La magistrale intervention du premier ministre malien, le Colonel Abdoulaye Maïga à la 77ème session de l’Assemblée générale de l’Onu continue de faire des vagues. Certaines personnes y ont vu de l’arrogance, de la suffisance et des invectives inutiles, quand d’autres l’applaudissent des deux mains. Il note qu’en dépit de sa situation sécuritaire précaire et des maux qui assaillent sa population, le Mali ne transige avec sa souveraineté et entend se faire respecter quoi qu’il lui en coûte.
Mali: Les léçons de l’intervention du Colonel Abdoulaye Maïga devant la tribune des Nations Unies
On retient de l’intervention du Colonel Abdoulaye Maïga que celui-ci s’est systématiquement attelé à donner des réponses à tous ceux qui, d’une façon ou d’une autre, se sont attaqués au Mali, pour des raisons qui leur sont propres ou simplement par procuration. Ainsi, le Secrétaire Général de l’Onu, M. Antonio Gutteres, qui dans une interview accordée à France24 et à Rfi, déclarait que les soldats ivoiriens embastillés au Mali n’étaient pas des mercenaires, sans toutefois donner plus d’explication quant à leur statut réel, a été interpellé par le Colonel Maïga. Comment pouvait-il en être autrement ? L’Onu et son démembrement au Mali, la Minusma, les jours pairs, ne reconnaissent pas les soldats ivoiriens comme faisant partie des effectifs opérant sous leur couvert au Mali, et les jours impairs, M. Gutteres vole à leur secours, en affirmant qu’ils ne sont pas des mercenaires.
S’ils ne font pas partie d’un contingent opérant dans le cadre de la mission de l’Onu au Mali, que faisaient-ils dans ce pays avec armes et bagages ? Quel est leur véritable statut ? Ce yoyo de l’Organisation des Nations Unies sème beaucoup plus de confusion dans l’esprit de nombre de personnes, qu’il ne leur apporte d’éclairage. C’est ahurissant et incompréhensible que des soldats partis en mission pour l’Onu soient incarcérés dans un pays et que cette structure ait une réaction si timorée et soit si discrète. Pourtant, au cours d’un voyage en Afrique du Sud, le chef de l’Etat ivoirien en appelait à l’Onu pour une clarification de cette situation. Elle est encore attendue jusqu’à ce jour, cette clarification.
Reprenant à son compte la déclaration du Secrétaire Général de l’Onu, le président bissau guinéen, M. Umaru Cissoko Embalo, président en exercice de la Cedeao, fut également interpellé par le Colonel Maïga, lui rappelant qu’il n’était pas un fonctionnaire (certainement de l’Onu) pour emboucher la même trompette de son « supérieur hiérarchique ». Les autorités françaises, qui ne rataient aucune occasion pour tancer le gouvernement de transition malien, le traitant d’illégitime pour être issu de deux coups d’états, ont eu leur « dose » de réponse. Il fut dénoncé leur attitude arrogante, paternaliste, condescendante et infantilisante à l’égard du Mali. Spécifiquement à la ministre des Affaires Etrangères française, le Colonel Maïga, demanda à la limite de se départir de son obsession à être « l’étranger qui pleure plus fort que la famille du défunt », alors que le Mali ne lui avait rien demandé. Toutes ces réponses données en réaction de ce qu’a subi le Mali, montrent de toute évidence que ce pays ne demande qu’une chose : le respect de sa souveraineté et le respect des choix qu’il opère dans tous les domaines.
Le Mali est la digue qui protège les pays côtiers du Golfe de Guinée contre le flot impétueux des djihadistes et des autres terroristes
En cela, M. Mohamed Bazoum, président du Niger, n’y a pas échappé. On se souvient que ce dernier ne manquait aucune occasion pour fustiger le gouvernement malien sur les chaînes françaises, avec une discourtoisie déconcertante. On a appris de la bouche du colonel Maïga, qu’il est un étranger à la tête du Niger. Il circule actuellement sur la toile une vidéo d’une rencontre entre l’ex-président malien Amadou Toumani Touré et les rebelles Touaregs de l’Azawad, à Mopti en 1991. M. Bazoum faisait partie de la délégation des rebelles Touaregs. Y était-il en tant que malien? Ou juste un mercenaire? Mais la charge la plus lourde, fut celle portée au chef de l’Etat ivoirien. Celui-ci au cours de son intervention à la tribune de l’Onu, conseillait au gouvernement malien de se concentrer sur la lutte contre le terrorisme, et de mettre un point d’honneur à respecter les échéances de la transition. Cela, à l’effet d’aboutir à des élections en février 2024, non sans demander la libération « sans délai » des militaires ivoiriens.
Tout en remerciant le chef de l’Etat ivoirien pour ses « sages » conseils, le premier ministre par intérim malien, a dans un style qui lui est particulier, fait savoir au chef de l’Etat ivoirien, que le Mali n’a pas de leçon de démocratie à recevoir de lui. Lui-même étant encore au pouvoir par la manipulation de la constitution ivoirienne, pour s’octroyer un troisième mandat illégal et illégitime, en utilisant un modus operandi à quatre temps. De ce fait comme le chameau ne peut se moquer de la bosse du dromadaire alors que lui-même en a deux, il est incongru que la leçon de démocratie au gouvernement malien, vienne de M. Ouattara. Il reste entendu que des réponses ont également été données à d’autres personnes et à d’autres structures, parties prenantes dans la crise malienne. Il convient toutefois d’en appeler à tous les pays et particulièrement les pays voisins du Mali et par-delà à la Cedeao.
S’ils veulent aider le Mali à se sortir du terrorisme, qu’ils le fassent en s’engageant sérieusement à ses côtés sans arrière-pensées nocives et sans calculs politiciens. S’ils ne veulent pas l’aider, non plus, cela est aussi un choix que l’on peut comprendre. Mais il faut en cesser d’en rajouter aux difficultés du Mali, en le combattant en sous-main ou par procuration. On le répète une fois encore : le Mali est la digue qui protège les pays côtiers du Golfe de Guinée contre le flot impétueux des djihadistes et des autres terroristes. Si la digue venait à s’effondrer, tous ces pays goûteront aux délices des rodéos motorisés de ces sinistres individus. Alors vigilance ! En attendant que la plainte du Mali à l’Onu ne soit déclarée recevable et examinée….Bayêté Colonel Abdoulaye Maïga, bayêté ! Ainsi va l’Afrique. Et s’il y a eu un soir au Mali, il y aura assurément un matin et l’ivraie sera séparée du vrai.