En conférence de presse avec son homologue français Emmanuel Macron, le président du Cameroun Paul Biya, réélu pour un 7ème mandat de 7 ans le 7 octobre 2018 avec 71 % des voix, adopte toujours la stratégie du moindre mot sur sa succession à la tête du Cameroun.
Cameroun: Conférence de presse du Président Emmanuel Macron et Paul Biya
Les questions délicates relatives à l’état de droit et surtout l’extraordinaire longévité de 40 ans de Paul Biya au pouvoir au Cameroun, ont été évitées par Emmanuel Macron jusqu’ à cette question pertinente d’une journaliste de Rfi, à laquelle le vieux Paul a mis du temps pour répondre.
À la question de la journaliste qui souhaitait savoir si le président camerounais se représenterait en 2025, celui-ci a d’abord répondu qu’il « n’entendait pas », avant d’assurer que le « Cameroun est dirigé conformément à sa Constitution ». « Quand ce mandat arrivera à expiration, vous serez informés sur le point de savoir si je reste ou si je vais au village », a-t-il indiqué, sans rien ajouter.
Aucune autre annonce forte n’a été faite à l’issue des échanges entre les deux présidents. Emmanuel Macron assure qu’il parlera des questions de démocratie avec des jeunes représentants des sociétés civiles françaises et camerounaises plus tard dans la journée. Il devait assurer une rencontre sur ce thème à Étoudi, le village de Yannick Noah, avant de s’envoler le 27 juillet vers le Bénin puis la Guinée-Bissau.
Franck Biya fils, le successeur providentiel du patriache Paul Biya ?
Malgré un état de santé manifestement dégradé depuis quelques années, Paul Biya continue de donner le sentiment d’administrer seul le pays, en s’appuyant certes sur un cénacle très restreint mais dont il nomme et bannit impitoyablement les membres à sa guise. Les plus chanceux ont connu la disgrâce, d’autres la prison.
Au pouvoir depuis 1982, il ne fait plus que de brèves apparitions publiques, manifestement à la peine pour se déplacer, et ses rares discours enregistrés sont prononcés laborieusement.
Dès lors, la rumeur enfle régulièrement sur un Paul Biya mort ou moribond, démentie à chaque fois par une vidéo ou des photos, tandis que parler de sa succession est tabou, même pour les plus proches. Personne n’a jamais osé sortir du bois, ni même esquissé, du moins publiquement, la moindre intention.
Le candidat qui sera promu par le tout-puissant Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) de M. Biya sera sans nul doute élu, comme le fut M. Biya, sept fois sans coup férir au nom du RDPC. Serait-ce-t-il Franck Biya fils? Wait and see.