Il y a quelques mois, M. Charles Blé Goudé, citoyen ivoirien, incarcéré, jugé et acquitté au procès de la Haye, avec son co-détenu, le président Laurent Gbagbo, s’est vu délivré un passeport après moult difficultés. Ce ne fut pas aisé, alors pas du tout. Il a fallu la magnanimité légendaire, la bonté infinie et la miséricorde quasi divine du chef de l’Etat pour que cela advînt.
Côte d’Ivoire : Blé Goudé arrive… Gloire et honneur au chef de l’Etat
M. Blé Goudé aura patienté pendant une dizaine de mois pour obtenir ce document administratif pouvant lui permettre de retrouver sa terre natale. L’attente fut longue, et sa patience fut mise à rude épreuve. La joie de l’obtention de de ce document si précieux et si difficile à délivrer, donna lieu à une séance de photos, organisée devant le portrait de celui par qui ce bonheur inespéré arriva dans les locaux de l’ambassade de notre pays à Bruxelles.
Tous les émissaires qui ont défilé à la Haye et qui ont permis d’obtenir un si bon résultat, furent salués avec déférence. Car en Côte d’Ivoire, délivrer un passeport n’est pas chose aisée ! Mais une chose est d’obtenir le passeport, une autre est de pouvoir rentrer au pays. Après plusieurs mois d’attente et de patience, il nous revient que le président du Cojep, est enfin autorisé à rentrer au pays, grâce encore à « un autre geste salutaire » du chef de l’Etat, qui prit cette importante décision.
On comprend aisément la joie qui étreint de nombreux ivoiriens, et beaucoup plus les militants du Cojep, qui ne manquèrent pas de manifester leur gratitude au chef de l’Etat. Cela est tout à fait compréhensible. Relativement à cette annonce, de nombreux ivoiriens ont été interpellés par la Une du journal « L’ESSOR ivoirien » du 19 octobre 2022. On pouvait lire ceci : «Décrispation/Retour de Blé Goudé. Ce que Ouattara a décidé… ». Ce journal se rend-il compte de ce qu’il a écrit ?
Les Ivoiriens se réjouissent du retour imminent de Charles Blé Goudé
Quand dans un pays de droit comme on le chante à longueur de journée, la jouissance des libertés individuelles, garantie par la constitution, ne dépend plus du simple respect de celle-ci, mais du bon vouloir et des désirs d’une personne, fut-elle le premier magistrat du pays, on est droit de se poser mille et une questions. Sommes-nous dans une démocratie ou dans une dictature pour que les désirs et la volonté d’une personne supplantent la loi fondamentale ?
Au-delà de l’aspect caricatural, simpliste et risible de cette conception, il est vraiment désespérant de constater que désormais, dans le pays, tout est dans les calculs politiciens, où tout acte ordinaire et des plus anodins, doit être source de dividendes politiques à capitaliser ; où toute application d’une disposition de la constitution, doit donner lieu à des litanies à la gloire de celui qui tient momentanément les rênes du pays. Il ne nous reste plus qu’à mettre des bâches et organiser une grande fête pour célébrer une si grande décision, et surtout célébrer celui par qui un si grand miracle s’est accompli.
Mais qu’on sache qu’il n’y a que dans les Républiques bananières que de simples actes ordinaires donnent lieu à ce genre de fête et réjouissances. En tout état de cause, les Ivoiriens se réjouissent qu’un des leurs, déporté à son corps défendant à l’étranger, jugé et lavé de l’opprobre, et de toute la souillure qu’on a voulu lui accoler, puisse retrouver son pays et reprendre sa place dans l’édification de la nation. Demain est un autre jour… Ainsi va le pays. Mais arrive le jour où l’ivraie sera séparée du vrai.
Où se trouve Charles Blé Goudé ?
Il est finalement arrêté en 2013 au Ghana, puis détenu en Côte d’Ivoire avant d’être transféré à la CPI, qui l’acquitte en 2019 ; cependant, la justice ivoirienne le condamne dans le même temps à 20 ans de prison. Il rentre en Côte d’Ivoire en novembre 2022 .
Actualité : de retour au pays, Charles Blé Goudé veut rassembler sans exclure de gouverner selon France 24
Charles Blé Goudé, pilier du régime de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, est rentré samedi en Côte d’Ivoire après neuf années passées dans l’antre de la justice internationale, à La Haye. Son retour, qu’il souhaite « sobre » et « sans triomphalisme » ne signifie pas que le leader politique souhaite rester à l’écart de la politique. Bien au contraire.