions sur un pays éprouvé, disent les différents interlocuteurs de l’AFP.
Quels soutiens pour la junte ?
Nombreux sont les acteurs politico-sociaux à afficher leur soutien à la junte. La principale plateforme syndicale, l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM), a estimé que la CEDEAO et l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), partie prenante aux sanctions, ont « une fois de plus trahi l’Afrique », les traitant d’ « instruments néocoloniaux ». Les enseignants, qui avaient entamé une grève illimitée début janvier, l’ont suspendue.
L’organe tenant lieu de parlement de transition (nommé par la junte), le Haut conseil islamique (importante institution religieuse) et la Maison de la presse, association de défense des médias, ont appuyé les colonels.
Seul le Cadre d’échange, regroupement d’une dizaine de partis, a fait porter à la junte « la seule et unique responsabilité » des sanctions, tout en les regrettant.
Aucune voix significative ne s’est élevée pour approuver les sanctions de la CEDEAO
La manifestation de ce jour regroupe, entre autres, plusieurs organisations de la société civile, des partis politiques et des syndicats d’enseignants hostiles à l’organisation régionale. «Ces sanctions ne sont pas dirigées contre la junte, mais contre la population et son soutien à ce régime de transition. Tout le monde sait qu’une transition de cinq ans n’est pas tenable mais ce qui est sûr, c’est qu’il faut de vraies réformes. Sanctionner le Mali pour une question de délai, c’est totalement injuste et inhumain», a déclaré à Radio France internationale (Rfi) le président de la Coordination nationale des organisations paysannes du Mali (Cnop), Ibrahima Coulibaly.
Face au pouvoir militaire malien qui refuse d’organiser des élections générales fin février comme prévu, les pays membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest ont fait le choix de la sévérité. Dimanche 9 janvier, les dirigeants ouest-africains ont décidé d’une batterie de sanctions économiques : gel des avoirs au sein de la BCEAO, fermetures des frontières avec les États membres, suspension des transactions…