La rupture ! Voilà ce à quoi s’attendaient des milliers d’ivoiriens, depuis quelques années, relativement à la présidence de la Fédération Ivoirienne de Football (FIF).
Drogba aura eu le mérite d’avoir boosté l’élection du président de la Fif, qui jusque-là, se déroulait dans l’indifférence totale, juste parce que c’était entre « copains »
Il en va de la vie des hommes comme celle du sport et particulièrement celle des associations sportives. Quand vous avez l’impression de ne pas avancer, Quand tout semble reculer et vous échapper Quand vous avez l’impression de faire du surplace Quand l’horizon semble s’assombrir, Alors il faut oser, Oui oser Mais oser quoi ? Il faut oser la rupture. La rupture ! Voilà ce à quoi s’attendaient des milliers d’ivoiriens, depuis quelques années, relativement à la présidence de la Fédération Ivoirienne de Football (FIF). En effet depuis de nombreuses années, des querelles intestines au sein de l’instance dirigeante du football ivoirien, ont plombé le fonctionnement de celle-ci.
Des querelles entre les dirigeants de la FIF et des présidents de clubs ont jalonné la gouvernance de l’ex-président, feu Sidy Diallo. Depuis des années également, les supporters se sont détournés du chemin des stades, et les joueurs ont pris le pli de jouer devant des gradins vides. Le championnat ivoirien, insipide, n’attire plus grand monde, et les résultats des clubs ivoiriens engagés dans les compétitions africaines ne sont guère reluisants. Que dire de l’équipe nationale ? Après avoir tutoyé la hiérarchie du football africain pendant un certain moment, l’équipe nationale a plongé la tête première, dans la lagune Ebrié dont le fond boueux, l’immobilise dans une posture d’immersion.
Elle nage désormais dans les profondeurs du classement, éliminée pour la phase finale de la coupe du monde, elle n’a pas pu franchir les quarts de finale de la dernière coupe africaine des nations. Au regard de ce qui précède, nombreux étaient les ivoiriens qui appelaient de tous leurs vœux, un changement de cap, et surtout une rupture avec les pratiques et le management ancien, qui avaient montré leurs limites. Il fallait arriver à une professionnalisation à divers niveaux du football ivoirien, pour espérer retrouver le lustre d’antan. C’est ce qui explique l’engouement et la passion qui ont entouré l’élection du nouveau président de la Fédération Ivoirienne de Football.
La présence de Didier Drogba a donné un caractère particulier à cette élection
Cela n’avait jamais été observé auparavant. Si des trois candidats, Sory Diabaté et Idriss Yacine Diallo sont des figures connues dans le sillage de l’instance dirigeante de notre football depuis des lustres, la présence de Didier Drogba a donné un caractère particulier à cette élection. Sa candidature était vue comme l’élément catalyseur qui devait déboucher sur la rupture voire la renaissance, et son élection comme le début d’une ère nouvelle, rompant avec ce qu’il a été donné de voir depuis des décennies. Beaucoup d’ivoiriens avaient espéré voir Drogba à la tête de la fédération, pour lui donner un nouvel allant, une nouvelle orientation par la capitalisation de sa renommée internationale.
Malheureusement, le soutien populaire n’a pas suffi, d’autant plus que ce n’est pas le peuple qui vote, mais « 81 heureux élus » qui décident pour tous. Ceux-ci viennent de porter leur choix sur Idriss Yacine Diallo. C’est le lieu de le féliciter et de lui souhaiter une grande réussite. Les défis qui l’attendent sont nombreux. Quant à Didier Drogba, il aura eu le mérite d’avoir boosté l’élection du président de la Fif, qui jusque-là, se déroulait dans l’indifférence totale, juste parce que c’était entre « copains ». Il vient de vivre l’expérience d’une élection dont il ne connaissait pas « les rouages », qu’il pourra capitaliser dans quelques années.
C’est une bataille perdue, mais ce sont les semailles pour l’hivernage à venir. La rupture tant attendue par les ivoiriens n’a pas eu lieu parce que les « 81 heureux élus » qui décident pour tous, n’ont pas …osé. Et c’est dommage ! Le navire de la nouvelle Fif vient d’être mis à l’eau, il ne nous reste plus qu’à lui souhaiter bon vent pour demain. Demain est certes un autre jour, mais demain arrive toujours et l’ivraie sera séparée du vrai.