Président du Directoire du RHDP, Gilbert Koné Kafana veut imprimer sa marque au parti présidentiel. Lors d’une récente réunion avec les responsables du parti, le N°2 du RHDP a fait part de sa vision de remettre le militant au coeur du parti et de donner une identité propre au RHDP. Mais, pour Traoré Brahima, enseignant et leader de jeunesse du RHDP, le président du Directoire doit faire preuve d’une nouvelle approche face aux cadres et militants du parti. Son décryptage!
Traoré Brahima (RHDP) à Koné Kafana: « La stratégie doit changer. Nous sommes au pouvoir depuis 10 ans »
Le ministre d’État Koné Kafana n’est pas arrivé au directoire du RHDP par figuration. Il le mérite bien dû à son passé. Il a été le maître d’ouvrage dans les années RDR. Secrétaire en charge de l’organisation et de l’implantation du parti, le ministre a implanté le RDR sur l’ensemble du territoire ivoirien. Et cela nous a valu le pouvoir d’État en 2010. C’est au regard du résultat de ce grand travail que le président Alassane Ouattara l’a investi à nouveau de sa confiance pour mieux réorganiser le Rhdp. Que faut-il savoir? L’enjeu est il le même? Est-ce qu’il faut utiliser la même stratégie? Il faut savoir qu’il y a problème à la base. Le Rhdp souffre énormément. Et cela est dû à sa composition et à son découpage sur terrain.
Voilà qu’hier un officier de la douane disait que le discours qu’« ils viennent de tenir, le choque ». C’est bien la preuve qu’il y a problème. Mais le président du directoire, dans son travail technique, a banalisé le point de vue de ce cadre. Voilà en réalité ce qui va beaucoup coincer le travail une fois sur terrain. L’enjeu n’est plus le même. Si hier le ministre Koné Kafana a réussi son travail d’implantation aussi facilement, c’est parce que le militant du RDR devait défendre son identité culturelle et nationale. Il fallait lutter contre son rejet et toutes formes d’exclusions. Le désir et la volonté de conquérir le pouvoir étaient une mission absolue. Ce qu’il faut reverser aujourd’hui, c’est la déconnexion entre l’hiérarchie et la base.
C’est la déception au niveau de la base. En gros, les attentes pour le pays sont en bonne voie grâce à la vision éclairée de SEM Alassane Ouattara. Mais le rapport entre les militants et les cadres désormais est atteint de la mauvaise gestion. Positionnement entre les cadres. Conflits jamais traités en faveur de la base. Des choix opposés à la vision de la base. Tout cela a mis hors la confiance entre le militant et son responsable politique. Désormais, c’est un militant déçu totalement et n’est plus prêt à soutenir la forfaiture. Il préfère que donner sa voix à l’élection présidentielle et non aux élections locales où il ne trouve aucun intérêt. Le ministre doit revoir sa matrice d’action.
« Désormais, nous sommes en face des militants déçus de leurs cadres »
Il ne suffit pas de dire le militant au cœur du parti. Il faut prendre en compte les véritables préoccupations des militants. Encore des cadres hier ont insisté sur les litiges, le ministre a balayé ces propositions de la main. Attention une fois de plus. Il faut en tenir compte. Il faut vouloir toujours bâtir une bonne maison avec de vrais piliers. Il faut toujours diagnostiquer. Le mal est profond. Réglons ces petites questions afin de dérouler la nouvelle machine. Voilà bien Yopougon qui en est l’illustration. Un environnement malsain. Deux cadres pour un même fauteuil. Tu iras vers les militants pour beau parler des nouvelles dispositions mais sache que cela ne changera rien des positions des militants qui votent.
Et cette situation est monnaie courante partout dans nos bases ( Abidjan, intérieur) la plupart de nos défaites viennent de là. La défaite de Yopougon, d’Anyama, de Port-Bouet, de Ferkessedougou… Des indépendants de notre parti nous gagnent et nous font perdre souvent au profit de l’opposition. La stratégie doit changer. Nous sommes au pouvoir depuis 10 ans. Le discours doit changer contrairement quand nous étions à l’opposition. Voilà pourquoi la stratégie doit également changer. Désormais, nous sommes en face des militants déçus de leurs cadres.
Nous sommes en face du mauvais choix et nous sommes en face des militants qui sont encore sur le carreau et même des militants qui ont vu leurs parents mourrir et rien a été fait pour eux. Rien ne consistera à rendre le discours dur. Toutes les propositions sont bonnes et à prendre en compte. Pourquoi pas une mission d’évaluation d’abord ? Après une mission de règlement de différends et enfin une mission technique. Le plus important, c’est de faire en sorte que le militant retrouve sa place. Et cela n’est possible que dans la vérité en prenant en compte ses préoccupations.