La tension entre la France et le Mali, survenue depuis la demande de Bamako au Royaume de Danemark, de retirer ses militaires de la force européenne Takuba au Mali, a atteint son paroxysme, lundi 31 janvier 2022, avec la sommation faite à l’ambassadeur français Joel Meyer, de quitter le Mali dans un délai de 72 heures. Alors qu’elle menaçait de retirer ses troupes de la force Barkhane du territoire malien si la junte au pouvoir au Mali, faisait venir des mercenaires russes du groupe Wagner, la France n’a pas mis à exécution ses menaces et reste dans le Sahel. Analyste politique, diplômé en Intelligence économique et Veille stratégique, Gilles Christ Djédjé, croit savoir les raisons qui motivent la France à vouloir coûte que coûte rester dans le Sahel, plus particulièrement dans le nord du Mali. Eléments de réponse ci-dessous.
Gilles Christ Djédjé (Analyste politique): « La France est dans le nord du Mali avec ses 4000 soldats pour la recherche du potentiel énergétique »
« Depuis 2006, une société QUATARI de consultation et d’exploration de ressources minières et gazières, a détecté une immense richesse dans les cinq blocs miniers détenus par la société Baraka Petroleum (Société Malienne). Toutes les estimations faites en cette période tournent autour de 645 millions de barils d’huile gtcf de gaz naturel. Du coup le Mali devient l’une des régions les plus prolifiques en gaz naturel du continent africain. Ces gisements sont pour la plupart situés au nord du Mali (Bassin de Taoudeni, Bassin de Tamesna…).
La raison première donc de la présence permanente des Djihadistes et autres attaques meurtrières contre les populations innocentes maliennes malgré la présence d’un fort contingent de soldats français (4000 soldats), se retrouve dans ce potentiel minier et gazier de ce pays. En effet, la France a un véritable déficit chronique en matière énergétique. Elle dépend pour 17% de sa consommation en gaz de la Russie, 23 % de la Norvège, 8% de l’Algérie, 8% des Pays-Bas, 7% du Nigeria…etc. Le Mali pourrait alors bien pallier ce déséquilibre.
« La France est à la recherche du gaz pour pallier son déficit »
Cette France qui a refusé de livrer des navires de guerre construits à Saint-Nazaire (France ) à la Russie, dépendrait de celle-ci pour sa consommation en gaz ? La même France qui est à la tête des pays européens ayant imposé un embargo sur les produits agricoles Russes, chercherait-elle les moyens d’une cohérence dans sa politique vis-à-vis de la Russie? C’est bien le député français et président du groupe parlementaire de LaRem à l’assemblée nationale française, Christophe CASTANER, suite à la flambée des prix de l’électricité et de gaz en France qui a lancé l’alerte sur France inter en septembre 2020 en ces termes :
» Il faut se résoudre à produire notre propre énergie. Parce qu’en réalité, nous achetons la quasi-totalité du gaz que nous consommons en France. » Peut-on faire la production d’une énergie sans la matière première ? Non ! La solution, c’est donc de prendre la matière première de gré ou de force ailleurs comme au Niger, au Mali et de la ramener en France. La France est à la recherche du gaz pour pallier son déficit. Elle est donc dans le nord du Mali avec ses 4000 soldats pour la recherche du potentiel énergétique. Pourtant, dans cette partie vaste du territoire malien, on comprend mal pourquoi l’Etat malien n’arrive pas à étendre son autorité. On se souvient que François Hollande avait accueilli le Président malien d’alors, IBK à GAO. Quelle injure! »
GILLES CHRIST DJEDJE, ANALYSTE POLITIQUE, Diplômé en Intelligence Economique et Veille Stratégique.