Le porte-parole du gouvernement du Burkina Faso Rimtalba Jean Emmanuel Ouedraogo a affiché son inquiétude devant la recrudescence de « propos haineux » qui circulent sur la toile. Le drame de Nouna, dans la Bouche du Mouhoun, vers la frontière malienne, où des civils ont été tués, a conduit certains internautes à tenir des propos appelant à la haine sur les réseaux sociaux.
Burkina : Le gouvernement appelle au calme sur les réseaux sociaux face à la montée des propos haineux
Le drame de Nouna vient compliquer la mission du gouvernement burkinabè qui est beaucoup tournée dans la lutte contre les jihadistes. Pour ne rien arranger, les groupes d’autodéfense en représailles à une attaque terroriste ont neutralisé une population civile qui est venue semer le désarroi au sein des communautés.
Si les condamnations d’un tel acte ont été unanimes, on assiste de plus en plus à une transposition de cette barbarie sur les réseaux sociaux où certains internautes tiennent des propos haineux allant jusqu’à des menaces de mort. C’est face à ce constat amer que le gouvernement montre son inquiétude quant à une détérioration de la cohésion sociale nationale.
“Le gouvernement regrette profondément les propos haineux ou aux relents ethnicistes constatés ces derniers temps sur les réseaux sociaux. Ces dérives se sont amplifiées depuis la survenue du drame de Nouna où environ une trentaine de nos compatriotes ont perdu la vie dans la nuit du 30 au 31 décembre 2022 et pour lequel la justice a ouvert une enquête pour élucider les circonstances”, pouvait-on lire dans le communiqué gouvernemental.
Les défenseurs des droits de l’homme et les journalistes victimes de ces propos
Toujours selon le communiqué, le gouvernement appelle la population à se départir de toute haine et violence afin de préserver la cohésion sociale et le vivre-ensemble dans le pays. Tout en invitant les personnes victimes de violences virtuelles à saisir les autorités compétentes, notamment la Brigade de lutte contre la cybercriminalité, le gouvernement souhaite mettre en garde les personnes qui se rendront coupables d’incitation à la haine.
On se rappelle que le journaliste Newton Ahmed Barry en avait fait les frais en décembre dernier suite à la coupure d’antenne d’une radio internationale dans le pays notamment RFI. Les défenseurs des droits de l’homme, eux aussi, s’inquiètent de cette violence dont ils sont aussi l’objet.
Dans un communiqué publié dimanche, le collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés explique que ses « membres font l’objet de menaces et de filage » depuis quelques jours. Pire, selon le collectif, son secrétaire général, le Dr Daouda Diallo, a échappé de peu ce week-end à une tentative d’enlèvement.
Les attaques virtuelles sont de plus en plus fréquentes au Burkina Faso. A noter que ce n’est pas la première fois que le gouvernement burkinabè appelle au calme sur les réseaux sociaux. Les drames de Yirgou et de Solhan ont également engendré ce genre de propos haineux.
Pierre Ouedraogo www.afrique-sur7.fr