Ce samedi 23 avril 2022, la Fédération ivoirienne de football (FIF) va élire son nouveau président. Avant cette élection fatidique, Bamba Alex Souleymane a tenu à interpeller une dernière fois tous les acteurs du football ivoirien afin de préserver l’intérêt supérieur de la nation. La Côte d’Ivoire organisant la CAN en 2023, le journaliste et Expert consultant en stratégies et en Hautes études internationales, demande aux uns et aux autres de faire « preuve d’élévation, de fraternité, de respect mutuel et de grandeur ! ». Décryptage!
Élections à la présidence de la FIF: Enfin le grand jour ! (Par Bamba Alex Souleymane)
Le chronogramme fixé il y a quelques semaines, précisément le mercredi 16 mars 2022, sera, sauf changement de dernière heure, respecté. Avaient pris part à cette séance de travail entre les acteurs du football ivoirien : les clubs, les groupements d’intérêts, à travers leurs doyens d’âge, ainsi que les membres actifs représentant les potentiels candidats à l’élection du Président de la FIF et le Comité de Normalisation de la FIF.
Ce chronogramme avait ensuite été entériné lors de l’Assemblée générale extraordinaire (modificative) du mardi 5 avril 2022 ayant permis, sur recommandation de la FIFA, de procéder à la modification de l’article 47 (relatif à la question des parrainages), pomme de discorde qui avait entraîné le blocage du processus électoral devant permettre l’élection d’un nouveau président à la tête de l’instance dirigeante de notre football. Le communiqué du Comité de normalisation de la FIF, diffusé à cet effet, dont voici un court extrait, en atteste :
« Le 16 mars 2022, le Comité de normalisation de la Fédération ivoirienne de Football a tenu une séance de travail avec les clubs et les groupements d’intérêts, à travers leurs doyens d’âge, auxquels ont été associés des membres actifs représentant les potentiels candidats à l’élection du Président de la FIF. Les échanges, francs et directs, ont permis de trouver une issue pour lever le blocage lié à la question des parrainages. Il a été, à cet égard, accepté la convocation d’une assemblée générale à l’effet de statuer sur la modification de l’article 47.3(d) telle que proposée par le Comité de normalisation. »
Il est bon pour l’histoire et la mémoire, de rappeler que c’est le 24 décembre 2020 que la Fédération internationale de football association (Fifa) avait annoncé le placement sous tutelle de la Fédération ivoirienne de football (FIF), alors plongée dans une crise de succession. Cette dernière devait donc être gérée par un « comité de normalisation ». La nouvelle avait quasiment fait l’effet d’une bombe. Pendant des semaines, la presse locale et internationale en ont fait leurs choux gras :
Quid de l’installation du CONOR-FIF
« Le bureau du conseil de la Fifa a décidé de nommer un comité de normalisation pour la fédération ivoirienne de football », dont les membres seront « désignés par la Fifa et la Confédération africaine de football », indique l’instance sportive internationale dans un communiqué. « Ce comité de normalisation gèrera les affaires courantes de la fédération ivoirienne (et) révisera partiellement les statuts et le code électoral de la FIF afin de garantir leur conformité », selon le communiqué rapporté par RFI, le 26 décembre 2020. Et la même radio avait ajouté citant le même communiqué de la FIFA :
« Cette situation résulte du fait que les instances dirigeantes du football ivoirien ne sont pas parvenues à organiser une procédure électorale conforme aux exigences statutaires et réglementaires applicables à toutes les associations membres de la Fifa », explique l’instance. Le comité de normalisation agira en qualité de « commission électorale pour l’organisation de l’élection d’un nouveau Comité exécutif de la FIF ». C’est dire que la FIFA-CAF tenait à diriger les débats en s’impliquant dans le processus. Ces instances ont ainsi procédé à la nomination du Comité de normalisation le 14 janvier 2021 qui a été installé officiellement le 21 du même mois.
Le mandat du CONOR-FIF qui devait s’achever au plus tard le 20 décembre 2021 avait été prorogé. Cette implication de la FIFA-CAF perçue par d’aucuns comme une intrusion non nécessaire au fin de favoriser un ou des candidats, a suscité des commentaires qui n’en pas manqué de mettre le feu au poudre ou de l’huile sur le feu. En ma qualité d’Ivoirien sociable, fraternel et, aimant son pays, le sport en général et, le sport roi qu’est le football en particulier.
Aussi en ma qualité de journaliste professionnel qui a animé des chroniques autant que des émissions sportives ; en ma qualité d’ancien membre du Comité exécutif de la FIF (pendant près d’une dizaine d’années sous la présidence de Jacques Anouma), plus encore en ma qualité de Commandeur dans l’ordre du mérite sportif, je me suis senti interpellé et ai pris ma part, au débat hélas trop passionnés à travers des contributions très relevées et appréciées sur les planètes ou le foot est roi : ici et dans les autres pays du globe terrestre.
Le football est un univers aux profondeurs abyssales
Mes propositions ont fait mouche. A commencer par la clarification sur le rôle de la FIF-CAF, dans cette affaire qui a fini par prendre des proportions inquiétantes. A preuve, cet extrait de ma chronique « Ce que je crois » intitulée FIF : ELECTION AUX FORCEPS. Entre réalités et fictions, atteste de ma prise de position qui a permis du reste, de rééquilibrer les rôles et d’interpeller les consciences : « Après avoir été pendant longtemps, sous l’emprise de forces obscurantistes et mafieuses, le foot de Côte d’Ivoire reprend du poil de la bête. L’O.P. A projeté par la FIFA-CAF, a échoué. L’extrême vigilance des artisans et partisans objectifs du foot opium du peuple, a permis de déjouer le traquenard juridico-mafieux que, la FIFA et la CAF avaient malicieusement ficelé pour assouvir leurs funestes desseins de dominium sur notre football.
Certes, on ne saurait occulter le fait de dissensions, désaccords, querelles de clochers… De telles réalités, il en existe de par le monde depuis que la Terre est Terre. Le football est un univers aux profondeurs abyssales. Mais existait-il des blocages, des impedimenta aussi insurmontables qui justifiaient que, le sort fait à notre foot fut autant détestable ? Comme si le football venait de naître ici, chez nous, sur un pays déjà pourtant deux fois étoilé ? Non, nous avons bien fait de nous mobiliser et, de dire non au diktat d’institutions qui, en réalité, en savent moins sur notre football qu’ils osent le faire croire. Des institutions qui ont prouvé en certaines circonstances qu’elles n’étaient pas irréprochables sur certains aspects. »
Mon second « chantier » a été d’alerter et d’appeler à l’apaisement au regard de l’atmosphère surchauffée, déliquescente et délétère que suscitait cette élection. Le football étant par essence et définition un sport populaire, il attise d’emblée et naturellement les passions. Il importait donc que les « États-majors » de chacun des candidats, leurs supporters et sympathisants mettent de l’eau dans leur vin afin de faire baisser la température. J’ai eu également dans ce sens à interpeller les politiques au regard de la dérive haineuse et ethnocentrique que je constatai.
J’ai interpellé les Ivoiriens à la modération du langage pour éviter la montée de la violence, à la courtoisie dans les échanges. Je ne pouvais également m’abstenir d’interpeller les acteurs des médias, qui ont un pouvoir énorme car ils peuvent forger les opinions et les faire basculer dans telle ou telle direction. J’ai, grâce à ma légitimité populaire, appelé les journalistes, femmes et hommes des médias à l’objectivité, à la neutralité, en somme au professionnalisme.
Le gagnant de cette course à la Présidence de la FIF, ne sera pas seulement l’un des principaux candidats en lice…
Ce 23 avril 2022, les yeux des Ivoiriens et même du monde officiel du football (vu le rôle impactant que la FIFA et la CAF ont joué dans le dénouement de la crise), sont tournés vers notre capitale Yamoussoukro. Nos contributions ont permis, humblement, de faire baisser le thermomètre et de rappeler que la beauté du football, au-delà de la victoire, des buts, des gestes techniques, de la jubilation des supporters, c’est d’abord aussi et avant tout, le fair-play. Ce qui va se passer ce 23 avril 2022, au pied de la Basilique Notre Dame de la Paix de la Yamoussoukro, ressemble de loin ; à ces fameux derbys que notre pays a connus jadis :
Asec-Africa ; Africa-Stade, Stella-Stade, Asec-Stella etc. qui ont toujours enchanté les milliers de supporters et créé une saine émulation. Nos candidats se connaissent depuis bien longtemps contrairement aux apparences. Leur objectif, si l’on se réfère à leurs programmes respectifs, c’est le développement du football ivoirien. C’est de bon augure mais que de passions, de frictions, de piques et de bagarres d’épiciers. Nous déplorons ces pugilats et écarts de comportement. Notre pays a une CAN 2023 en cours de préparation et d’organisation. De grands challenges pour notre pays, pour notre football et nos Eléphants.
Le nouveau Président, son Comité exécutif, ainsi que tous les acteurs du football de notre pays sont interpellés. En définitive, le gagnant de cette course à la Présidence de la FIF, ne sera pas seulement l’un des principaux candidats en lice, mais bien ; la Côte d’Ivoire réconciliée apte et prête à remporter sa 3e étoile et, le Mondial (peut-être dès la 23e édition, après celle du Qatar, la 22e, à laquelle nous ne participerons pas). Cela n’est qu’un intermède que rapidement, grâce à l’unité retrouvée nous refermerons assez vite.
Bref, nous devons rêver grand. C’est cette vision qui doit habiter le futur Président de la FIF avec les Ivoiriens qui en chœur ; souhaitent voir briller à nouveau les Eléphants sur l’Afrique et… pourquoi pas ; le toit du monde. Faisons preuve d’élévation, de fraternité, de respect mutuel et de grandeur ! Sous réserve que l’attestation d’intégrité préconisée par la FIFA-CAF ne devienne-t-elle un goulot d’étranglement ? Son exigence n’est-elle pas une source de conflit potentiel ? Pourquoi, est-ce à la Côte d’Ivoire ; que l’on impose une telle clause confligène.
Bamba Alex Souleymane
Journaliste professionnel Expert consultant en stratégies et en Hautes études internationales