Après des mois de tensions, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a finalement cédé. Lors d’un sommet extraordinaire, l’organisation a accordé un délai de six mois aux trois pays ayant fait sécession : le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Ce répit, obtenu suite à un intense processus de médiation, offre une bouffée d’oxygène aux juntes militaires qui ont pris le pouvoir dans ces États.
CEDEAO : une porte entrouverte pour les États suspendus
« L’autorité décide de fixer la période du 29 janvier 2025 au 29 juillet 2025 comme période de transition et de maintenir les portes de la CEDEAO ouvertes aux trois pays pendant cette période de transition », a déclaré Omar Touray, président de la Commission de la CEDEAO. Une décision qualifiée de « décourageante » par le même Touray, qui souligne ainsi l’amertume de l’organisation face à ces défections successives.
Cette décision de la CEDEAO soulève de nombreuses interrogations. Si les trois pays sont maintenus au sein de l’organisation pendant une période transitoire, les sanctions économiques et financières qui les frappent seront-elles levées ? Comment la CEDEAO compte-t-elle s’assurer que les juntes respecteront les délais impartis et organiseront des élections crédibles ?
L’un des principaux atouts de la CEDEAO est la libre circulation des personnes entre les États membres. Cette disposition a considérablement facilité les échanges commerciaux et les déplacements de populations. Or, avec le départ du Burkina Faso, du Mali et du Niger, cette libre circulation pourrait être remise en cause. Les frontières pourraient être à nouveau fermées, les visas réintroduits, et les échanges commerciaux entravés. Les conséquences économiques et sociales d’une telle situation seraient désastreuses pour les populations de la région.
Il reste à voir si cette période de transition permettra de rétablir un dialogue constructif entre la CEDEAO et les trois pays ayant fait sécession. Les prochains mois seront déterminants pour l’avenir de l’organisation et pour la stabilité de la région.
Au-delà de la question de la libre circulation, c’est l’ensemble de la construction régionale qui est fragilisé par ces défections successives. La CEDEAO était devenue un acteur majeur de la stabilité en Afrique de l’Ouest, en jouant un rôle de médiateur dans les conflits et en promouvant la démocratie et les bonnes gouvernances. Les coups d’État intervenus au Burkina Faso, au Mali et au Niger ont mis à mal ces acquis et ont créé un précédent dangereux.
Les défis auxquels la CEDEAO est confrontée sont nombreux et complexes. Il s’agit de trouver un équilibre entre la fermeté nécessaire pour défendre les principes de la démocratie et de la bonne gouvernance, et la flexibilité indispensable pour préserver l’unité de l’organisation.
La décision de la CEDEAO d’accorder un délai aux trois pays ayant fait sécession marque un tournant dans l’histoire de l’organisation. Elle témoigne de la volonté de la CEDEAO de préserver l’unité de la région, mais aussi de sa faiblesse face aux défis sécuritaires et politiques auxquels elle est confrontée. Les prochains mois seront déterminants pour l’avenir de l’Afrique de l’Ouest.