Sous l’égide de Macky Sall (2019-2024), le Sénégal a commis de nombreuses et graves irrégularités en matière de finances publiques. Ces malversations financières ont été révélées par la Cour des Comptes du pays à la suite d’un audit approfondi, diligenté par l’actuel gouvernement dirigé par Bassirou Diomaye Faye.
Sénégal : une dette publique bien plus élevée que déclarée
Le Sénégal est dirigé depuis mars 2024 par Bassirou Diomaye Faye. Quelques semaines après son installation, il a lancé plusieurs actions, dont un audit des finances publiques. Cette initiative fait suite aux nombreuses irrégularités observées dans la gestion de son prédécesseur, Macky Sall. Menée par la Cour des Comptes, l’audit a livré des résultats accablants.
Le rapport révèle que la dette de l’administration centrale budgétaire s’élevait à 18 558,91 milliards FCFA (29,4 milliards de dollars) au 31 décembre 2023. Ce montant représente 99,67 % du PIB, bien loin du 74 % annoncé par le gouvernement précédent. De plus, le déficit budgétaire réel s’établit en moyenne à 11 %, atteignant même 12,30 % en 2023, contre les 4,90 % précédemment déclarés.
Des pratiques budgétaires irrégulières dénoncées
Les enquêteurs ont relevé plusieurs irrégularités budgétaires. Il s’agit en premier lieu du rattachement artificiel de recettes d’une année à l’exercice précédent pour minimiser le déficit. Ensuite, l’omission de certaines créances douanières, faussant ainsi l’évaluation des finances publiques. Enfin, on note l’absence d’évaluation annuelle des dépenses fiscales, en violation des règles de l’UEMOA.
Des transferts financiers opaques et des comptes suspects
Outre ces pratiques budgétaires douteuses, l’audit a mis en lumière des transferts budgétaires massifs vers des structures non personnalisées de l’État via des comptes de dépôt. Une pratique qui contrevient aux règles en vigueur.
Certains de ces comptes, comme le CAP/Gouvernement, créé au profit de la Cellule d’appui à la mise en œuvre des Projets et Programmes (CAP), et le Programme de Défense des Intérêts économiques et sécuritaires du Sénégal (PDIES), présentent des irrégularités, notamment des engagements financiers sans couverture budgétaire.
Un surendettement préoccupant
Malgré ces irrégularités, l’État du Sénégal aurait contracté des emprunts au-delà de ses besoins réels, générant ainsi des surfinancements dont l’utilisation reste floue. La dette bancaire contractée hors du circuit budgétaire et sans approbation parlementaire atteignait 2 517,14 milliards FCFA au 31 mars 2024.
Méthodologie et périmètre de l’audit
L’audit de la Cour des Comptes s’est articulé autour de trois étapes. On distingue la planification, l’examen détaillé et le rapportage.
L’objectif était d’établir un état fidèle des finances publiques entre 2019 et mars 2024. Toutefois, la Cour des Comptes du Sénégal a précisé que « la situation de la commande publique a été exclue du périmètre, en raison de contraintes de délais et de l’étendue des travaux ».
Le résultat de cet audit aura sans doute un impact majeur sur les bailleurs de fonds et les agences de notation.