En 2023, la dette extérieure de la Côte d’Ivoire dépasse celle des trois pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES). C’est ce qu’il convient de retenir du rapport annuel de la Banque mondiale publié le 3 décembre 2024, consulté par AFRIQUE SUR 7.
Dette extérieure 2023 : la Côte d’Ivoire, le 2e pays le plus endetté de l’UEMOA
En 2023, la Côte d’Ivoire a cumulé une dette extérieure de 36,548 milliards de dollars selon la Banque mondiale. Ce montant dépasse largement l’encours total des pays de l’AES qui s’est établi à 22,467 milliards de dollars. Dans le détail : le Mali totalise 6,457 milliards de dollars, le Niger 5,613 milliards de dollars et le Burkina Faso 10,397 milliards de dollars (le plus endetté de l’AES).
Le rapport souligne une hausse continue de la dette extérieure de la Côte d’Ivoire, qui est passée de 11,703 milliards de dollars en 2010 à 36,548 milliards de dollars en 2023. Ces chiffres reflètent une augmentation constante au cours des treize dernières années. Cette tendance traduit une forte mobilisation de financements extérieurs pour accompagner le développement économique du pays.
La dette extérieure de la Côte d’Ivoire représente :
- 202,6 % des exportations de biens, services et revenus primaires ;
- 48,3 % du Revenu National Brut (RNB), estimé à 75,606 milliards de dollars en 2023.
Par ailleurs, la part de la dette multilatérale dans le stock total est importante. Elle représente 20,5 % du stock total. Cela souligne une forte dépendance aux institutions financières internationales pour financer les projets de développement.
La situation de la Côte d’Ivoire, reflète à la fois les ambitions économiques du pays qui investit massivement pour soutenir son développement, et les défis liés à la gestion de la dette extérieure. Alors que le pays maintient son rang de leader économique dans la sous-région, les enjeux d’équilibre budgétaire et de soutenabilité de la dette demeurent importants pour assurer une croissance durable.
Dans une note publiée en octobre 2024, le Fonds monétaire international (FMI) a indiqué que « l’économie de la Côte d’Ivoire reste résiliente, malgré une légère modération de la croissance en 2024, à 6,1 % contre 6,2% en 2023, en partie sous l’effet d’un fléchissement de la production agricole et des BTP au premier semestre et de contextes régionaux et extérieurs difficiles ».
Situation dans l’UEMOA
Dans l’espace de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), la Côte d’Ivoire se classe 2e, juste derrière le Sénégal qui totalise 39,950 milliards de dollars comme dette extérieure en 2023. Elle est suivie du Bénin (12,483 milliards de dollars). Dans la suite on retrouve respectivement le Burkina Faso, le Mali, le Niger, le Togo et la Guinée-Bissau.
Pays | Rang | Dette (milliards de dollars) |
Sénégal | 1er | 39,950 |
Côte d’Ivoire | 2e | 36,548 |
Bénin | 3e | 12,483 |
Burkina Faso | 4e | 10,397 |
Mali | 5e | 6,457 |
Niger | 6e | 5,613 |
Togo | 7e | 3,375 |
Guinée – Bissau | 8e | 1,128 |
Rapport sur la Dette Internationale (IDR) : un outil clé pour comprendre l’endettement mondial
Le Rapport sur la Dette Internationale (IDR) de la Banque mondiale est une publication annuelle qui analyse la dette extérieure des pays à revenu faible et intermédiaire, basée sur les données du Système de notification des pays débiteurs (DRS).
Depuis 50 ans, ce rapport fournit des informations essentielles sur l’évolution de l’endettement, les nouveaux outils financiers et l’impact des initiatives de réduction de la dette. Il aide ainsi à guider les politiques de financement du développement en partageant des données actualisées avec la communauté internationale.
L’édition 2024 inclut :
- une analyse des flux et du stock de dette à fin 2023 ;
- des prévisions économiques et de dette pour 2024 et au-delà ;
- des mises à jour sur le programme de transparence de la dette.
De plus, la base de données IDS-DSSI détaille les paiements de service de la dette différés et les montants dus à chaque créancier bilatéral, apportant une vision claire et précise de la situation mondiale.
Dette des pays en développement : une charge sans précédent en 2023
En 2023, les pays en développement ont consacré 1 400 milliards de dollars au service de leur dette extérieure, un record selon le Rapport sur la Dette Internationale de la Banque mondiale. Les paiements d’intérêts ont atteint 406 milliards de dollars, limitant les budgets destinés à des secteurs clés comme la santé et l’éducation.
Les pays les plus pauvres, éligibles aux prêts de l’Association internationale de développement (IDA), ont particulièrement souffert, avec un remboursement de 96,2 milliards de dollars, dont 34,6 milliards pour les seuls intérêts, soit quatre fois plus qu’il y a 10 ans. En moyenne, ces intérêts absorbent 6 % des recettes d’exportation, un niveau jamais vu depuis 1999, atteignant même 38 % dans certains pays.
Face à cette crise, la Banque mondiale et d’autres institutions multilatérales sont devenues des soutiens de première ligne. Entre 2022 et 2023, elles ont injecté 51 milliards de dollars supplémentaires dans les économies pauvres, contrebalançant les remboursements aux créanciers privés, qui continuent de prélever plus qu’ils n’investissent.
Selon les experts de la Banque mondiale, les causes de cette situation incluent l’alourdissement de la dette dû à la pandémie de COVID-19 et la hausse des taux d’intérêt mondiaux. Fin 2023, la dette extérieure des pays à revenu faible et intermédiaire atteignait 8 800 milliards de dollars, en hausse de 8 % depuis 2020, avec une augmentation de 18 % pour les pays IDA, dont la dette totale s’élève désormais à 1 100 milliards de dollars.
Malgré une légère baisse des taux d’intérêt, ils restent bien au-dessus des niveaux pré-pandémie, rendant les emprunts encore plus coûteux. La Banque mondiale continue d’améliorer la transparence des données sur la dette, avec 70 % des pays IDA publiant désormais leurs données de manière accessible, contre 50 % en 2020, un progrès encourageant pour renforcer la confiance et attirer de nouveaux investissements.