L’affaire des militaires ivoiriens arrêtés au Mali, dont on croyait la fin pour bientôt, vient de connaître un nouveau rebondissement. Les positions se sont encore durcies, après ce qui était apparu comme un assouplissement, de part et d’autre entre les autorités ivoiriennes et maliennes.
Affaire 49 militaires ivoiriens arrêtés au Mali: La saga continue…
Avec ce rebondissement, bien malin celui qui pourra prédire l’épilogue de cette affaire, qui met à mal, les relations entre le Mali et la Côte d’Ivoire. Pour rappel, le 10 juillet 2022, les autorités maliennes arrêtent 49 militaires ivoiriens, partis dit-on dans le cadre des activités de la mission des Nations Unies au Mali. Dans un communiqué lu par le porte-parole du gouvernement malien de transition, et actuel premier ministre par intérim, la Mali fait état de mercenaires débarqués sur son territoire sans autorisation, avec des intentions malveillantes. En réponse, après une réunion du Conseil National de Sécurité, le gouvernement ivoirien réfute ces allégations, précise que la mission des militaires arrêtés se faisait dans le cadre des activités de la mission des Nations Unies au Mali. Par conséquent le gouvernement exige la libération « sans délai » de ses soldats.
A cette « injonction » du gouvernement ivoirien, le Mali répond par la mise sous mandat de dépôt des militaires ivoiriens et les a écroués. C’est alors qu’entre en jeu la diplomatie sous la houlette du président togolais, Faure Gnassingbé, à l’effet de trouver un règlement pacifique à cette affaire. Mais les premières rencontres n’ont pas eu les résultats escomptés, étant entendu que les exigences maliennes n’ont pas rencontré l’assentiment des autorités ivoiriennes. On croyait percevoir le bout de tunnel, quand trois militaires de sexe féminin furent libérés, et après que la Côte d’Ivoire, par la voix du ministre-directeur de Cabinet du président de la République, M. Fidèle Sarassorro, a reconnu les manquements, qui ont prévalu à la présence des militaires ivoiriens au Mali.
Alors qu’on s’attendait que d’autres paliers soient franchis dans la désescalade, pour permettre un règlement à l’amiable du différent, les autorités maliennes subordonnent désormais, la libération des militaires ivoiriens à l’extradition de dignitaires de l’ancien gouvernement malien d’Ibrahim Boubacar Kéita. On se souvient que l’un de ces exilés maliens, s’était autoproclamé président de la transition malienne à Abidjan, avant de disparaître des radars. Après cette exigence des autorités de la transition malienne, la Côte d’Ivoire en appelle désormais à la Cedeao, à l’effet d’examiner le différend qui l’oppose au Mali et d’y trouver une solution durable. Que peut-on attendre de la Cedeao ? Pourra-elle trouver une solution qui satisfasse les deux partis ? Ou va-t-on encore vers une nouvelle mise sous embargo du Mali ? Bien malin qui pourra répondre à ces questions !
Pourquoi alors, la Minusma, donc l’Onu, semble se désintéresser de l’affaire et laisse la Côte d’Ivoire se débattre seule
Mais les observateurs restent tout de même intrigués par le silence qu’observe la Minusma et partant, l’Onu sur la tournure que prend cette affaire. Les autorités ivoiriennes ont toujours clamé que les soldats incarcérés au Mali, ont débarqué à Bamako dans le cadre des activités de la Minusuma. Pourquoi alors, la Minusma, donc l’Onu, semble se désintéresser de l’affaire et laisse la Côte d’Ivoire se débattre seule pour obtenir la libération de ses soldats ? Pourquoi la Côte d’Ivoire choisit d’en appeler à la Cedeao, plutôt qu’à l’Onu qui à priori serait partie prenante dans cette affaire ? Autant de questions, autant d’interrogations sans réponses qui plongent nombre d’ivoiriens dans une dissonance…cognitive ! En effet, si le contingent ivoirien appartenait réellement à la Minusma, on doute fort que la réaction de ce démembrement de l’Onu, soit si timorée et qu’elle fasse preuve d’une telle discrétion.
Nous, a-t-on vraiment dit toute la vérité sur cette affaire ? En tout état de cause, grâce à cette affaire, les ivoiriens ont enrichi leur vocabulaire de deux mots : populisme et patriote. Le populisme, est le vocable qu’adorent les analystes politiques ivoiriens, pour qualifier les agissements du gouvernement de transition malien. Il revient de façon récurrente dans toutes leurs analyses, et qui selon eux permet au gouvernement malien de détourner l’attention de ses concitoyens sur leurs échecs. Mais ces éminents analystes, ne se sont jamais interrogés sur l’incongruité qu’il y a, d’utiliser des forces spéciales d’un pays comme vigiles, à l’effet de surveiller des installations et des équipements d’une entreprise privée !
Quant au terme patriote, il est désormais usité par les soutiens objectifs du pouvoir ivoirien pour se qualifier, et en même temps reprocher à ceux qui doutent de la véracité de la position des autorités ivoiriennes sur l’affaire des 49 militaires de ne pas l’être et par conséquent d’être traitres à la patrie. On retient seulement qu’hier être patriote, était considéré comme une injure, voire une abomination. Pour bon nombre d’ivoiriens, ce qui n’était pas bon hier, ne saurait l’être aujourd’hui… Populisme ou patriotisme, la saga des 49 et désormais 46 militaires ivoiriens incarcérés au Mali continue… Ainsi va le pays. Mais arrive le jour où l’ivraie sera séparée du vrai.