Le mercredi 6 avril dernier, le tribunal militaire de Ouagadougou a rendu son verdict dans le procès des présumés assassins de l’ancien président burkinabé, le capitaine Thomas Sankara.
Blaise Compaoré a fini par croire que son destin allait au-delà du Burkina Faso. Mais…
Quatorze personnes étaient dans le box des accusés, dont l’ancien compagnon de Sankara, l’ex-président Blaise Compaoré, son chef de la sécurité, Hyacinthe Kafando et le général Gilbert Diendéré. Ils ont tous été condamnés à la prison à perpétuité. Il est à signaler que Gilbert Diendéré purge déjà une peine de 20 ans de prison, pour une tentative de coup d’état, juste après le départ forcé du pouvoir de Blaise Compaoré.
La slave d’applaudissement qui a accueilli le verdict dans la salle du tribunal, est à la dimension des attentes d’une bonne partie du peuple burkinabé, ulcéré par la disparition tragique de Thomas Sankara. Le procès qui était ouvert 34 ans après la mort de celui qui pour nombre de personnes incarnait le panafricanisme, vient avec son épilogue, de mettre un terme à une époque, et parachever ainsi ce qu’avait commencé le peuple burkinabé en 2014.
Dès sa prise du pouvoir en 1987, où débuta le processus de « la rectification », Blaise Compaoré s’est attelé à se débarrasser de tous ceux qui pouvaient représenter un obstacle à son pouvoir, parce que partageant avec lui une certaine « légitimité » historique. Ainsi, Henri Zongo et Jean Baptiste Lingani ses compagnons, furent « rectifiés ».
Blaise Compaoré a été le premier à annoncer que Laurent Gbagbo finirait à la CPI
La voie de ce fait dégagé, Blaise Compaoré a régné sans partage sur le Burkina Faso jusqu’à ce que la rue de Ouagadougou, lui rappelle qu’in fine, que c’est le peuple qui donne le pouvoir et qui le reprend, quand il juge opportun de le faire. Au fil des années, l’homme s’est efforcé de se forger une image de médiateur dans de nombreux conflits, auxquels il n’était pas souvent étranger.
On l’a vu à l’œuvre dans la crise ivoirienne, alors qu’il a hébergé, nourri, entraîné et financé une rébellion qui a durablement défiguré la Côte d’Ivoire. Les mauvaises langues affirment qu’en réalité, l’homme n’était que le bras séculier de la France quand il s’agissait d’exécuter les basses besognes. On a en mémoire, qu’il a été le premier à annoncer que le président Laurent Gbagbo finirait à la Cour pénale Internationale (CPI), reprenant ainsi, les menaces à peine voilée de Dominique Villepin, alors ministre français des Affaires Etrangères.
Blaise Compaoré était également celui qui menait les discussions avec les terroristes, preneurs d’otages dans le Sahel, où il disposerait de nombreux contacts. Les mauvaises langues affirment également que des rétro commissions ont « coulé » en abondance. Les conflits au Libéria et en Sierra Léone ne lui sont pas étrangers, les mauvaises langues affirment qu’il y avait également beaucoup de diamant…
Blaise Compaoré a fini par croire que son destin allait au-delà du Burkina Faso
Médiateur dans de nombreux conflits, Blaise Compaoré a fini par croire que son destin allait au-delà du Burkina Faso. Mais pour pouvoir mener à bien le sacerdoce quasi divin qui lui est assigné, il lui fallait modifier la constitution burkinabé et rempiler pour un autre mandat. Un mandat de trop qui n’était pas au goût du vaillant peuple burkinabé.
Celui-ci le lui fit savoir de la plus belle des manières, en faisant de lui un réfugié en Côte d’Ivoire. Mais ne nous leurrons pas. Blaise Compaoré, condamné par contumace, ne purgera pas sa peine. Devenu opportunément ivoirien par une naturalisation des plus rapides, il ne peut faire l’objet d’extradition. La Côte d’Ivoire n’extrade pas ses citoyens.
C’est tout dire. Blaise Compaoré passera ses vieux jours paisibles dans son nouveau pays, d’autant plus que celui-ci lui est redevable. Toutefois, c’est une grande victoire pour Mariam Sankara, la veuve de l’ex-président du Burkina Faso et des compagnons de ce dernier.
Ceux-ci n’ont eu de cesse depuis des années, de se battre pour la tenue de ce procès, à l’effet d’élucider les circonstances de la mort de Thomas sankara, et de réhabiliter sa mémoire. C’est chose faite aujourd’hui. Blaise Compaoré fait désormais partie d’une histoire …refermée. S’il y a eu un soir au Burkina Faso, il y aura assurément un matin et l’ivraie sera séparée du vrai.