Rodchenkov Act, une loi controversée et capable de plomber la lutte anti-dopage avec des risques démesurés sur le sport mondial de haut niveau, estime le Réseau « Alertes et Actions » dans une déclaration lue le samedi 20 août 2020, au cours d’une conférence de presse à Abidjan.
Rodchenkov Act : Les athlètes africains seraient vulnérables à cette loi, selon le Réseau « Alertes et Actions »
Réseau « Alertes et Actions », une association citoyenne composée de journalistes, fustige et interpelle les athlètes et les fédérations sportives du monde et plus particulièrement ceux des Etats africains sur les dangers que peut représenter le Rodchenkov Act.
Adoptée et promulguée aux États-Unis par l’administration de Donald Trump le 4 décembre 2020, “le Rodchenkov Act donne à la justice américaine le droit de poursuivre hors de ses frontières toute personne impliquée dans une affaire de dopage, quelle que soit sa nationalité, pourvu qu’elle nuise aux intérêts des sportifs américains”, a indiqué le président du réseau, Alphonse Camara. Les athlètes courent jusqu’à 10 ans d’emprisonnement ferme, a-t-il précisé.
A en croire l’association, le texte qu’elle se donne aujourd’hui les moyens d’en faire une large diffusion auprès des autorités sportives et étatiques, avait été accueilli avec scepticisme par de nombreux acteurs internationaux dont l’Agence mondiale antidopage (AMA).
“Ce texte à caractère extraterritorial” mais qui “ne s’applique pas aux Etats-Unis” constitue une réelle menace de la souveraineté des autres Etats du monde.
“Le Réseau « Alertes et Actions » estime que le Rodchenkov Act ne peut ou ne doit pas être imposé à la communauté sportive mondiale, voire du continent africain en particulier”, a souligné dans sa lecture de la déclaration, Kalil Adamah, journaliste sportif proche de Didier Drogba.
Un texte unilatéral
“L’AMA, en effet, avait tenté de s’y opposer, craignant qu’il ne sape sa capacité à accomplir sa mission de régulateur global de l’antidopage” en s’appuyant sur la convention de l’UNESCO qui fournit un mécanisme d’assistance aux États parties. Lequel mécanisme leur permet de concevoir et mettre en œuvre des projets spécifiques de renforcement des capacités antidopage, d’éducation et de politique à travers le Fonds pour l’élimination du dopage dans le sport, soutient le Réseau “Alertes et Actions”.
L’instance redoute notamment que cette loi n’encourage d’autres pays à créer leur propre juridiction extraterritoriale pour des raisons politiques.
« Alertes et Actions » regrette qu’une telle initiative qui veut que l’on reparte dans un cadre de concertation pour prendre une loi plus contraignante, soit prise unilatéralement par les Etats-Unis.
Fort de ce qui précède, estime le réseau, il y a un risque que les représentants de la communauté sportive ou des fonctionnaires étrangers du sport soient: visés par les Etats-Unis – arrêtés dans les pays tiers à la demande des Américains – extradés sur leur territoire, pour être poursuivis au plan pénal. Comme ce fut le cas pour les membres de la FIFA en 2015.
En sus, des athlètes africains de haut niveau notamment au niveau de l’athlétisme et d’autres sports constituant de sérieux concurrents pour les Américains, pourraient figurer avec leur pays parmi les cibles dans l’application du Rodchenkov Act. Leur vulnérabilité les fragilisent face à la puissance des Etats-Unis avec cette loi, dénonce-t-il.
C’est pourquoi, le Réseau « Alertes et Actions » a recommandé qu’avec l’adoption du Rodchenkov Act, chaque Etat africain devrait analyser la situation avec beaucoup d’attention en se référant à ses lois. Il préconise la mise à la disposition des athlètes, des médecins et des fédérations, la liste AMA des produits frappés par la loi anti-dopage.
Le Réseau « Alertes et Actions » souligne qu’u plan international, c’est pour une synergie des actions de la lutte antidopage, que la Convention de l’Unesco pour la lutte antidopage a été ratifiée par les gouvernements de 120 pays. Cette convention permet d’harmoniser la législation, les règles antidopage au niveau international afin de garantir à tous les athlètes, un environnement juste et équitable.
Pour Washington, ce nouvel arsenal législatif est censé apporter une réponse aux réactions jugées insuffisantes de l’AMA et du Comité international olympique (CIO), notamment lorsqu’il a fallu sanctionner la Russie pour sa politique frauduleuse en la matière entre 2011 et 2015.
Rappelons que la Russie a exprimé son « inquiétude » face à l’adoption de cette loi au Congrès américain, le Kremlin s’était dit « extrêmement critique à l’égard de toute tentative des Etats-Unis d’étendre leur juridiction à d’autres pays ».