Un immeuble R+5 s’est effondré dans la nuit du samedi 27 au dimanche 28 février 2022 à l’Avenue 3 Rue 16 barrée de Treichville, occasionnant 7 décès et 15 blessés. Selon le Conseil municipal de Treichville, ce sont 108 personnes constituant 17 familles, qui se retrouvent aujourd’hui sans abri. L’immeuble qui devrait être construit sur 5 niveaux, est malheureusement allé au-delà. Ce qui a causé son effondrement. « Un choc indicible », selon Bamba Alex Souleymane, Journaliste, Expert consultant en stratégies, qui dénonce la boulimie financière de certains promoteurs immobiliers.
Effondrement d’un Immeuble R+7 à Treichville: Le prix de l’irresponsabilité et de l’inconscience (Par Bamba Alex Souleymane)
C’est le choc ! Un choc indicible. La population ivoirienne en général et très singulièrement celle de Treichville est en état de commotion. L’inconscience de certains promoteurs véreux a eu raison d’innocentes victimes de leur boulimie financière. Faire du profit à tout va et sans scrupule…, voilà la devise de ces marchands des temps nouveaux, sans morale, sans remords, semble-t-il.
Leur bréviaire ne s’articule que sur quelques principes somme toute machiavéliques, comme si la fin justifiait les moyens : l’argent ici, maintenant et en vitesse, envers et contre toutes les règles d’urbanisme et de construction. Des bandits sans cœur.
Des objecteurs de conscience qui trompent les familles pour acheter à vil prix des concessions familiales dans un environnement écosystémique inapproprié depuis les temps anciens où Treichville s’appelait Anoumabo.
L’on assiste à la défiguration de l’environnement avec ces laveurs de billets sales, en d’autres termes des blanchisseurs d’argent de la filière libano-nigériane qui pourrissent l’écosystème ivoirien.
LE PRIX DE L’IRRESPONSABILITE
Le citoyen lambda consterné se pose toutes les questions et à raison. Qu’est-ce qui n’a pas marché ? Pourquoi un tel désastre ? Comment a-t-on pu en arriver là ? Qu’est-ce qui techniquement a conduit au désastre ? Les architectes sont-ils vraiment compétents ? Le promoteur et maître d’œuvre a-t-il fauté quelque part ?
Bref, autant d’interrogations sans réponses qui laissent, évidemment, la porte ouverte non seulement à toutes les interprétations possibles et à toutes les rumeurs, mais également et surtout à toutes les stigmatisations et accusations.
Car, dans le flot continu des questions, il y a celle cruciale qui est de nature à porter l’estocade : Qui a permis ? Qui a autorisé ? Et pour répondre à cette question, l’on lève les yeux vers la hiérarchie.
BRUNO KONÉ AU-DESSUS DE TOUT SOUPÇON, DÉNONCE !
C’est un réflexe semble-t-il naturel. Mais cette posture de questionnement dite naturelle et spontanée, n’est cependant pas fondée. Car, il y a un faussé énorme entre le fait d’autoriser et le fait de respecter les normes d’architecture, de construction et d’urbanisme.
Toute chose qui met automatiquement et indubitablement le ministre de la construction, du logement et de l’urbanisme. La Côte d’Ivoire est un Etat organisé. Si une autorité ministérielle doit autoriser, parapher un document, c’est à l’issue d’un processus comprenant plusieurs states de validations et de contrôles d’experts dument mandatés.
Un ministre de la république n’est pas un maçon ou un contremaître sur le chantier ou le terrain qui veillerait au bon dosage du sable et du ciment, au bon choix des calibres des fers à béton, en somme à la bonne exécution des travaux et au suivi du plan. Il est donc totalement impossible d’indexer le ministre de la construction actuel.
Bruno Nabagné Koné n’a de cesse depuis qu’il a la responsabilité du ministère de la construction d’en appeler au professionnalisme et au respect des normes de la construction même les plus élémentaires.
« Il faut prêcher par l’exemple et châtier tous les contrevants »
Homme de principe, il a engagé plusieurs réformes qui portent aujourd’hui des fruits et assainissent un secteur qui, il n’y a pas si longtemps se présentait quasiment comme un pandémonium. Lors d’une interview, il avait par exemple déclaré avec force : « Moi, devant vous, Bruno Nabagne Koné, je n’autoriserai jamais de construction sur un espace vert ». Voilà l’homme.
Il a toujours été salué pour sa rigueur et son intégrité. De surcroît, il aime les Ivoiriens et est habité par un esprit patriotique sans conteste. Les coupables sont donc à chercher au niveau de ces nouveaux marchands de sommeil qui, réunis en une véritable pègre, veulent régenter le secteur en distribuant à tour de bras des pots de vin sans respect pour toute éthique.
Ils s’accaparent avec leur argent sale toutes les parcelles qui trouvent sur le chemin, constructibles ou non et que les propriétaires (souvent les descendants des propriétaires) dans le besoin cèdent avec le seul de se partager des espèces sonnantes et trébuchantes car se sachant eux, incapables de les mettre en valeur. Et les montres irresponsables sautent sur ces opportunités qu’ils veulent rentabiliser dans les délais les plus brefs même en faisant fi de toutes les règles.
Or, l’argent peut-être roi, mais il ne garantit pas d’échapper à un danger voire à une catastrophe lorsque des normes sont enfreintes, contournées et violées contre toute morale. La plaisanterie: ça suffit. La vie humaine est au dessus de tout. Il faut prêcher par l’exemple et châtier tous les contrevants.
Bamba Alex Souleymane Journaliste,
Expert consultant en stratégies.