Face à la presse ce mardi 10 décembre 2024, les responsables d’Amnesty International Bénin étaient ont évoque de nombreuses violations des droits. Dans cette sortie à l’occasion de la Journée internationale des droits humains, ils ont invité les autorités à œuvrer davantage pour le respects des droits humains. Ils ont notamment demandé la révision du code pénal et du code du numérique.
Amnesty présente la situation des droits humain au Bénin
Au Bénin, le gouvernement fait des efforts pour garantir le respect des droits humains, mais tout n’est pas rose. Plusieurs cas de violation des droits humains sont constatés et entache les efforts fournis. Dans les prisons et maisons d’arrêt, Amnesty International a constaté des violations des droits humains. Même dans le cadre du projet touristique et de l’aménagement du littoral, l’ONG a constaté que des droits des personnes expulsées ont été violés.
Les responsables de l’ONG ont rappelé que leur communiqué en date du 1er aout 2024 a évoqué plusieurs cas de violation constatés dans les prisons et maisons d’arrêt. Ledit communiqué met en lumière la surpopulation carcérale, ayant doublé ou triplé depuis 2016, obligeant les détenus à dormir au sol dans des cellules mal ventilées. Des problèmes liés à l’accès à l’eau et aux soins de santé y sont également soulignés.
Malgré une correspondance préalable adressée aux autorités béninoises, Amnesty n’a pas reçu de réponse. Par contre, quelques jours avant la publication du communiqué, le gouvernement a annoncé la réhabilitation de cinq maisons d’arrêt en conseil des ministres.
Toujours dans les prisons, des délégués d’Amnesty International ont « constaté que les membres présumés des groupes armés ne sont autorisés à sortir de leurs cellules qu’une ou deux heures par jour et sans possibilité d’accès à la cabine téléphonique. Certains peuvent rester des jours sans se laver ».
Amnesty a aussi dénoncé les violences policières enregistrées au cours de cette année 2024. La dernière bavure en date est celle qui a conduit à la mort du jeune Fayçal Ouorou. L’ONG invite les pouvoirs publics, y compris la police, à faire « tout leur possible pour respecter et protéger le droit à la vie, et les citoyens contre les brutalités policières ».
Des détentions arbitraires
Sur ce volet, Amnesty International Bénin a rappelé la situation de Joel Aivo et de Reckya Madougou dont la remise en liberté est fortement réclamée par le Groupe de travail de l’ONU. Il a jugé que ces deux opposants sont arbitrairement détenus et qu’il faille les libérer. Le Groype de travail a également déploré les conditions de détention des deux personnalités.
Pour rappel, Joël Aïvo a été condamné à 10 ans de prison pour complot contre la sûreté de l’État et Reckya Madougou à 20 ans pour complicité d’actes terroristes. Ces condamnations, prononcées par la CRIET en 2021, suscitent des critiques sur l’indépendance de cette juridiction.
Amnesty International plaide pour la relecture du Code pénal et du code du numérique
Le Code pénal adopté en 2018 comporte des avancées sur le plan des droits humains, mais Amnesty estime qu’il reste des efforts à faire. Selon Dieudonné Dagbeto, Directeur exécutif d’Amnesty International Bénin, certaines dispositions du nouveau code restreignent le droit de réunion pacifique.
Depuis son adoption, Amnesty International a documenté des arrestations et des condamnations, notamment d’activistes et d’opposants politiques, pour violation de ce code. Entre avril et mai 2024, l’organisation a également rapporté des interdictions et des répressions de manifestations.
Depuis 2023, Amnesty International Bénin et ses partenaires mènent un plaidoyer pour modifier ces dispositions. Une plaquette d’information a été élaborée et présentée à plusieurs acteurs, notamment au ministre de la Justice et aux dirigeants de partis politiques.
En ce qui concerne le code du numérique, en 2024, les efforts pour susciter sa révision se sont intensifiés. Après son 4e Examen Périodique Universel (EPU) en 2023, le Bénin a reçu 258 recommandations du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, dont 234 ont été acceptées. Parmi celles-ci figuraient des appels à réviser le code du numérique pour renforcer la liberté d’expression, les droits des médias et l’indépendance de la HAAC.
Depuis la promulgation du code, Amnesty International a constaté des poursuites contre des journalistes, des opposants politiques et des activistes. L’organisation appelle à réviser les dispositions limitant la liberté d’expression et les droits des médias.
Au 4e trimestre 2024, un atelier réunissant des acteurs de l’information et de la communication, avec l’appui technique de la Chaire Unesco des droits de la personne humaine de l’université d’Abomey-Calavi, a permis d’élaborer une plaquette d’information et de plaidoyer sur ce sujet.
Comment Amnesty International prévient les violations des droits humains au Bénin ?
Amnesty ne fait pas que dénoncer les violations des droits humains, l’ONG travaille également pour prévenir et anticiper sur des cas de violation. Plusieurs activités sont dédiées à ces actions qui permettent de sensibiliser et d’éduquer les différentes couches sur la protection des droits humains. Ces actions d’Amnesty visent six objectifs principaux : lutter contre les causes profondes des violations des droits humains, notamment l’ignorance ; prévenir les atteintes aux droits fondamentaux ; éveiller les consciences et clarifier la notion de droits humains en tant que norme sociale ; susciter l’esprit critique chez les jeunes apprenant, pour eux-mêmes et pour leur engagement en devenir ; promouvoir l’égalité ; renforcer la participation des populations aux processus décisionnels démocratiques.