Entre le Bénin et le Niger, un semblant d’accalmie semblait se dessiner ces dernières semaines. Pourtant, le général Abdourahamane Tiani, chef du pouvoir militaire au Niger, continue de jeter de l’huile sur le feu en multipliant les accusations contre son voisin. Sa récente déclaration publique témoigne d’une volonté manifeste de maintenir un climat de suspicion.
Tensions Bénin-Niger : les accusations de Tiani menacent la réconciliation
Lors d’une interview accordée à la télévision nationale nigérienne le 25 décembre 2024, le Général Tiani a une nouvelle fois formulé de graves accusations contre du Bénin. Selon ses propos, sans fournir aucune preuve tangible, le Bénin aurait acquis des drones chinois qu’il aurait mis à la disposition de groupes terroristes pour attaquer le Niger. Toujours dans le registre des accusations, il affirme que le Bénin aurait également permis à la France d’établir sur son territoire un centre d’entraînement pour ces mêmes groupes.
Ces déclarations interviennent dans un contexte où les relations entre Cotonou et Niamey semblent enfin s’apaiser. Après des mois de tensions diplomatiques, marqués par des incidents répétitifs et des échanges houleux, les deux pays avaient entamé un processus de normalisation.
Les gestes de rapprochement étaient visibles : le brut nigérien a repris son transit via la plateforme de Sèmè-Podji, l’ambassadeur béninois a officiellement pris fonctions à Niamey, et un représentant diplomatique nigérien a été accepté à Cotonou. Par ailleurs, les ministres des Affaires étrangères des deux nations ont multiplié les rencontres, souvent dans une atmosphère cordiale, pour poser les bases d’une réconciliation durable. Il ne restait que l’ouverture de la frontière côté Niger pour une reprise totale des relations bilatérales.
Cependant, les déclarations répétées de Tiani semblent fragiliser ces avancées. Ces accusations, bien qu’aucune preuve ne les étaye, sapent la confiance déjà fragile entre les deux États et ralentissent le processus de rapprochement.
Un processus de réconciliation face aux « démons de la division »
Les efforts de réconciliation entre le Bénin et le Niger ne sont pas le fruit du hasard. Des figures emblématiques béninoises, à l’instar des anciens présidents Nicéphore Dieudonné Soglo et Boni Yayi, ont joué un rôle clé en instaurant des dialogues bilatéraux pour apaiser les tensions. Mais les accusations du Général Tiani risquent de nuire à ces initiatives.
Cette situation illustre un paradoxe : tandis que des efforts sincères sont déployés pour reconstruire des ponts, les déclarations incendiaires du chef du Conseil national pour la sauvegarde de la paix (CNSP creusent davantage le fossé. Cette attitude, comparable à un serpent qui se mord la queue, pourrait faire reculer les progrès durablement obtenus.
Alors que les échanges diplomatiques progressent, les discours hostiles de Niamey continuent de susciter des inquiétudes. Une réconciliation véritablement durable nécessitera que chaque partie fasse preuve de retenue et d’engagement sincère. Le chemin vers une normalisation totale des relations entre le Bénin et le Niger reste semé d’embûches.