À mesure que le temps s’écoule, l’affaire des 49 militaires ivoiriens écroués au Mali, donne de voir des actions et des réactions incompréhensibles. La diplomatie et la médiation togolaise continuent son petit bonhomme de chemin, sans résultat tangible pour le moment.
Affaire 49 militaires détenus au Mali : Pulchérie Gbalet, le souffre-douleur, l’exutoir et le cache-sexe d’une affaire sombre
Le président Macky Sall, président en exercice de l’Ua, y est allé de sa touche pour essayer de démêler une affaire à même de dégrader durablement les relations entre deux pays voisins, condamnés par l’histoire et par la géographie à vivre ensemble, quelle que soit leur inimitié.
C’est dans cette atmosphère où les gouvernements, les chefs d’Etats ivoiriens et maliens gardent un silence prudent, qu’il est donné de voir des manifestations de jeunes (ivoiriens) à Abidjan et à la frontière ivoiro-malienne, à l’effet de mettre la pression sur le gouvernement de transition malien, avec pour objectif, la libération des soldats ivoiriens.
De son côté, Mme Pulchérie Gbalet, présidente de l’ONG, Alternative Citoyenne Ivoirienne (ACI), invitée par une Ong malienne, s’est rendue à Bamako et ne s’est pas empêchée de s’enquérir de la situation de ses compatriotes détenus au Mali. A son retour, elle a été interpellée à l’aéroport Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan, à sa descente d’avion.
Conduite à la préfecture de police, elle y a été interrogée sur les motifs de son voyage à Bamako, puis libérée. Depuis le 23 août 2022, convoquée à nouveau à la préfecture de police, elle a finalement été conduite à la Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan (MACA). Trois chefs d’accusation sont retenus contre elle :
– Entente avec les agents d’une puissance de nature à nuire à la situation diplomatique de la Côte d’Ivoire
– Diffusion de fausses nouvelles de nature à attenter au moral des populations – Atteinte à l’ordre public. Une information judiciaire aurait été ouverte devant le 10ème Cabinet d’instruction du Tribunal de premières instances du Plateau.
S’acharner sur la présidente de l’ACI, ne ramènera pas ipso facto nos compatriotes
La célérité avec laquelle les autorités policières et judiciaires traitent cette histoire, laisse penser qu’il y a une véritable crainte à ce que la présidente d’Alternative Citoyenne Ivoirienne ne parle et ne vienne battre en brèche toutes les certitudes. Que sait-elle ? Que pourrait-elle dire qui puisse nuire aux populations ivoiriennes ? Que craignent les autorités ivoiriennes au point de s’acharner sur la présidente de l’ACI ?
Dans l’incertitude, on n’a pas trouvé mieux que de l’éloigner des populations, à l’effet la faire taire. Au cours de son séjour à Bamako, Pulchérie Gbalet a eu à rencontrer des responsables de la société civile malienne, mais aussi des proches du gouvernement de transition malien, évoquant avec ceux-ci, la situation de ses compatriotes écroués à Bamako.
Elle a donc eu un son de cloche autre que celui énoncé par le gouvernement ivoirien, dans sa seule déclaration officielle : le communiqué issu de la réunion du conseil spécial de sécurité, où apparaissent de nombreuses zones d’ombre et des interrogations. Est-ce la crainte de ce que dirait Pulchérie Gbalet, qui viendrait en opposition du discours officiel qui lui vaut toutes ces tribulations ?
Si c’est le cas, la Côte d’Ivoire est donc tombée de Charybde en Scylla en matière de démocratie et de liberté d’expression ; mais surtout ce serait une infantilisation inacceptable du peuple ivoirien, capable de réflexion, d’analyse et de discernement et à même de séparer « le vrai de l’ivraie ».
Dans cette affaire, on a également entendu des ivoiriens accuser certains de leurs compatriotes de ne pas faire preuve de patriotisme, juste parce que ces derniers non convaincus par la déclaration et la position du gouvernement ne les endossent pas. Mais peut-on objectivement faire preuve de patriotisme dans une affaire où domine le clair-obscur, et dont on ne connait véritablement pas les tenants et les aboutissants ?
Il y a peu dans ce pays, être un patriote était…une injure ! En réalité, s’acharner sur la présidente de l’ACI, ne ramènera pas ipso facto nos compatriotes. C’est juste un message subliminal pour décourager toutes velléités d’adopter une position contraire à celle du gouvernement. Mais cela n’empêchera nullement les réflexions, les interrogations et le doute.
Pulchérie Gbalet apparait donc comme le souffre-douleur, l’exutoire et le cache-sexe pour détourner l’attention et obliger les ivoiriens à regarder ailleurs. Ainsi va le pays Mais arrive le jour où l’ivraie sera séparée du vrai !