L’insécurité au Sahel provoquée par les attaques terroristes n’épargne plus les pays côtiers, ce qui pousse l’armée béninoise à réagir. Depuis 2020, le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Togo sont la cible de l’hydre terroriste qui cherche à s’implanter dans ces pays. En janvier et février de l’année en cours, le Bénin a enregistré deux attaques terroristes.
Le 8 janvier, 30 soldats ont perdu la vie près de Banikoara, dans la zone dite du « Point Triple », frontalière du Niger et du Burkina Faso. L’attaque a été revendiquée par le Jnim, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans. Cette attaque a suscité un émoi général dans le pays et des mesures ont été prises pour rendre plus dynamique les Forces armées béninoises (FAB) afin de garantir la sécurité de la Nation. Puis, le 15 et 16 février, les soldats de l’ »Opération Mirador » ont anticipé pour neutraliser des djihadistes et récupérer du matériel militaire.
Ces nombreuses attaques témoignent l’activisme lié à la présence des groupes islamistes qui se rapprochent du Golfe de Guinée suite à la dégradation sécuritaire au Niger et du Burkina Faso provoquant la porosité des frontières. Ces menaces sont prises au sérieux par le gouvernement béninois et l’Etat-major des armées qui ont engagé des réformes pour renforcer la présence militaire dans les régions du Nord afin de protéger la population.
L’armée béninoise redynamise les ressources militaires
Face aux menaces dans la région du Sahel qui impacte sur le Bénin, le gouvernement ne s’est pas endormi sur ses lauriers. Une solution globale a été décidée et est susceptible d’être modifiée lorsque l’ennemi change de posture.
D’abord, les effectifs des Forces armées béninoises ont été revus en hausse. Désormais, l’armée totalise 12300 hommes en 2024 alors qu’elle comptait 7500 hommes en 2022. Ajouter à cela, le budget du ministère de la Défense passe de 90 milliards de FCFA à 118 milliards de FCFA en 2025. « Cet accroissement est dû évidemment à l’accroissement de la menace, à la réponse qu’il faut face à cette menace et les moyens qui accompagnent », a déclaré le Ministre Fortunet Alain Nouatin, en novembre 2024, après de son passage devant la commission budgétaire de l’Assemblée nationale.
Cette enveloppe servira au recrutement, la formation et à l’achat d’équipement militaire. Il s’agit des véhicules blindés, des drones, des hélicoptères, de la rénovation du renseignement aérien, etc. Dans ce cadre, des partenaires internationaux comme la France, les Etats Unis d’Amérique, …ont fourni du matériel aux FAB et qui sont aussi déployés au nord.
Pour leur aguerrissement et les tactiques de combat, plusieurs séries de formation sont organisées au bénéfice du personnel militaire engagé dans la lutte anti-terroriste.
L’opération « Mirador »
En réponse au terrorisme qui demeure une préoccupation cruciale, l’opération « Mirador » a été décidée en janvier 2022. Elle mobilise 3000 hommes déployés au nord du Bénin dans les zones sensibles, notamment dans le parc de Pendjari et sa périphérie. Des fortifications militaires y sont érigées pour dissuader les groupes armés. Dans cette posture, les Rangers d’African Parks Network (APN) interagissent avec l’armée dans la sécurisation du parc combiné avec leur rôle régalien de préservation de la biodiversité. Muni de matériels technologiques, les informations recueillies sont immédiatement transmises à l’opération « Mirador » pour une réaction rapide.
Mesure sociale :
Le gouvernement ne cesse d’améliorer les conditions de travail des militaires par de nombreuses mesures. Il a été décidé la prise en charge des soldats blessés, décédés ou portés disparus, par le paiement d’un « capital décès » à leurs ayants droits. Les orphelins mineurs des soldats blessés, décédés ou portés disparus sont pris en charge par l’Etat jusqu’à l’âge de 21. Ces dispositions ont pour finalité de booster le moral de la troupe qui lutte pour la défense du pays. Il s’agit d’un processus à la fois médical et social pour la réhabilitation des militaires pour favoriser les conditions de sa réinsertion.
Des projets socio-économiques, promotion de la paix et de la cohésion sociale :
Sur le plan socio-économique, le gouvernement avec ses partenaires internationaux a initié un programme de développement économique qui propose des stages de formation professionnelle et une facilité de crédit, aux jeunes et aux femmes.
Soutenus par le gouvernement et ses partenaires internationaux, ses projets visent à soutenir des activités génératrices de revenus (AGR) pour l’autonomisation et l’employabilité des femmes et des jeunes en vue de renforcer leur résilience socio-économique. Ajouter à cela, la fourniture des services sociaux de base aux couches vulnérables. Ensuite, l’amélioration de l’accès des populations à l’état civil et la justice. Enfin, la facilitation de la coproduction de la sécurité par les populations, les autorités et les FDS. Dans ces régions du nord, les FAB mènent aussi des campagnes pour instaurer une relation de confiance entre les militaires et les civils.
« La meilleure défense est l’attaque » donc le Bénin anticipe et traque les terroristes qui veulent s’installer sur son territoire profitant de la porosité des frontières liée à l’instabilité dans le Sahel. Dans cette lutte anti-terroriste, la mutualisation des efforts des pays de la région permettra de vaincre cette force du mal mais les tensions entre les pays membres de l’AES et la CEDEAO n’aident pas à résoudre ces défis sécuritaires, selon certains experts.
Par Fleury Agou, journaliste indépendant.