Ça y est ! Le rideau vient de descendre sur le dialogue politique en Côte d’Ivoire entre le gouvernement, les partis politiques et la société civile ivoirienne.
Un pas de plus pour le dialogue politique en Côte d’Ivoire
Ouvert le 16 décembre 2021, sous la présidence du premier ministre Patrick Achi, cette session du dialogue politique a vu la participation de 21 partis politiques, 26 organisations de la société civile et le gouvernement ivoirien.
Tous ces acteurs ont signé le rapport final après être parvenus à un consensus sur un certain nombre de sujets. Espérons que cette fois soit la bonne.
Pour rappel, le premier dialogue politique du pouvoir Rhdp, initié début 2019 par feu le Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, dans une atmosphère pré-électorale tendue, avait duré six mois sans réellement aboutir à un accord qui satisfasse les deux parties, surtout l’opposition. Des points de convergence ont certes été trouvés, mais les divergences demeuraient sur l’essentiel.
Lors de la dernière rencontre, le premier ministre, droit dans ses bottes, avait en moins de cinq minutes, annoncé la clôture de la session, au grand dam et à la surprise de l’opposition.
Après l’élection présidentielle contestée en 2020, le couvert fut remis pour une autre session, avec les mêmes sujets au menu, sujets auxquels aucune réponse n’avait été donnée, mais avec un nouveau premier ministre, feu Hamed Bakayoko, successeur de M. Amadou Gon Coulibaly.
Beaucoup de personnes pensaient objectivement qu’après l’élection présidentielle contestée, qui avait vu la reconduction du chef de l’État, Alassane Ouattara, les discussions seraient plus ouvertes, chaque partie lâchant du lest pour arriver à s’accorder sur un minimum.
Mais les discussions entamées n’étaient pas encore arrivées à terme, que la Cei, dont on devait discuter la recomposition pour arriver à un équilibre entre le pouvoir et l’opposition, ouvrait déjà la période de dépôt des candidatures pour les élections législatives. Cette décision a naturellement sonné le glas du dialogue politique. La Cei ne fut donc pas recomposée, la liste électorale n’a nullement pas été revue encore moins le découpage électoral tant souhaité par l’opposition.
Ce fut donc une symphonie inachevée. Et une fois encore, l’opposition fut prise de vitesse et à son corps défendant, est allée aux élections sans que ses préoccupations n’aient été prises en compte.
Dialogue politique en Côte d’Ivoire, Patrick Achi avance
Aujourd’hui, le premier ministre Patrick Achi a mené sa session jusqu’à son terme et tous les participants ont apposé leur signature au bas du rapport final.
Mais des interrogations demeurent quant à l’application des résolutions et recommandations objets du consensus obtenu.
En effet, juge et partie, le gouvernement dispose du pouvoir discrétionnaire pour donner une suite à toutes ces résolutions dans un sens comme dans un autre. Que fera-t-il ? Suivra-t-il à la lettre toutes ces recommandations ? Ou les appliquera-t-il au gré de ses intérêts.
Des précédents existent. Quand il s’était agi de revoir la composition de la Cei et de nommer un représentant de l’opposition au sein de la commission centrale, le gouvernement a de son propre chef choisi Mme Lagou Henriette qui, quelques jours plus tôt avait déposé ses valises au Rhdp !
Ensuite des doutes subsistent également, lorsqu’on a entendu le porte-parole du gouvernement affirmer qu’il n’y avait pas de prisonniers politiques en Côte d’Ivoire, or une des revendications majeures de l’opposition est la libération de ces prisonniers. S’il n’y en a pas, qui va-t-on libérer ?
En tout état de cause, pour une fois où toutes les parties sont arrivées à un consensus, croisons les doigts que l’application des résolutions prises ne donne lieu à des frictions à n’en pas finir, et que prenne fin l’éternel recommencement. Cela devient lassant, et les ivoiriens sont fatigués !
Il y a certes eu un soir en Eburnie, il y aura assurément un matin et l’ivraie sera séparée du vrai.