Le bras de fer diplomatique entre Abidjan et Bamako dans l’affaire des 49 soldats ivoiriens inculpés au Mali, dépeint sur la société. Plusieurs spectacles d’artistes maliens ont été annulés à Abidjan.
La culture, otage de l’escalade dangereuse entre le Mali et la Côte d’Ivoire
Après l’inculpation des 49 militaires ivoiriens accusés de tentative d’atteinte à la sûreté de l’Etat et de complot contre le gouvernement malien, les relations bilatérales entre le Mali et la Côte d’Ivoire, ont pris un virage dangereux.
Si les ressortissants de chacun des pays n’ont été inquiétés jusque-là, les manifestations, en revanche, dans plusieurs quartiers d’Abidjan en Côte d’Ivoire, se sont multipliées ces deux derniers jours.
Le lundi 8 août 202, Kei Côte d’Ivoire , leader politique ivoirien de droite, a appelé à des manifestations devant l’Ambassade du Mali à Abidjan pour demander la libération immédiate des soldats ivoiriens.
Plusieurs dizaines de jeunes ont répondu à l’appel et se sont rassemblés près du Grand Hôtel au Plateau, quartier des affaires de la capitale économique ivoirienne qui abrite le consulat du Mali. Une première dans l’Histoire entre le Mali et la Côte d’Ivoire où les Maliens sont fortement représentés.
Le sit-in aux allures de soutien patriotique a donné lieu à des propos désobligeants à l’endroit de la junte militaire et empêchant ainsi une artiste malienne de tenir un concert.
En effet, les 13 et 14 août, des jeunes réunis au sein de la Coalition Nationale pour le Sursaut (CONASU) ont empêché deux artistes maliens de se produire à Abidjan par rapport à la détention par le Mali de ces 49 soldats ivoiriens.
Abdoul Awassa et ses camarades ont annulé les concerts respectifs de Toumani Touré et de Mariama Bah Lagaré. Alors que cette dernière était attendue pour son spectacle le dimanche 14 août, la CONASU et ses militants avaient organisé une manifestation devant le palais de la culture de Treichville. Jetant, du coup, un risque de débordement pour ce spectacle.
Le leader de jeunesse et sa suite ont, ensuite, fait une procession du palais de la culture à la garde républicaine où un meeting fut tenu.
Prenant la parole, Awassa Abdoul a insisté pour préciser que la manifestation de ce jour n’est pas dirigée contre le peuple malien, mais plutôt contre le comportement de la junte malienne au pouvoir. Estimant que l’image de la Côte d’Ivoire est fortement entamée par les accusations portées contre elle.
La réplique ne s’est pas fait attendre du côté de Bamako, le même jour, avec la Fédération des organisations et des regroupements de soutien aux actions de la transition (FORSAT-CIVILE).
La plateforme a accusé la CONASU de vouloir instrumentaliser le peuple ivoirien en l’engageant dans une guerre diplomatique entre les autorités malienne et ivoirienne. Une lutte qui ne concerne nullement les sociétés civiles des deux pays.
La FORSAT civile, dans son communiqué, condamne avec la dernière rigueur cette volonté d’instrumentation du dossier des 49 soldats, avant de réitérer son soutien indéfectible aux autorités de la transition du Mali dans la gestion dudit dossier.
Rappelons que le 1er Septembre 2020, des jeunes maliens sont sortis pour manifester devant l’Ambassade de la Côte d’Ivoire à Bamako pour dénoncer l’embargo de la CEDEAO sur le Mali suite au coup d’Etat orchestré contre le pouvoir d’Ibrahim Boubacar Keita.