Le Cheickoul-Aïma, Ousmane Diakité, Président du Conseil Supérieur des Imâms, des Mosquées et des Affaires Islamiques en Côte d’Ivoire (COSIM), a tenu un discours robuste à l’occasion de la traditionnelle cérémonie de présentation des vœux de nouvel an des forces vives de la nation à leur Chef d’Etat, mercredi 2 février 2022 à Abidjan. Même s’il félicite le président Alassane Ouattara pour tous les progrès réalisés depuis son accession à la magistrature suprême, le guide religieux de la Communauté musulmane note que ‘’de nombreux chantiers jalonnés d’embûches existent encore’’. Ci-dessous, de larges extraits de son discours-vérité.
Le Cheickoul-Aïma, Ousmane Diakité, à Ouattara: « Nous vous encourageons à mener la lutte contre la corruption à son terme »
(…) Excellence Monsieur le Président de la République, Si beaucoup a été fait, notamment en matière de développement, de nombreux chantiers jalonnés d’embûches existent encore. Aussi, notre propos consistera t-il à vous encourager à persévérer dans les voies que vous avez, fort heureusement, déjà empruntées, afin de voir leur aboutissement heureux pour le bien de la nation tout-entière. Nous ne parlerons ici que de quelques uns dont la prise en compte contribuera, à n’en point douter, à une amélioration sensible du climat social, économique et politique. Le premier de ces chantiers, Monsieur Le Président de la République, est la reprise du Dialogue avec les différentes composantes de la classe politique et de la société civile.
En effet, dès lors que la volonté d’Allah a fait de nous les filles et fils du même pays, la recherche de la construction d’une nation forte et solidaire devient obligatoire pour tous. Pour ce faire, nous n’avons d’autres choix que de nous parler, autour d’une base commune de discussion qui ne remettra jamais en cause l’unité de la nation qui doit rester, par la grâce d’Allah, une et indivisible, prospère et solidaire. Ce qui permettra de trouver les voies et moyens d’un consensus national qui ne sera que bénéfique à nos concitoyens et, par voie de conséquence, au développement de notre pays. Dans ces conditions, nous ne pouvons qu’encourager tous les acteurs politiques, de même que ceux de la société civile, à faire preuve de sagesse et de compromis, sans compromission bien sûr, afin de préserver les acquis et garantir, nécessairement, la paix sociale et la sécurité nationale.
Excellence Monsieur le Président de la République, Le second point qui retient notre attention, est un sujet qui a fait grand bruit ces derniers mois. Il s’agit inéluctablement de la question de la moralisation de la vie sociale et économique et plus particulièrement en ses aspects de la lutte contre la corruption et la promotion de la bonne gouvernance des entreprises publiques. Nous vous encourageons à mener ce processus à son terme et instituer cette bonne gouvernance de la chose publique, et même privée, comme levier essentiel de la construction d’une société fondée sur les valeurs de solidarité et de probité.
« Travaillez à la juste redistribution des fruits de la croissance »
Excellence Monsieur le Président de la République, Le troisième point de mon intervention touche justement la question de la « redistribution des fruits de la croissance ». En effet, vous avez fait votre devoir de Président de la République de produire la croissance. Nous devons, tous, travailler à sa juste redistribution afin que les couches les plus défavorisées ressentent les effets des progrès réalisés. Vous avez lancé depuis quelques temps, le « Plan Social du Gouvernement » qui, certainement, portent ses fruits, à en juger le nombre de bénéficiaires qui ne cesse de croître. Cependant, Monsieur Le Président de la République, nous voudrions attirer votre attention sur deux exemples de vécu qui, si nous n’y prenons garde, risquent de bémoliser vos efforts d’améliorer les conditions de vie des couches les plus défavorisées :
D’une part, il s’agit de la fraude sur les instruments de mesure de commerce. Un regard bienveillant doit être porté sur le contrôle des instruments de mesure afin que le consommateur paie le juste prix pour la quantité juste. Cela contribuera à faire ressentir davantage les effets de la croissance et de sa redistribution à l’ensemble des couches sociales de notre pays. Le faisant, nous contribuerons tous à lutter en partie contre la vie chère que nous décrions. D’autre part, il s’agit de la question de l’accession au foncier urbain et à l’habitat qui devient assez difficile pour les jeunes qui débutent leur carrière. En effet, nous assistons, depuis quelques années, à ce que l’on pourrait assimiler à une bulle foncière et immobilière artificiellement créée, déconnectée de la réalité des niveaux de revenus de la majorité de la population active.
S’il est vrai que le secteur de l’immobilier est un indicateur majeur du dynamisme économique d’un pays, cela doit faire, cependant, l’objet d’un contrôle soutenu et d’une meilleure régulation afin d’éviter toutes les spéculations auxquelles nous assistons. Car, si nous n’y prenons garde, cela pourrait constituer un problème pour les jeunes et les couches défavorisées qui seraient alors relégués à la périphérie de nos villes, créant ainsi des ghettos que nous ne souhaitons pas.