Des acteurs de la justice, notamment des magistrats, des avocats, des commissaires de justice, des greffiers ont pris part samedi 21 mai 2022 à l’occasion du « Café Saint Yves » du Centre international pour le développement du droit (CIDD) à Abidjan, à un panel portant sur « La qualité de la Justice ».
Côte d’Ivoire: « La qualité de la Justice » au centre un panel initié par le CIDD
« Nous sommes réunis pour voir si notre bonne vieille mère va bien ! Si non, que faire pour qu’elle aille mieux », a situé le président de l’Université des Lagunes, le magistrat hors hiérarchie, Dr François Komoin. Il a contextualisé le thème en ce sens que la Justice doit prendre en compte « le processus de normalisation » et « le juge doit sortir de son rôle classique pour devenir un manager ».
En tant que panéliste, le directeur de cabinet du ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Kouassi Bernard a assuré que l’Etat travaille à davantage améliorer la qualité de l’accès à la justice.
« Nous travaillons à former les acteurs de la justice pour qu’ils rendent de bonnes décisions et nous travaillons aussi à ce que les décisions rendues puissent être appliquées pour que les justiciables puissent bénéficier des droits qui leur sont reconnus », a indiqué le collaborateur du ministre Sansan Kambilé.
Selon M. Kouassi, plusieurs formations sont organisées au profit de tous les acteurs de justice pour garantir le renforcement des capacités.
« Nous venons d’adopter un nouveau statut de la magistrature dans lequel il est prévu que chaque magistrat, chaque année doit avoir des formations. C’est un chronogramme de sorte que chacun puisse faire la formation. Ces formations vont faire l’objet d’un contrôle par l’inspection des services judiciaires pour savoir si chacun a effectivement fait la formation qu’il devrait faire », a-t-il expliqué.
Pour le bâtonnier de l’Ordre des Avocats, maître Claude Mentenon, « l’état des lieux est en situation de s’améliorer ». Selon lui, la qualité de la justice est assujettie à « une vraie volonté politique à la base, une vraie volonté débridée, un investissement politique, financier, économique, humain pour ne pas que tout ce qui est dit soit des vœux pieux ».
Le politique, a estimé Me Mentenon, doit travailler à augmenter le budget de la justice à 1% du budget de l’Etat, améliorer la cartographie, améliorer le nombre de magistrats, mieux éduquer les acteurs de justice, les rendre plus compétents, leur donner les moyens.
« Il faut à la base assainir l’école, que le mérite soit réinstauré dans notre pays, que la médiocrité qui est érigée certaines fois en mode de promotion de mon point de vue, soit totalement abandonnée. En réalité, il faut une véritable mue, une véritable transfiguration, une véritable transformation de notre mentalité en rapport avec l’intérêt général qui doit se manifester au niveau de la justice », a-t-il exprimé.
De son côté, la présidente de l’Union nationale des Magistrats de Côte d’Ivoire (UNAMACI), Fatou Diakité, a estimé que des efforts sont certes faits mais restent à poursuivre. « Chaque pays a la justice qu’il mérite. C’est-à-dire pour avoir une bonne justice, il faut avoir des infrastructures dignes pour accueillir les juridictions, il faut avoir des textes qui sont bons », a-t-elle assuré.
« Aujourd’hui, on a un nouveau statut qui est bien, révolutionnaire par rapport à ce que nous connaissons ailleurs. Il faut également que le personnel judiciaire, magistrat, avocat, commissaire de justice, greffier, que tout le monde puisse être formé afin de s’approprier les différents textes qui doivent servir de base aux décisions de justice et que les décisions soient rédigées comme il faut, qu’elles soient comprises par ceux à qui s’adresse, c’est-à-dire les justiciables », a poursuivi Mme Diakité.
Pour le Doyen de la faculté de l’Université Alassane Ouattara de Bouaké, Silué Nanga, la disposition des infrastructures et la qualité de la ressource humaine à travers la formation sont des conditions à réunir au profit de la justice. « On doit travailler à la formation des acteurs. Il revient à la chancellerie de mettre en place les processus. Il faut qu’on s’entende pour former », a déclaré l’universitaire.