Plus qu’une rencontre de l’excellence et de la beauté, le FIMA 2022 (Festival international de la mode en Afrique) conjugue les expertises et expose la quintessence de la culture africaine. La XIVe édition qui s’est tenue du 7 au 10 décembre 2022 dans le cadre somptueux du Palais Chellah de Rabat a été l’occasion de découvrir des créateurs africains de tous âges et d’horizons diverses.
Nous avons sélectionné pour vous deux créateurs africains (parmi les soixante-dix présents), dont la qualité et la créativité nous ont vraiment séduits. Nous vous invitons à les découvrir.
Alia Baré (Niger) au FIMA 2022 : « Redéfinir les classiques panafricains »
Quel a été votre parcours pour devenir créateur dans la mode ?
Alia Baré : « J’avais 17 ans quand j’ai vu le premier FIMA au Niger en 1998. J’ai été émerveillée par la magie et la beauté que ces collections étaient capables de véhiculer au milieu du désert. J’ai toujours aimé la mode depuis que j’étais jeune, mais je n’y ai jamais pensé comme une carrière, car dans notre pays, le Niger, la mode n’est pas considérée comme un métier rentable.
J’ai donc suivi le cursus « normal » avec un master en commerce international. Lorsque je suis devenue mère de deux enfants en bas âge, j’ai commencé à faire des petites robes pour eux comme un hobby. Plus j’apprenais et plus j’étais passionnée, à tel point qu’il est devenu évident pour moi qu’il n’y avait qu’une seule option possible : retourner à l’école pour étudier la mode.
C’est ce que j’ai fait à 33 ans au Raffles Institute of Design. Aujour’d’hui, je suis au FIMA 2022 pour présenter ma collection. Il n’est donc jamais trop tard pour suivre son rêve et retourner à l’école, quoi qu’on en dise » !
Qu’est-ce que votre marque a de spécifique ?
AB : Je ris toujours quand je le dis, mais je décrirai mes créations comme » halal sexy « . Je crée des vêtements qui reflètent ma vision de la femme africaine moderne entre 30 et 70 ans qui veut s’habiller joliment en mettant l’accent sur sa féminité, mais avec un look classique, car il est important de rester élégante quoi qu’il arrive. Je dis toujours que mes robes prennent vie lorsqu’elles sont portées par les bonnes femmes .
Est-ce que vos créations sont « 100 % Afrique » du tissu aux finitions ?
AB : Il est très difficile aujourd’hui de faire un vêtement 100 % africain, car certains tissus et accessoires spécifiques ne sont pas disponibles ici, comme les fermetures éclair, les doublures ou les paillettes, etc. Mais je suis très heureuse de dire que mes vêtements sont composés à 80 % de textiles africains, du Bogolan du Mali au Kente du Ghana, en passant par les accessoires et même certaines doublures.
Je pense que ce dont je suis le plus fière, c’est qu’ils ont été fabriqués par des artisans talentueux, qu’ils peuvent être portés partout et qu’ils sont bien finis. Nous pouvons ainsi montrer au monde entier que l’Afrique peut aussi rimer avec qualité.
Quel est le message que vous voulez faire passer à travers votre collection ?
AB : « Je veux qu’en voyant ou en portant mes vêtements, l’on puisse ressentir l’amour que je porte à mon pays à travers tous les motifs et symboles présents sur les textiles. Je veux aussi qu’on admire le travail d’embellissement fait à la main avec les broderies, les accessoires ou les perles.
Tout l’amour que je porte à ma culture et à mon patrimoine est intégré dans cette collection et j’espère que cela pourra se ressentir « .
Nora’s Bag (Maroc) : Le luxe du cuir et la beauté de la mosaïque au FIMA 2022
Quel a été votre parcours pour devenir créateur dans la mode ?
Hanane Elghezouani : Je m’appelle Hanane Elghezouani. Lorsque j’étais encore adolescente, je voulais entrer à l’école d’art au Maroc. Malheureusement, je n’ai pas été autorisée à aller à l’école d’art parce que j’étais la seule fille parmi quatre frères plus âgés. Ils ne m’ont pas soutenue et mes parents non plus.
J’ai donc fait des études de géographie et d’histoire. Lorsque j’ai déménagé aux Pays-Bas, je n’ai pas oublié mon rêve et avec l’aide de mon mari, j’ai lancé mon projet de création de sacs en cuir.
Qu’est-ce qui différencie votre marque des autres ?
HE : J’ai commencé mon projet de création de sacs en cuir inspirés par l’héritage culturel marocain, la mosaïque, car depuis mon enfance, j’étais fascinée par la beauté et la richesse des mosaïques que je voyais dans tout mon pays. Les motifs, les couleurs et la diversité m’ont vraiment interpellée et j’ai toujours eu l’idée d’en faire quelque chose dans la mode. La signature des sacs est la mosaïque et la reconnaissance de l’héritage marocain sur un cuir italien de très grande qualité.
Est-ce que vos créations sont « 100 % Afrique » ?
HE : Mes inspirations sont 100 % marocaines, mais aujourd’hui, je n’ai pas encore trouvé d’atelier permettant de fabriquer les produits que je souhaite commercialiser avec le niveau de qualité que je veux obtenir.
Je travaille avec des artisans italiens, mais je continue à chercher des artisans marocains avec lesquels je pourrais collaborer et ce serait un honneur pour moi de pouvoir produire directement au Maroc.
Quel est le message que vous voulez faire passer à travers votre collection ?
HE : Je voudrais à travers mes créations, participer à la conservation, la mise en valeur de l’art de la mosaïque qui caractérise le Maroc pour le promouvoir sur les marchés mondiaux. Je veux montrer à quel point je suis fière de notre histoire et de notre patrimoine. Malgré la mondialisation, l’art de la mosaïque siège toujours sur le trône des beaux-arts. Je souhaite que les autorités responsables aident et soutiennent les créateurs à s’approprier le patrimoine culturel africain en général et marocain en particulier. Je suis vraiment ravie de pouvoir présenter mon travail au FIMA 2022″.
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